Soixante-quatre migrants sauvés par la SNSM en Guadeloupe

Le CROSS Antilles Guyane a déclen­ché un impor­tant dispo­si­tif de secours nocturne, le 22 février dernier, pour un bateau en grande diffi­culté, bloqué sur la barrière de corail au large de Sainte-Rose. Il comp­tait à son bord soixante-quatre migrants, dont cinq femmes et un bébé.

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Quatre embarcations SNSM ont été mobilisées, dont la vedette SNS 263 Fotis G. Poulides de Pointe-à-Pitre © SNSM

Vers 2 heures du matin, le Sea Lion, un navire à moteur de plus de 9 mètres, lance un appel de détresse par télé­phone, croyant être échoué à Saint-Martin. Les SNS 129 de Saint-Martin et 269 de Saint-Barthé­lemy sillonnent la zone, en vain, durant deux heures. À 4 h 27, le CROSS déclenche l’hé­li­co­ptère de la gendar­me­rie Char­lie Whisky pour une recon­nais­sance sur la Guade­loupe.

Deux heures plus tard, à 6 h 46, au lever du soleil, l’équi­page de la vedette SNS 263 Fotis G. Poulides de Pointe-à-Pitre – dont je fais partie – arrive sur zone, guidé par l’hé­li­co­ptère. Nous atten­dons l’ar­ri­vée des gendarmes de la brigade nautique de Pointe-à-Pitre avant de nous porter au contact du Sea Lion, comme l’im­posent les procé­dures, quand il s’agit de migrants qui ne sont pas en danger immé­diat. Nous consta­tons tous la situa­tion critique du Sea Lion, échoué sur la barrière de corail, à proxi­mité de l’îlet Caret. Grâce à une recon­nais­sance par le large, un gendarme et un nageur de bord de la vedette établissent un premier bilan : malgré la foule compacte sur le pont du bateau, aucun blessé n’est à déplo­rer.

L’état de la mer ne permet pas de secou­rir les naufra­gés par ce côté de la barrière. Notre vedette emprunte donc une passe de traverse, par l’in­té­rieur du lagon, pour se rendre avec précau­tion jusqu’au lieu du sinistre, dans une zone mal hydro­gra­phiée et parse­mée de patates de corail. Nous parve­nons néan­moins à nous appro­cher à une centaine de mètres.  

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Les navires de l’État ont égale­ment parti­cipé à cette opéra­tion d’en­ver­gure © D.R

À 7 h, un Zodiac de la gendar­me­rie mari­time nous rejoint et peut mouiller à cinquante mètres du navire. Une ligne de vie est établie entre le pneu­ma­tique et l’em­bar­ca­tion. Les nageurs entre­prennent de faire passer chaque naufragé jusqu’au Zodiac. Ils sont ensuite emme­nés par un autre semi-rigide, qui les répar­tit vers les navires de l’État (Affaires mari­times, pompiers, douanes, gendar­me­rie), ayant rejoint la zone.

La SNS 268 Karu­kera de Basse-Terre arrive en renfort mais ne sera fina­le­ment pas solli­ci­tée car sa mâture fixe (contrai­re­ment à la nôtre) ne lui permet pas de passer sous les deux ponts de la rivière salée pour rejoindre Pointe-à-Pitre, où se trouve le point de débarque­ment prévu pour les naufra­gés.

Cinq femmes, dont une enceinte, et un bébé sont trans­fé­rés en prio­rité sur notre unité. Nous les récon­for­tons et leur four­nis­sons bois­sons et biscuits, avant qu’elles ne soient prises en charge par le semi-rigide des douanes, qui rallie le point de débarque­ment – le grand port mari­time de la Guade­loupe – avant nous.

Cette opéra­tion d’en­ver­gure, pour une prise en charge sani­taire et sécu­ri­sée, a mobi­lisé huit embar­ca­tions dont quatre SNSM pendant plus de cinq heures : Pointe-à-Pitre, Saint-Martin et Saint-Barthé­lemy, soute­nus par Basse Terre prévu en renfort.

Nos sauve­teurs sont équi­pés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Article rédigé par Caro­line Guézille, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°156 (2ème trimestre 2021)


Équi­pages enga­gés

SNS 263 Fotis G. Poulides – Pointe-à-Pitre

Patron : Fabrice Lemes­na­ger

Nageur de bord : Chris­tophe Gras­set

Équi­piers : Josué Gerva­las, Caro­line Guezille

SNS 129 Notre-Dame-de-la- Garoupe – Saint-Martin

Patron : Tim Roosens

Sous-patron : Nico­las Marull

Équi­piers : Nico­las Obry, Nike Palaj

SNS 269 Capi­taine Danet – Saint-Barthé­lémy

Patron : Jérôme Pelle­rin

Nageurs de bord : Jean-Noël Ledee, Julien Lestin, Steeve Ruillet

Méca­ni­cien : Eric Saint-Pierre

Secou­riste : Carole Genton