Des pêcheurs espagnols victimes d'une voie d'eau

Ils pêchaient des pouces-pieds, la mer les a jetés sur les rochers. Leur embar­ca­tion était en train de couler.

Vedette de 1ere classe SNS 142 la teignouse
La "Teignouse" est une vedette de 1ère classe de nouvelle génération, construite en 2002 par le chantier Bernard de Locmiquélic ©JM Liot

A priori, une inter­ven­tion clas­sique : deux hommes en grande diffi­culté, à bord d’un semi-rigide baptisé Maribel, en train de couler, dans le sud-ouest de l’île de Houat. Ce 10 décembre 2018, à 22 h 30, les sapeurs-pompiers du centre opéra­tion­nel dépar­te­men­tal d’in­cen­die et de secours (CODIS) reçoivent l’ap­pel depuis un télé­phone portable, réper­cuté au centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) d’Étel, lequel alerte la station SNSM de Quibe­ron (Morbi­han).

Le temps de réunir l’équi­page et la vedette SNS 142 La Teignouse prend la mer, direc­tion Houat, tandis que l’hé­li­co­ptère de la protec­tion civile, Dragon 56, est mobi­lisé à son tour.

Spor­tif, voire, dange­reux

Le Lynx, un bâti­ment-école de la Marine natio­nale, qui se trouve à dix minutes, dépêche une de ses annexes pour secou­rir les deux naufra­gés. Il s’agit de deux marins pêcheurs espa­gnols, en combi­nai­son de plon­gée. De toute évidence, ils se livraient à la pêche aux pouces-pieds, dans cette région de l’At­lan­tique où on en trouve en quan­tité. Le pouce-pied est un petit crus­tacé à pédon­cule charnu et court, qui vit en grappes sur les rochers. Le plus souvent sur des falaises diffi­ci­le­ment acces­sibles, battues par les vagues. Sa récolte est spor­tive, voire dange­reuse. Elle est régle­men­tée et seule­ment ouverte du 15 janvier au 15 mars et du 15 septembre au 15 novembre. Sa chair est parti­cu­liè­re­ment prisée par les Espa­gnols et les Portu­gais. Ce qui explique la présence, ce soir-là, des deux Espa­gnols sur les lieux de pêche.

Semi-rigide rouge remorqué par les Sauveteurs en Mer de Quiberon
« Le Mari­bel » – en très mauvais état – a été remorqué par la SNS 142 jusqu’à Quibe­ron

Peu bavards

Sauvés par les hommes de la Marine natio­nale, les deux Espa­gnols, parti­cu­liè­re­ment éprou­vés (tempé­ra­ture de l’eau à 12 °C) sont trans­fé­rés à bord de la SNS 142 La Teignouse, direc­tion Port-Maria, à Quibe­ron. Tandis que le semi-rigide, en bien mauvais état, est pris en remorque. Peu bavards, les Espa­gnols ne s’at­tardent pas sur les
circons­tances ayant endom­magé leur bateau. Mani­fes­te­ment, à plusieurs reprises, leur embar­ca­tion a été proje­tée sur les rochers, ce qui a provoqué une voie d’eau. Les gendarmes les attendent au port pour une première audi­tion, avant de les trans­fé­rer à l’hô­pi­tal de Vannes pour une nuit en obser­va­tion. Le lende­main, après avoir été enten­dus plus longue­ment par les gendarmes, les deux Espa­gnols ont, seule­ment, récu­péré le moteur hors-bord et aban­donné leur bateau comme épave.

Nos béné­voles sont entraî­nés et équi­pés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Équi­page engagé à bord de la SNS142 La teignouse

Patron : Olivier le Floch

Méca­ni­cien : Yannick Redolfi

Radio : Louis Meti­vet

Cano­tier : David Alexandre

Nageur : Michel Lopez

Article rédigé par Fran­cis Salaün dans Sauve­tage n°147 du 1er trimestre 2019