Des bateaux à la dérive dans une mer formée à Villefranche-sur-Mer

Les Sauve­teurs en Mer de la station SNSM du Cros-de-Cagnes ont porté secours à deux bateaux prison­niers à la dérive dans une mer formée le vendredi 15 juillet 2016.

Vendredi 15 juillet. Il est minuit passé de quelques minutes. L’équi­page de la SNS 272 Margue­rite VI de la station SNSM du Cros-de-Cagnes est de retour à sa base après avoir effec­tué la surveillance du feu d’ar­ti­fice de Saint-Laurent-du-Var.

Tout le monde s’ap­prête à rentrer quand le CROSS MED sonne l’alerte. Un yacht de 17 mètres est en diffi­culté au milieu de la baie de Ville­franche-sur-Mer, sa ligne de mouillage prise dans celle d’un voilier. Les deux embar­ca­tions dérivent vers le large, le plai­san­cier affolé demande une assis­tance rapide.

La SNS 272 appa­reille avec un équi­page renforcé. Sur zone, le yacht moné­gasque main­tient en tension un voilier vide de tout occu­pant, les voiles battantes. Des équi­piers sont trans­fé­rés sur chaque navire pour opérer une manoeuvre déli­cate, en raison d’un vent force 6 et d’une houle de plus en plus impor­tante.

Sur le voilier, le cano­tier trans­bordé confirme l’im­pos­si­bi­lité de remon­ter la ligne de mouillage. Tout est coincé. Sur le yacht, malgré un guin­deau consé­quent, l’autre cano­tier ne peut rame­ner à bord l’ancre parti­cu­liè­re­ment impo­sante prise dans la chaîne du voilier. L’en­semble est bloqué sous l’étrave du yacht et inac­ces­sible depuis le bord.

Envoyer le zodiac à la proue du yacht est une option très vite aban­don­née en raison de la météo et du poids supposé de l’ancre. Le patron Gil Rochette opte donc pour un posi­tion­ne­ment pointe à pointe avec le yacht pour déso­li­da­ri­ser les mouillages des deux embar­ca­tions. Après plusieurs tenta­tives d’ap­proche, trois équi­piers parviennent à rame­ner les ancres sur l’avant de la vedette et démêlent les chaînes des deux navires.

Le yacht retrouve sa liberté de manoeuvre et en profite pour gagner rapi­de­ment un mouillage plus abrité au fond de la baie.

Sur le voilier, malgré tous les efforts du cano­tier il est toujours impos­sible de remon­ter les dizaines de mètres de chaîne. L’em­bar­ca­tion se rapproche désor­mais dange­reu­se­ment de la côte.

Déci­sion est prise de sacri­fier la chaîne au profit de la pioche désor­mais à bord de la SNS 272. L’opé­ra­tion est réali­sée en moins d’une minute à l’aide d’une meuleuse élec­trique porta­tive.

Il ne reste plus qu’à prendre en remorque le voilier et faire route vers le port de Ville­franche. A quai aux alen­tours de 2 h du matin, le convoi accoste à couple d’un voilier au quai d’ac­cueil. Les proprié­taires sortent hagards sur le pont ; ils ont eux aussi perdu leur mouillage et se sont réfu­giés pour la nuit dans le port. Nuit agitée pour les plai­san­ciers en cette mi-juillet.

La mission est presque termi­née. Il faut main­te­nant récu­pé­rer l’équi­pier resté sur le yacht réfu­gié dans une anse proté­gée. La manoeuvre sera malgré tout déli­cate. Les deux navires dansent dans deux mètres de creux.

L’équi­page de la SNS 272 enfin au complet, cap est mis sur Cros-de-Cagnes dans une mer parti­cu­liè­re­ment cassante. Mais, en ce 15 juillet 2016, de sinistres nouvelles arrivent sur les télé­phones de l’équi­page. Les yeux fixés sur le rivage, les sauve­teurs du Cros traversent la Baie des Anges. Ils regagnent leurs foyers vers 4 h. Ils appren­dront le lende­main que l’un des leurs était sur la « Prom ». Gianni, par chance épar­gné, a parti­cipé aux premiers secours auprès des victimes durant plus d’une heure.

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Article de Marjo­rie Biran, paru dans le Maga­zine Sauve­tage n° 138 (4e trimestre 2016).

 

Équi­page de la SNS 272

Patron : Gil Rochette

Patron suppléant : Alain Dutriaux

Cano­tiers : Richard Bories, Daniel Narcy, Aman­dine Aigouy, Pierre Rochette, Didier Colom­bel, Céline Tonin