Nouvelle flotte : naissance de la première coque

Tout douce­ment, la grue extrait du moule un objet parfai­te­ment lisse et brillant, un beau bébé de 4 tonnes et 17 mètres de long. C’est la première coque de NSH1, le navire de sauve­tage hautu­rier le plus grand de la nouvelle flotte des Sauve­teurs en Mer .

Réalisation de la première coque de bateau de la nouvelle flotte de la SNSM
Démoulage de la première coque de NSH1, la nouvelle flotte de la SNSM sur le chantier Couach le 17 décembre 2020 © Claude Weber

Vision­nez ci-dessous la vidéo du démou­lage de la première coque de NSH1, le nouveau navire de sauve­tage des Sauve­teurs en Mer :

Deux nervures très marquées intriguent. L’ar­chi­tecte, Frédé­ric Neuman, explique qu’un deuxième « redan »* a été ajouté après calculs en bassin de carènes numé­riques**, pour que le compor­te­ment dans les vagues soit opti­mal, aussi bien quand elles poussent le bateau de l’ar­rière, que quand il les affronte de face.

Les essais étaient virtuels, comme les plans sont numé­riques. Ils ont servi au sous-trai­tant spécia­lisé AMC (Atlan­tique moulage compo­site), à usiner la forme de la coque dans du poly­sty­rène avec une machine à cinq axes. Un moule parfai­te­ment rigide et lisse a été réalisé dans ce bloc.

Réalisation de la première coque de bateau de la nouvelle flotte de la SNSM
Démou­lage de la première coque de NSH1, la nouvelle flotte de la SNSM sur le chan­tier Couach le 17 décembre 2020 © Claude Weber

Au chan­tier Couach, maître d’œuvre retenu pour la construc­tion de toute la nouvelle flotte de la SNSM, ce moule a été garni de couches succes­sives. Sur le gelcoat (la peau exté­rieure) sont venus s’ajou­ter tissus de verre et renforts longi­tu­di­naux. Coulés dans la masse, ils assu­re­ront résis­tance et durée de vie à ces bateaux qui ont été conçus pour une durée de vie de 40 ans (30 ans pour la flotte actuelle). Ceci n’est pas accom­pli par des ouvriers passant la résine au rouleau, mais grâce à des bâches trans­pa­rentes étanches et une quan­tité de petits tuyaux évoquant une BD de science-fiction. Le vide a été fait entre le moule et les bâches, et la coque a tout douce­ment été injec­tée de résine jusque dans le moindre recoin. Cette « infu­sion » a duré 12 heures.

Bâches transparentes étanches pour infuser le première coque du nouveau bateau de sauvetage de la SNSM tuyaux évoquant une BD de science-fiction
Tissus de verre et renforts longi­tu­di­naux sur le gelcoat posé sur la coque du futur bateau de la SNSM © Bruno Sand

Fréde­ric Neuman, comme Gérard Rivoal, chef d’or­chestre de ce grand programme à la SNSM, sont impres­sion­nés par le savoir-faire et la qualité de réali­sa­tion du chan­tier de Gujan-Mestras, près d’Ar­ca­chon. Jean-Jacques Tous­saint, chef de projet chez Couach, précise que tous les ingré­dients de la coque ont été pesés et que le résul­tat final sera pesé à son tour. Le respect du devis de masse est le « nerf de la guerre » pour qu’un bateau soit bien dans ses lignes.

Les futurs utili­sa­teurs ont été conviés au démou­lage. Huit sauve­teurs ont fait l’al­ler-retour dans la jour­née, depuis la station de L’Her­bau­dière (Noir­mou­tier), qui dispo­sera de ce navire tête de série, après les essais opéra­tion­nels prévus cet été. Malgré la COVID, le retard est limité à envi­ron trois mois. « Les 50 membres de la station seraient bien tous venus pour l’oc­ca­sion », commente Noël Meunier, le président qui en est à son quatrième dépla­ce­ment en tant que membre de l’équipe de programme. Ainsi asso­cié à la concep­tion géné­rale avec d’autres repré­sen­tants des sauve­teurs, il peau­fine avec eux l’er­go­no­mie du pont et de la passe­relle sur une maquette gran­deur réelle. Quels équi­pe­ments pour quel poste ? A quels empla­ce­ments ? Les échanges sont intenses ! Mais le président est très satis­fait que des marins aux expé­riences et lieux d’exer­cice divers soient consul­tés. Il se sent très respon­sable à l’égard des autres stations qui seront dotées du bateau ainsi mis au point.

Sauveteurs de la SNSM et techniciens du chantier Couach devant la première coque de bateau de la nouvelle flotte de la SNSM
Sauve­teurs de la SNSM de l’Her­bau­dière devant la première coque de bateau de la nouvelle flotte de la SNSM sur le chan­tier Couach, le 17 décembre 2020 © Claude Weber

Huit commandes de NSH1 sont prévues dès récep­tion de la tête de série pour fin 2021 pour ensuite passer à un rythme de croi­sière de 2 à 4 par an. Il essaye aussi de penser aux futurs sauve­teurs qui seront à la barre dans 10, 20, ou 40 ans. 

J.-C. H.

* Décro­che­ment qui permet à la coque de s’élar­gir et de s’ap­puyer mieux sur l’eau dans certaines circons­tances.

**Bas­sin simu­lant courants et vagues où on peut étudier le compor­te­ment d’une maquette de bateau.