Deux personnes secourues à bord d'un voilier échoué dans le Golfe du Morbihan

Il est des lieux de navi­ga­tion très fréquen­tés où, depuis la nuit des temps, forts courants alter­na­tifs et cailloux cachés ont néces­sité un bali­sage parti­cu­liè­re­ment dense. Le golfe du Morbi­han en est un exemple signi­fi­ca­tif. C’est pourquoi le service des Phares et Balises agit pour amélio­rer la sécu­rité des navires et des équi­pages. Récit d’échoue­ment d’un voilier.

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Au niveau de la tourelle de la Truie d’Arradon, les précautions sont de rigueur pour éviter les cailloux. © SNSM Golfe du Morbihan - Gilles Le Floch

La Semaine du Golfe s’est ache­vée la veille. Les voiliers ont quitté le port de Vannes et, empor­tés par le fort courant, descendent vers la mer dans le petit matin calme. Parmi eux, Saba, un sloop – un voilier à un mât – en bois de 12 m, construit en 1964, sous grand-voile et moteur, approche la pointe d’Ar­ra­don.

Une dange­reuse seconde d’in­at­ten­tion qui mène à l’échoue­ment

« Tu veux un café ? » lance une équi­pière au barreur. « Oui, merci », répond-il en se penchant pour attra­per la tasse fumante. Choc et saut de mouton du voilier ! Une seconde d’in­at­ten­tion et le courant l’a porté direc­te­ment entre les deux balises bâbord du chenal. Second choc. Le voilier à quille longue se cale tribord sur la roche suivante, de travers au courant de mi-marée.

Pous­sée par le jusant – la marée descen­dante –, la coque gîte à 30°. L’équi­page se cale sur bâbord. Le skip­per descend à l’in­té­rieur du bateau. Rien de parti­cu­lier, les mouve­ments sont doux. « J’ai vu appa­raître des ex-voto de naufrages ! Comme nous sommes en terre bretonne catho­lique, j’ai prié un court instant et sans doute promis je ne sais quoi. Puis j’ai appelé à la VHF : « Voilier Saba échoué sur la Truie d’Ar­ra­don ! » »

Une voix a répondu immé­dia­te­ment. Tech­nique, rassu­rante. « Nous sommes sur zone dans dix minutes. »

Deux navires de la SNSM mobi­li­sés pour secou­rir les victimes

Sur le pont gîté, l’équi­page est plutôt détendu. Tandis que la flotte venue de Vannes défile et que les équi­pages commentent, le courant gronde contre la coque, qui s’in­cline de façon inquié­tante. « Un coup de main pour affa­ler la grand-voile et libé­rer la drisse ! », réclame le skip­per à son équi­pière.

Escor­tée d’un semi-rigide, une vedette SNSM arrive de Port Blanc. « Tout va bien ? », demandent les sauve­teurs. « Oui. La drisse de grand-voile est prête, avec un bout amarré au bout ! » L’équi­page du semi-rigide attrape la drisse et la mène à la vedette. Puis revient saisir un bout sur l’ar­rière du Saba.

C’est parti, coup de gîte, le rocher est fran­chi ! Saba se redresse, s’ébroue presque. Le semi-rigide retient l’ar­rière pour ne pas repar­tir sur les roches.

« Tout va bien ? Pas d’eau dans les fonds ? »

« Tout va bien. Merci ! »

Le service des Phares et Balises est en lien régu­lier avec les sauve­teurs afin d’amé­lio­rer la sécu­rité des navires et des équi­pages, car les inter­ven­tions ne sont pas toujours dues à une simple erreur d’in­at­ten­tion. Aujour­d’hui, le service des Phares et Balises, après avoir ajouté de la pein­ture réflé­chis­sante sur une grande partie du bali­sage laté­ral, a aussi remplacé la balise de chenal par une cardi­nale Nord. « Les acci­dents sont ainsi moins fréquents », précise Maurice Puget, le patron de la vedette.

Nos sauve­teurs sont équi­pés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Article rédigé par Philippe Payen diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°156 (2ème trimestre 2021)


Équi­pages enga­gés

Vedette SNS 282 Patron Alain Delau­nay

Patron : Maurice Puget

Radio : Maurice Guhur

Méca­ni­cien : Jean-Yves Le Blevec

Équi­pier : Bruno Jan

Semi-rigide SNS 5697 Président Louis Tatte­vin

Patron : Jean-René Henocq

Équi­pier : André Bonnaire