Phénomène des baïnes et recommandations pour ne pas se laisser entraîner par ces courants

Les courants de baïne ou bâche au bord de la mer peuvent être très dange­reux car ils éloignent les nageurs du rivage. Les Sauve­teurs en Mer vous en disent plus sur leur forma­tion, comment les repé­rer et ce qu’il faut faire si l’on est pris au piège.

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Photo : Sonia Schuller Bourdon

Qu’est-ce qu’un courant de baïne ou bâche ? 

Première précau­tion de syntaxe : si le terme baïne tend à s’im­po­ser dans le milieu nautique, il est utilisé histo­rique­ment dans le Sud-Ouest, où il signi­fie “petite bassine”. On parle de “bâche” dans le Nord de la France ou de “poul­dour” en Bretagne. Pour plus de simpli­cité, nous repren­drons dans cet article le mot “baïne”.

Une baïne, c’est donc une bassine, un trou dans le sable formé le long de la plage sur une largeur très variable. Ce peut être des cuvettes ou des flaques dans lesquelles les enfants aiment patau­ger (car l’eau stagne et peut y être plus chau­de…) tandis que certaines peuvent faire des dizaines ou des centaines de mètres de longueur, voire plusieurs kilo­mètres. On peut les voir à marée basse lorsqu’elles sont près de la plage. 

Le prin­cipe est assez simple : lorsque de l’eau rentre dans la baïne, elle finit par débor­der lorsqu’elle est pleine, sous l’ef­fet des vagues et de la marée. C’est à ce moment que se crée un fort courant de sortie de baïne, ou courant d’ar­ra­che­ment. La mer se retire du trou et entraîne les nageurs vers le large. Même un très bon nageur ne peut y résis­ter et il s’épui­sera inuti­le­ment à essayer !

Quand se forment les courants de baïnes ? 

Il n’y a aucune règle clai­re­ment établie. Les baïnes peuvent se remplir lorsque la marée est  montante ou descen­dante ou sous l’ef­fet de vagues défer­lantes laté­rales. La topo­gra­phie peut égale­ment jouer sur le moment et la vitesse de remplis­sage. Le courant se crée quand la cuvette est trop pleine et doit débor­der. Qu’on ait l’im­pres­sion de bien connaître la plage parce que l’on y vient depuis 20 ans ne change rien : on ne sait jamais exac­te­ment quand et à quelle vitesse le phéno­mène peut se produire. 

Où se forment les courants de baïnes ?

On ne peut pas préci­sé­ment prévoir où les baïnes se forment et donc la zone du courant d’ar­ra­che­ment qui peut en résul­ter. Leur posi­tion est variable en fonc­tion de la saison, de l’ac­tion conju­guée de la mer et du vent ou encore de la présence à proxi­mité d’un estuaire, de son débit, etc. Même si l’on fréquente une plage depuis des années, l’en­droit où la baïne peut se former n’est jamais forcé­ment le même. 

Comment repé­rer les baïnes ?

Il faut faire atten­tion aux cuvettes et aux flaques, notam­ment celles où les enfants s’amusent à marée basse. Une fois la marée montante, celle-ci va remplir et cacher le trou : la mer paraît ici assez calme, mais ce calme peut au contraire masquer un courant de sortie. Même si cela peut paraître contre-intui­tif, il faut donc plutôt se baigner dans les vagues, et bien entendu dans la zone de bain déli­mi­tée par les sauve­teurs. 

Où trouve-t-on des courants de baïnes en France ? 

Prin­ci­pa­le­ment dans les fonds sableux des côtes de l’At­lan­tique et de la Manche, mais égale­ment en Médi­ter­ra­née. Même si l’ef­fet marée y est moindre, des rete­nues d’eau peuvent se créer au gré des rochers ou d’élé­ments non-natu­rels (digues) et créer des courants de sortie équi­va­lents. Les embou­chures de rivière peuvent aussi favo­ri­ser la créa­tion de bancs de sable ou les dépla­cer, créant ainsi des baïnes. Il est impor­tant de rester humble et vigi­lant : leur posi­tion est par nature toujours mouvante. 

Quelles sont les bonnes pratiques à respec­ter pour ne pas se lais­ser entraî­ner par ces courants ?

Les baïnes engendrent deux types de risque. Le premier est de se faire empor­ter au large si l’on est pris dedans. Ensuite, si la marée est descen­dante, on peut égale­ment risquer de se faire coin­cer sur un banc de sable, entre la baïne et la plage, et ne plus parve­nir à rega­gner le bord. (voir schéma). 

Voici les recom­man­da­tions des Sauve­teurs en Mer de la SNSM : 

  • Baignez-vous toujours sur une plage surveillée et dans les zones de baignade. Cette zone est déli­mi­tée par des drapeaux rouges et jaunes, dans le cas des plages dange­reuses dont la confi­gu­ra­tion peut se modi­fier sous l’ac­tion des marées et des courants, comme sur les plages des Landes ou de la Côte Basque.
  • Avant d’al­ler à l’eau, rensei­gnez-vous au poste de secours au sujet de la présence éven­tuelle de courants. Regar­dez s’il y a des panneaux sur la plage 
  • Respec­tez les consignes données par les couleurs des drapeaux sur la plage
  • Préve­nez un proche que vous partez nager et donnez une durée approxi­ma­tive pour votre baignade.  En cas de retard inquié­tant, vos proches pour­ront déclen­cher les secours.
  • Restez dans votre zone d’évo­lu­tion : le débor­de­ment de la baïne va dans un premier temps créer un courant laté­ral qui peut vous entraî­ner vers le large. Il est pour cela impor­tant lorsque l’on part nager de prendre un repère visuel fixe à terre (un rocher, un bâti­ment, un arbre, son para­sol…) afin de remarquer que l’on se déporte vers la droite ou la gauche et de reve­nir vers son point de repère si c’est le cas.  
  • Si vous vous retrou­vez pris.e dans un courant de baïne, il ne faut surtout pas cher­cher à nager à contre-courant. Lais­sez-vous porter par les flots, sans paniquer, tout en atti­rant l’at­ten­tion des personnes sur la plage ou d’autres pratiquants de la mer (surfeurs, plan­chistes, etc.). Nagez paral­lè­le­ment à la plage puis rejoi­gnez la côte quand vous vous trou­ve­rez dans des eaux avec moins de courant ou des vagues pour vous rame­ner à terre. 
  • Lorsque vous vous lais­sez empor­ter, gardez la tête hors de l’eau, appe­lez à l’aide et faites des signaux pour vous faire repé­rer par un nageur, un surfeur à proxi­mité ou par les sauve­teurs sur la plage.