Violent incendie sur un yacht au large des îles d’Hyères

L’in­cen­die, le 11 août 2021, du yacht britan­nique « Reine d’Azur » a mobi­lisé une dizaine de navires, dont une vedette et un canot tous temps de la SNSM. Ils se sont parfai­te­ment inté­grés au large dispo­si­tif mis en place par le CROSS Médi­ter­ra­née, puis par la Marine natio­nale.

les pompiers, épaulés par les Sauveteurs en Mer, ont œuvré pour éteindre cet incendie
Durant de nombreuses heures, les pompiers, épaulés par les Sauveteurs en Mer, ont œuvré pour éteindre cet incendie © Grégory Celestin

Au mouillage à l’ouest de l’île de Port-Cros (Var), le yacht britan­nique Reine d’Azur prend feu le 11 août 2021, un peu avant 4 heures du matin. Sortie en 2020 du mythique chan­tier naval italien Sanlo­renzo, cette unité de luxe en maté­riaux compo­sites mesure 29 m de long.

Le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) Médi­ter­ra­née prend tout de suite la mesure du danger pour les dix occu­pants du yacht – six passa­gers et quatre marins –, mais aussi pour les envi­ron­ne­ments mari­time et terrestre. Outre la dissé­mi­na­tion de débris et de polluants en mer, en cette période de séche­resse, il faut éviter que l’in­cen­die se propage à terre et au Parc natio­nal de Port-Cros.

Engagé à 4 heures, le canot tous temps SNS 078 Bâton­nier Alphonse Grand­val quitte la station d’Hyères à 4 h 45 et arrive sur les lieux trois quarts d’heure plus tard. Le Reine d’Azur, dont les occu­pants ont été recueillis par un bateau du Parc natio­nal, a déjà rompu son mouillage sous l’ef­fet de la chaleur et dérive.

Le CROSS a aussi activé la vedette SNS 222 Patron Memin Giraudo, qui quitte la station du Lavan­dou à 4 h 15 ; mais il doit la rappe­ler à 4 h 55 pour une évacua­tion sani­taire. Un plai­san­cier au mouillage est victime d’un infarc­tus, l’ur­gence abso­lue ! Il est récu­péré, ramené au Lavan­dou à 5 h 50 et pris en charge par le SMUR à 6 heures.

La SNS 222 repart et arrive sur les lieux du sinistre à 6 h 25, avec à son bord trois pompiers du Lavan­dou. Ils vont joindre leurs efforts à ceux des deux pompiers embarqués sur le SNS 078, qui combattent le feu depuis près d’une heure.

Très vite, « la fumée inquiète et on nous demande d’éloi­gner l’épave de l’île. Nous réus­sis­sons à passer une remorque en double sur l’un des deux taquets d’amar­rage qui subsistent à l’ar­rière du yacht et nous le remorquons, tout douce­ment car il est déjà en mauvais état, pendant que le SNS 078, à l’ar­rière du  convoi, nous aide à contrô­ler sa trajec­toire », raconte Adrien Gran­day, patron suppléant de la SNS 222. Le risque de propa­ga­tion de l’in­cen­die à terre s’éloigne donc, mais la vedette reste sur place jusqu’à 13 h 10 et regagne son poste à quai à 13 h 50.

Les dix occupants du yacht ont pu être mis en sécurité
Heureu­se­ment, les dix occu­pants du yacht ont pu être mis en sécu­rité rapi­de­ment © Grégory Celes­tin
Les restes encore fumants du yacht
Les restes encore fumants du yacht britan­nique Reine d’Azur après l’in­ter­ven­tion des secours © Grégory Celes­tin

De son côté, bien qu’il n’y ait plus de flammes appa­rentes, le SNS 078, qui, outre celui des pompiers, a reçu le renfort de marins du patrouilleur de haute mer Comman­dant Birot et des marins-pompiers de la base navale de Toulon – avec le bateau-pompe La Loude –, conti­nue à trai­ter le sinistre avec un canon à mousse.

