Témoignage d'un sauveteur : "une noyade évitée de peu"

Sur la plage du Petit-Travers à Carnon (Hérault), la baignade était annon­cée comme « dange­reuse, mais surveillée ». Un nageur, mal préparé à ces condi­tions, a pu être sauvé in extre­mis de la noyade par des Nageurs Sauve­teurs en exer­cice sur la plage. Jérôme, chef de poste à la SNSM, raconte.


L’en­traî­ne­ment se termine par un véri­table sauve­tage pour les Nageurs Sauve­teurs

"Un entraî­ne­ment commun est prévu ce matin-là entre les sauve­teurs de mon poste de secours du Petit-Travers et ceux de la plage du Grand-Travers. Rendez-vous est fixé à 8 heures à la capi­tai­ne­rie de Carnon pour récu­pé­rer le maté­riel. Après une heure de renfor­ce­ment muscu­laire et d’exer­cices tech­niques de récu­pé­ra­tion de victime dans les vagues, nous rentrons nous réchauf­fer et nous restau­rer au poste de secours. Tout en discu­tant et en parta­geant notre repas, nos regards sont rivés sur la zone de baignade dont l’ou­ver­ture est prévue à 10 heures.

Même en dehors des heures de surveillance offi­cielle, un Nageur Sauve­teur reste condi­tion­né… Il est 9 h 40 lorsque j’aperçois un nageur trop avancé le long d’un épi où les courants sont répu­tés pour être très forts. En seule­ment quelques secondes, il se retrouve à contre-courant et fait des tenta­tives déses­pé­rées de rega­gner le bord dans un crawl anar­chique."

 

Paddle et rescue tube pour secou­rir la victime

"Je demande immé­dia­te­ment à Maxime Ledun, mon adjoint, de courir le récu­pé­rer à l’aide de ses palmes et d’une bouée tube. Je le talonne avec mes palmes, puis prend la déci­sion d’em­barquer un paddle avec moi en complé­ment. Nous voilà dans l’eau le long de l’épi, Maxime est à quelques mètres devant moi.

Violem­ment secoué par les vagues et le courant puis­sant, le nageur lâche la bouée de chenal à laquelle il se cram­pon­nait depuis quelques instants. Il se débat dans les courants et parvient de plus en plus péni­ble­ment à rester à la surface. Il trouve tout de même la force de crier à l’aide, alors que la plupart des noyades sont silen­cieuses et l’ap­pel au secours des victimes extrê­me­ment rare…"

 

Un sauve­tage compliqué

"Quelques secondes plus tard, Maxime est au contact du nageur terro­risé. J’ar­rive à mon tour et lui rapproche le paddle. Il s’y agrippe comme il peut pour main­te­nir sa tête au-dessus de la surface de l’eau. Paniquée, pâle, les yeux rougis par l’ef­fort et le sel, la victime est épui­sée. Elle a avalé de l’eau, beau­coup d’eau, et manque de vomir. Nous prenons la déci­sion de la rame­ner sur la plage en posi­tion debout plutôt qu’al­lon­gée sur le paddle, car les vagues l’au­raient submer­gée davan­tage lors du retour. Maxime se posi­tionne derrière l’homme pour le sécu­ri­ser avec sa bouée tube, tandis que – toujours sur le paddle – je retiens son poignet.

À proxi­mité du bord, nous aidons l’homme à se rele­ver et à sortir de l’eau. Nos coéqui­pières, Maëva et Lola, sont en place pour appor­ter les premiers secours à la victime et effec­tuer un bilan complet. Consciente, elle est instal­lée en posi­tion demi-assise et on lui fait inha­ler de l’oxy­gène. Le SAMU, contacté pour obte­nir un avis médi­cal, nous préco­nise de rester à proxi­mité jusqu’à ce que l’état du rescapé s’amé­liore.

Au bout de trente minutes de surveillance, ce dernier commence à reprendre ses esprits et à discu­ter avec nous. Il réalise alors qu’il a eu une chance incroyable d’avoir été secouru, alors même que le poste de secours n’était pas encore ouvert. Il nous remer­cie chaleu­reu­se­ment à plusieurs reprises et quitte la plage avec sa femme et son petit-fils pour rega­gner son domi­cile."

 

Nos béné­voles sont entraî­nés et équi­pés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois

 

D’après un témoi­gnage & un récit de Jérôme Chiclet, paru dans le Maga­zine Sauve­tage N°142

 

Poste de secours de Carnon

Chef de poste : Jérôme Chiclet

Adjoint : Maxime Ledun

Équi­pières : Lola Brocard, Maëva Gal