Vingt-et-un migrants secourus à Mayotte en pleine mer

En pleine nuit, une vaste opéra­tion de recherche et de sauve­tage a été menée à Mayotte pour porter assis­tance à vingt-et-un migrants en diffi­culté, à bord d’un kwassa, un canot de pêche como­rien. Récit d’un sauve­tage d’en­ver­gure qui a mobi­lisé de nombreux moyens, durant quatre heures.

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Le SNS 976 Tamani est intervenu de nuit pour porter assistance aux migrants en difficulté. © SNSM

Le 11 décembre 2021 vers 5 heures du matin, le poste de comman­de­ment de l’ac­tion de l’État en mer (PC AEM) de Mayotte reçoit un message « mayday relay » relayant le chavi­re­ment d’un kwassa, un canot de pêche como­rien, dans le lagon, aux abords de la pointe Sazi­ley dans le sud de l’île. Comme souvent, les infor­ma­tions sont très impré­cises. Le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) en coor­di­na­tion avec le PC AEM met immé­dia­te­ment en alerte le semi-rigide SNS 976 Tamani de la station de Dzaoudzi et deux inter­cep­teurs de la police aux fron­tières (PAF) de Petite-Terre. Les trois embar­ca­tions appa­reillent rapi­de­ment et se rendent sur zone pour effec­tuer des recherches. En paral­lèle, le CROSS cherche à enga­ger des moyens aériens qui se limi­te­ront fina­le­ment au seul héli­co­ptère de la gendar­me­rie en raison des mauvaises condi­tions météo inter­di­sant le décol­lage d’un avion léger de surveillance.

Pendant que les moyens conduisent leur recherche, le CROSS et le centre opéra­tion­nel dépar­te­men­tal d’in­cen­die et de secours (CODIS) parviennent, après cinquante minutes, à enfin établir une commu­ni­ca­tion radio avec les naufra­gés qui permet de les loca­li­ser. Le kwassa se trouve à l’in­té­rieur du lagon, entre la barrière réci­fale et l’îlot Mbouini. Les embar­ca­tions mettent alors le cap vers le secteur indiqué.

C’est à 6 heures du matin que le premier naufragé est récu­péré par un des inter­cep­teurs de la PAF, le Mwamba, ce qui permet d’ap­prendre que le canot en détresse trans­por­tait vingt-et-une personnes. Le deuxième inter­cep­teur, le Shivuli, et le Tamani rejoignent à leur tour la zone. Les trois embar­ca­tions, guidées par l’hé­li­co­ptère, commencent à récu­pé­rer les malheu­reux naufra­gés : douze survi­vants pour les deux inter­cep­teurs, et huit par le Tamani, dont trois en arrêt cardio-respi­ra­toire que les sauve­teurs tentent vaine­ment de réani­mer, pendant que des requins tigres sont repé­rés à proxi­mité.

Les trois moyens mobi­li­sés se coor­donnent ensuite pour gérer le retour à terre. Le Shivuli ramène à terre tous les survi­vants après trans­bor­de­ment des deux autres moyens, pendant que le Tamani se charge des corps sans vie, et le Mwamba du kwassa.

Cette inter­ven­tion aura été parti­cu­liè­re­ment éprou­vante pour l’équi­page du Tamani qui, une nouvelle fois, aura eu la lourde charge de rame­ner des naufra­gés décé­dés vers les services de l’iden­ti­fi­ca­tion judi­ciaire de la gendar­me­rie. « C’est malheu­reu­se­ment monnaie courante pour les sauve­teurs de Dzaoudzi à Mayotte qui, comme leurs cama­rades du Nord-Pas-de-Calais, sont confron­tés à des situa­tions humai­ne­ment très déli­cates avec la diffi­culté supplé­men­taire de devoir régu­liè­re­ment récu­pé­rer des cadavres en mer », conclut Bertrand Hudault, inspec­teur de zone Manche, mer du Nord, Outre-mer au sein de l’as­so­cia­tion des Sauve­teurs en Mer.

Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Article rédigé par Alexis Haton

 


Équi­page engagé

Semi-rigide SNS 976 Tamani

Patron : Romain Pren­veill

Nageurs de bord : Sylvain Leclere, Jérôme Sardi

Équi­piers : Maxence Gemin, Caro­line Holt­zin­ger