Dix ans que Total est avec la SNSM

Le 8 décembre 2017, au Salon nautique de Paris, la Fonda­tion Total a signé le renou­vel­le­ment de son soutien à la SNSM à hauteur de 5,4 millions d’eu­ros sur trois ans. Prin­ci­pal mécène de la SNSM depuis dix ans déjà, le groupe accom­pagne les Sauve­teurs en Mer pour leur permettre de profes­sion­na­li­ser toujours plus leur travail et déve­lop­per des maté­riels inno­vants. À l’oc­ca­sion de ce soutien renou­velé, Patrick Pouyanné, président-direc­teur géné­ral du groupe Total, fait avec nous le bilan de ce parte­na­riat de longue date et évoque l’ave­nir commun de nos deux orga­ni­sa­tions.

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Patrick Pouyanné, 53 ans, président-directeur général du groupe Total depuis décembre 2015. ©Total

Patrick Pouyanné, vous êtes à la tête du premier groupe indus­triel français avec près de cent mille colla­bo­ra­teurs, dans cent trente pays. Que repré­sente, pour vous et ces colla­bo­ra­teurs, votre enga­ge­ment auprès des Sauve­teurs en Mer ?

Patrick Pouyanné : La SNSM est avant tout pour moi un modèle de soli­da­rité unique : des femmes et des hommes qui font preuve d’un dévoue­ment hors du commun en portant béné­vo­le­ment assis­tance. C’est un enga­ge­ment exem­plaire, et nous sommes fiers de soute­nir la SNSM depuis main­te­nant dix ans. La force de la soli­da­rité est en effet une des cinq valeurs du groupe.

Ce parte­na­riat est né de la volonté de renfor­cer notre ancrage local et notre dialogue avec les gens de mer. La mer et le litto­ral accueillent bon nombre de nos implan­ta­tions et j’es­time que nous avons une respon­sa­bi­lité vis-à-vis de ces terri­toires. Nous voulons contri­buer à leur déve­lop­pe­ment, par nos acti­vi­tés comme par des actions d’in­té­rêt géné­ral. Pendant ces dix années, nous avons construit ensemble les moda­li­tés concrètes de ce parte­na­riat. Si l’his­toire conti­nue, c’est parce qu’elle nous enri­chit mutuel­le­ment et que nous parta­geons des valeurs fortes telles que la soli­da­rité, la sécu­rité, le goût de la perfor­mance.

La SNSM est avant tout pour moi un modèle de soli­da­rité unique : des femmes et des hommes qui font preuve d’un dévoue­ment hors du commun.

La sécu­rité est notre valeur phare et nous savons bien, comme vous, qu’elle est l’af­faire de chaque instant. Nous avons déve­loppé une exper­tise en matière de sauve­garde des personnes, en parti­cu­lier en mer puisqu’une part impor­tante de notre person­nel y est expo­sée. Il est donc natu­rel de nous enga­ger pour contri­buer à réduire le nombre de bles­sés et de morts sur la mer. Nous avons aussi en commun le goût de la perfor­mance. Nous savons que la passion du métier ne permet ni approxi­ma­tion ni amateu­risme, qu’elle doit donc se doubler de l’ex­cel­lence.

Tout au long de ces dix années, vous avez aidé la SNSM à rele­ver ses défis en matière de forma­tion, d’en­tre­tien et de renou­vel­le­ment de la flotte. Quelles inflexions souhai­tez-vous appor­ter à votre parti­ci­pa­tion pour les trois prochaines années ?

P.P. : Un anni­ver­saire, c’est toujours l’oc­ca­sion de faire le bilan ! Celui de notre parte­na­riat est riche. La moder­ni­sa­tion des équi­pe­ments a eu un effet boule de neige sur la profes­sion­na­li­sa­tion et l’or­ga­ni­sa­tion de la SNSM. L’har­mo­ni­sa­tion des équi­pe­ments a entraîné une harmo­ni­sa­tion des forma­tions et des pratiques là où, aupa­ra­vant, il y avait une juxta­po­si­tion de centres auto­nomes. Notre accom­pa­gne­ment s’est aussi traduit par des trans­ferts de savoir-faire : gestion finan­cière, suivi des béné­voles, meilleure visi­bi­li­té… Aujour­d’hui, la SNSM est arri­vée à une nouvelle matu­rité. Il convient donc de donner un nouvel élan à notre parte­na­riat, d’au­tant que le contexte a évolué.

