Alain Bernard au contact des jeunes avec la SNSM

Triple médaillé olym­pique aux Jeux de Pékin, premier nageur de l’his­toire à faire moins de quarante-sept secondes au 100 mètres nage libre, Alain Bernard est sorti défi­ni­ti­ve­ment des bassins de compé­ti­tion en 2012. Vice-président du Cercle des nageurs d’An­tibes, membre du comité direc­teur de la Fédé­ra­tion française de nata­tion, il partage désor­mais son exper­tise avec les jeunes géné­ra­tions. Il se bat aussi pour faire recu­ler le drama­tique bilan des noyades en France. Un enga­ge­ment qui l’a poussé à soute­nir l’ac­tion de la SNSM et de ses nageurs sauve­teurs.

Alain Bernard
Alain Bernard n’est jamais très loin des bassins d’Antibes (désormais équipés de caméras sous l’eau pour parfaire la technique de nage lors des entraînements) © Marjorie Biran

Vous avez mis fin à votre carrière de spor­tif de haut niveau en 2012. L’adré­na­line de la compé­ti­tion ne vous manque-t-elle pas ?

Non, j’étais conscient que tout a une fin. J’ai pris cela comme une sorte de libé­ra­tion, d’au­tant plus qu’il s’agis­sait d’un arrêt maîtrisé, pas d’une sortie subie sur bles­sure. Au cours de ma carrière de spor­tif, j’ai nagé plus de 50 000 kilo­mètres. Aujour­d’hui, je conti­nue de nager, mais unique­ment pour le plai­sir ! Et puis je ne me suis pas complè­te­ment éloi­gné des bassins. Je m’in­té­resse à tout l’éco­sys­tème de la nata­tion, de l’entraî­ne­ment connecté des nageurs à l’archi­tec­ture des piscines, avec un projet qui permet­tra aux petites collec­ti­vi­tés locales de déployer, à moindre coût, un bassin de 25 mètres et quatre couloirs.

Vous serez parrain de la promo­tion nageurs sauve­teurs 2021–2022 de la SNSM. Pourquoi avoir endossé ce rôle ?

C’est un enga­ge­ment qui me touche. Nous avons de la chance, en France, de possé­der des moyens de secours perfor­mants, à terre comme en mer. Soute­nir la SNSM et parti­ci­per à son rayon­ne­ment en tant qu’an­cien spor­tif de haut niveau me paraît d’au­tant plus natu­rel qu’il s’agit d’une asso­cia­tion finan­cée par des dons privés, et que les sauve­teurs sont des béné­voles qui risquent leur vie pour sauver celle des autres. Le drame des Sables d’Olonne est là pour nous rappe­ler que cet enga­ge­ment est loin d’être anodin. En plus, la SNSM, avec ses nageurs sauve­teurs, inter­vient sur une théma­tique qui me tient parti­cu­liè­re­ment à cœur, les noyades.

Dans la vidéo ci-dessous, décou­vrez les conseils d’Alain Bernard pour nager en toute sécu­rité !

Il est incon­ce­vable que, de nos jours, la noyade soit la première cause de décès par acci­dent de la vie courante chez les moins de 25 ans. C’est la raison qui m’a poussé à parti­ci­per au plan Aisance Aqua­tique lancé, en avril 2019, par le minis­tère des Sports pour apprendre aux jeunes enfants, dès la mater­nelle, à acqué­rir les bons réflexes dans l’eau. Nous avons les moyens d’em­pê­cher les noyades par la préven­tion, par l’ap­pren­tis­sage des gestes de premiers secours et par une bonne connais­sance du compor­te­ment à adop­ter si l’on est témoin d’un événe­ment de ce type. Il est, par exemple, essen­tiel pour les plai­san­ciers de connaître le numéro des secours en mer – le 196 – pour gagner du temps.

Décou­vrez la vidéo « Se baigner en toute sécu­rité » du minis­tère des Sports :

Initia­le­ment, je devais être parrain de la promo­tion des nageurs sauve­teurs 2020–2021. Avec la crise sani­taire, il nous a semblé préfé­rable de repor­ter d’un an ce parrai­nage, pour pouvoir les suivre et les rencon­trer faci­le­ment, tout au long de l’an­née. 

Alain Bernard sur un bateau à Théoule sur Mer
Alain Bernard, à bord de la vedette SNS 221 Nicole Dassault, a rencon­tré en été 2020 les sauve­teurs de Théoule-sur-Mer © Marianne Cossin

La ministre délé­guée aux Sports, Roxana Mara­ci­neanu, s’inquiète de l’im­pact de la ferme­ture des piscines pour les écoliers en raison de la crise sani­taire. Parta­gez-vous cette préoc­cu­pa­tion ?

Effec­ti­ve­ment, il va falloir que les parents redoublent de vigi­lance. Au bord des piscines privées natu­rel­le­ment – et, dans le dépar­te­ment des Alpes-Mari­times, nous en avons beau­coup –, mais aussi au sein des piscines publiques et au bord de la mer. Les maîtres-nageurs ou les nageurs sauve­teurs ne sont pas là pour faire de la garde­rie. Il faut être bien conscient qu’en été, en période d’af­fluence, quand les piscines ou les plages sont noires de monde, on ne peut lais­ser des enfants au bord de l’eau sans surveillance. Quant aux adultes, je leur dirais qu’il ne faut pas présu­mer de ses forces mais connaître ses limites. Quand, par jeu, on se fixe l’objec­tif de la bouée des 300 mètres, il ne faut pas oublier qu’il y a le retour !

Dans une vidéo enre­gis­trée pour Graines de Sauve­teurs1, je raconte aux enfants qu’à 23 ans, j’ai failli me noyer en faisant du surf dans les Landes, à cause des courants. Et, pour­tant, je venais d’être sélec­tionné pour les cham­pion­nats d’Eu­rope de nata­tion ! La nature est toujours plus forte que nous.

Passionné d’aé­ro­nau­tique, vous possé­dez votre brevet de pilote privé depuis 2010, avez volé avec la Patrouille de France et êtes le parrain de l’Équipe de voltige de l’Ar­mée de l’air. La navi­ga­tion en mer ne vous tente-t-elle pas ?

Si, bien sûr, j’ap­pré­cie les sorties en mer, mais le permis bateau est le seul que je n’ai pas ! C’est d’ailleurs un projet que je vais concré­ti­ser dès que l’on sortira de cette crise sani­taire. En atten­dant, j’ai été solli­cité par la préfec­ture mari­time de la Médi­ter­ra­née pour parti­ci­per à un exer­cice d’hé­li­treuillage en baie d’Hyères. Ce sera pour moi l’oc­ca­sion de décou­vrir toute la chaîne de secours et sa gestion par le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) Médi­ter­ra­née.

1– www.grai­nes­de­sau­ve­teurs.com est un site lancé par la SNSM, grâce au soutien de la MAIF, dans le cadre de sa 
mission de préven­tion auprès d’un public fami­lial

Article rédigé par Marjo­rie le Biran, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°156 (2ème trimestre 2021)