Marc Creusefond : l’instituteur solidaire

A 52 ans, Marc Creu­se­fond, porque­rol­lais d’adop­tion, est un homme heureux. Président de la station depuis 2006, il ne manque pas de trans­mettre aux gamins de son école sa passion de la mer. En toute humi­lité.

« Tu n’as pas envie de faire un tour en mer. » A la ques­tion que vient de lui poser un équi­pier de la vedette SNSM, Marc Creu­se­fond n’hé­site pas. « D’em­blée, se souvient-il, j’ai répondu par l’af­fir­ma­tive.  C’était  en 96, mais je n’ai pas oublié cette jour­née mémo­rable. A la sortie du port, on m’avait déjà passé la barre. Quelques minutes plus tard on partait secou­rir  un bateau de plai­sance en feu dont l’équi­page fut évacué par héli­co­ptère. C’est comme ça que je suis rentré à la SNSM dès mon arri­vée sur Porque­rolles. » Cette île qui a su préser­ver son authen­ti­cité malgré la défer­lante des touristes durant l’été, Marc la connaît depuis l’âge de 6 ans. Gamin, il en avait déjà fait le tour à bord du bateau de son papa, un petit croi­seur, un Marau­deur, puis d’un Corsaire que toute la famille origi­naire de Saint-Dizier descen­dait sur la côte derrière la voiture. Est-il tombé amou­reux de cette perle des îles d’Or ? Diffi­cile de répondre. Mais à l’heure de passer son concours pour deve­nir insti­tu­teur, il choi­sit la région du Var pour réali­ser son rêve. Habi­ter et travailler sur l’île. Une bonne façon de donner libre cours à sa passion, la voile dont il a gravi les diffé­rentes marches jusqu’à termi­ner septième du Natio­nal 470 qu’il dispute avec son frère Jean-François.

A Porque­rolles, Marc recon­naît qu’il fait partie des privi­lé­giés. Rapi­de­ment, il s’est fait adop­ter par les Porque­rol­lais pur jus. Dans l’école laïque du village de 24 élèves où il a en charge la classe des grands et Cathe­rine, son épouse, celle des petits, il ne manque pas de trans­mettre à ses élèves sa passion de la mer en orga­ni­sant des stages de voile sur des Opti­mist qu’il fait venir depuis Hyères. Et puis, ou plutôt, il y a son enga­ge­ment auprès de la SNSM. Surtout, ne lui deman­dez pas de le justi­fier. « C’est normal de rendre service » répond-t-il, laco­nique. D’abord cano­tier, il devient patron de bord, puis en 2003 patron sur la SNS 261, le Cap d’Armes, une vedette classe 2. « Ici, elle est parfaite » précise Marc qui assume égale­ment le rôle de président de la station depuis 2006. « Avec son faible tirant d’eau, 1,20 m, ses deux moteurs turbo de 370 chevaux, nous pouvons aller déséchouer les bateaux de plai­sance-900 au mouillage en plein été- qui ne manquent pas durant les coups de mistral de chas­ser sur leurs ancres et de se mettre à la côte ». Amar­rée à deux pas de son Sprint 108 qu’il utilise durant l’été pour partir en croi­sière, la SNS 261 a le privi­lège d’être menée par des équi­piers jeunes, moyenne d’âge 30 ans. Au total, une quin­zaine d’in­su­laires où l’on relève dans le désordre un comman­dant de bateau à passa­gers, un capi­taine de yachts et des employés du Parc Natio­nal dont Peggy, repré­sen­tante de la gente fémi­nine aux côtés d’Hé­lène et Virgi­nie.

Marc a su créer au sein de la station une super ambiance. Pour preuve, pour réali­ser la photo de famille, il avait rassem­blé en quelques minutes l’équi­page dont certains, Tris­tan Rossi et Sébas­tien Jorga, avaient parti­cipé aux côtés de Marc aux recherches pour tenter de retrou­ver le 29 octobre 2011 le petit Pierre Barnes, disparu sur l’île de Porque­rolles.

Marc Creu­se­fond aime rappe­ler que son job, « c’est d’en­fi­ler les combi­nai­sons orange et d’y aller. Bien sûr, on souhai­te­rait que ce soit toujours pour un sauve­tage. Mais nous devons aussi assu­mer une mission de service public ».