Aujour­d’hui, la plai­sance et les loisirs nautiques génèrent l’es­sen­tiel des inter­ven­tions, alors que les sorties pour la pêche et le commerce ont dimi­nué. Les exigences sont aussi de plus en plus fortes en matière de respon­sa­bi­lité pénale.

L’enjeu pour nous est de conti­nuer à épau­ler la SNSM sur la voie de la profes­sion­na­li­sa­tion, tout en l’ai­dant à conser­ver ce qui fait sa force : la soli­da­rité. Or, l’en­ga­ge­ment des jeunes est une des condi­tions de la péren­nité du béné­vo­lat. Chaque année, cinq cents nouveaux sauve­teurs doivent être formés, alors même que les nouvelles recrues sont de plus en plus éloi­gnées du monde de la mer et de ses valeurs. La forma­tion des jeunes sauve­teurs sera donc une prio­rité de notre mécé­nat.

Cela rejoint par ailleurs l’un des fils direc­teurs de la Fonda­tion Total : l’ac­tion en faveur de la jeunesse. La SNSM contri­bue à donner aux jeunes le sens es respon­sa­bi­li­tés et de l’en­ga­ge­ment itoyen. Au-delà des aspects tech­niques exigeants, ces forma­tions leur trans­mettent des quali­tés d’al­truisme et de travail en équipe et les orientent souvent vers des métiers de fort enga­ge­ment : sécu­rité, pompiers, mari­ne…

Au-delà de votre soutien aux jeunes et à la forma­tion, quelle place accor­dez-vous à l’in­no­va­tion ?

P.P. : L’in­no­va­tion va avec l’es­prit pion­nier de Total, et nous savons qu’il est primor­dial de la mettre au service de la sécu­rité. C’est pourquoi nous avons contri­bué au déve­lop­pe­ment d’équi­pe­ments de pointe. Équi­per les Sauve­teurs en Mer pour faire face aux condi­tions les plus sévères, c’est avant tout mieux les proté­ger dans l’ac­com­plis­se­ment de leur mission. Les nouveaux maté­riaux et les nouvelles tech­no­lo­gies (comme la géolo­ca­li­sa­tion) permettent aussi de gagner en rapi­dité d’in­ter­ven­tion et en effi­ca­cité et donc, in fine, de sauver davan­tage de vies.

La capa­cité d’in­no­va­tion de la SNSM est l’une de ses forces et il convient de la valo­ri­ser. Les inno­va­tions de la SNSM peuvent en effet béné­fi­cier à d’autres struc­tures de service public. Les marins-pompiers sont par exemple très preneurs du nouveau sac médi­cal étanche qui permet une inter­ven­tion immé­diate. Le secteur privé peut aussi
être inté­ressé. Nos plate­formes en Angola souhaitent d’ailleurs tester certaines de ces inno­va­tions.

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Des équipes de la SNSM sensi­bi­lisent les colla­bo­ra­teurs de Total aux missions de l’as­so­cia­tion ©Total

Au moment où la SNSM est soucieuse de confor­ter son modèle asso­cia­tif, quels messages souhai­tez-vous adres­ser aux béné­voles ?

P.P. : J’ai une profonde admi­ra­tion pour le courage et l’in­ves­tis­se­ment des béné­voles, et la SNSM est un modèle d’en­ga­ge­ment qu’il faut préser­ver. Nous souhai­tons rester à leurs côtés pour les aider à pour­suivre leur mission.

Le finan­ce­ment du modèle est évidem­ment le nerf de la guerre. Total n’est qu’un parte­naire, et les autres contri­bu­tions sont néces­saires. Mais réflé­chis­sons aussi à des sources de finan­ce­ment complé­men­taires : faire recon­naître la SNSM comme centre de forma­tion profes­sion­nelle et conti­nue, mieux valo­ri­ser les équi­pe­ments inno­vants.

Il me paraît aussi impor­tant que les premiers béné­fi­ciaires de la SNSM – les plai­san­ciers – s’en­gagent. De ce point de vue, nous pouvons sans doute aider la SNSM à se faire mieux connaître, par exemple en renforçant sa promo­tion dans certaines stations-service, en vendant des produits déri­vés, ou en inci­tant au don. Cela permet­trait en outre de sensi­bi­li­ser nos clients en route pour les vacances d’été.

Inter­view parue dans Sauve­tage n°143 1er trimestre 2018