Cepen­dant, l’avant de la Reine d’Azur s’en­fonce et son naufrage appa­raît de plus en plus inexo­rable. Le SNS 078 solli­cite des instruc­tions. Il est fina­le­ment décidé, vers 13 h 15, de lui deman­der de diri­ger l’épave vers une zone où les fonds sont infé­rieurs à 50 mètres afin de faci­li­ter une éven­tuelle exper­tise ou toute inter­ven­tion néces­saire.

À 17 h 40, le SNS 078 remorque une dernière fois la coque de la Reine d’Azur en direc­tion du bâti­ment de soutien et d’as­sis­tance affrété Jason, qui prend en charge la suite des opéra­tions à 18 heures. Liberté de manœuvre à 18 h 15. Elle sera de très courte durée en raison d’une nouvelle inter­ven­tion dans un autre secteur et ce n’est fina­le­ment qu’à 20 h 35 que le canot SNSM rega­gnera le port d’Hyères.

L’épave a fini par couler le 13 août au matin, appa­rem­ment sans consé­quences graves pour l’en­vi­ron­ne­ment du fait des mesures préven­tives prises par la Marine dès le 11 août.


Une inter­ven­tion d’une rare ampleur

 

« En vingt-deux ans de SNSM, je n’avais jamais eu à faire face à un incen­die, explique David Dalmasso, patron du SNS 078mais nous n’avons pas rencon­tré de diffi­cul­tés majeures si ce n’est que nous n’avions ni équi­pe­ments indi­vi­duels pour l’in­cen­die, ni assez de mousse, notre équi­pe­ment étant destiné avant tout à des missions de sauve­tage en mer. Heureu­se­ment, les pompiers que nous avons embarqués en arri­vant à Port-Cros en étaient pour­vus. J’ai géré les opéra­tions jusqu’à 8 heures, à l’ar­ri­vée du capi­taine des pompiers d’Hyères, qui a pris le comman­de­ment des opéra­tions. »

Dans la jour­née, le SNS 078 a reçu le renfort de l’équi­page du Comman­dant Birot. «  Ils ont pris le relais des pompiers du SDIS 83 et nous ont apporté un soutien logis­tique avec de la mousse extinc­trice pour trai­ter l’in­cen­die et une grosse moto­pompe », ajoute Patrick Pauzet, patron suppléant du SNS 078.

À partir du moment où l’in­ter­ven­tion a pris de l’am­pleur, la préfec­ture mari­time et la Marine ont pris direc­te­ment le comman­de­ment des opéra­tions. Le remorqueur Jason est égale­ment arrivé en soutien et a complété l’avi­taille­ment du canot tous temps.

«  Les grosses inter­ven­tions de ce type sont rares, pour­suit Patrick Pauzet. Sur zone, il y avait, outre la SNSM, le Comman­dant Birot, le Jason, la gendar­me­rie mari­time, le Parc natio­nal de Port-Cros, les marins-pompiers de Toulon, un héli­co­ptère des douanes, un autre de la Mari­ne… Une belle opéra­tion de coopé­ra­tion dans un envi­ron­ne­ment hostile », résume Patrick Pauzet.


Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Article rédigé par Domi­nique Malé­cot, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°159 (1er trimestre 2022) 

 


Équi­pages enga­gés

Canot tous temps SNS 078 Bâton­nier Alphonse Grand­val (Hyères)

Patron : David Dalmasso

Sous-patron : Grégory Celes­tin

Patron suppléant : Patrick Pauzet

Radio : Ludo­vic Risa­cher

Équi­piers : David Dalmasso, Laurent Dartey­ron, Jean-Charles Théve­net

Vedette 2e classe SNS 222 Patron Memin Giraudo (Le Lavan­dou)

Patron suppléant : Adrien Gran­day

Équi­piers : Philippe Devil­liers, Chris­tine Labarre, Anthony Richez, Roland Sturni