Grégory Gracieux, sauveteur sur la plage de son enfance

Depuis vingt ans, il est sauve­teur sur les plages. Et, surtout, il est devenu chef de secteur d’une équipe de vingt-huit personnes sur dix-huit kilo­mètres de plage au Grau-du-Roi.

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Grégory et un collègue sauveteur en surveillance sur la plage du Grau-du-Roi. ©SNSM

Enfant, avec son frère, il construi­sait des châteaux de sable sur la plage du Bouca­net, au Grau-du-Roi (Gard). À présent, chaque été, en juillet-août, Grégory Gracieux dirige l’équipe de nageurs sauve­teurs de la SNSM. « C’est très agréable de retour­ner sur les lieux où j’ai passé toutes mes vacances en famille. Quand la propo­si­tion m’a été faite, j’ai immé­dia­te­ment sauté sur l’oc­ca­sion. C’est un endroit que j’aime, où j’ai mes repères. »

Tout a commencé il y a vingt ans. Parce qu’il voulait se rendre utile aux autres, Grégory a poussé la porte du centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) de Limoges, d’où il est origi­naire. Première étape : passer avec succès le brevet natio­nal de sécu­rité et de sauve­tage aqua­tique (BNSSA), qui consti­tue le marche­pied vers le métier de nageur sauve­teur. Au CFI, on forme chaque année plusieurs dizaines de jeunes pour surveiller les plans d’eau de la région, mais, égale­ment, des Sauve­teurs en Mer qui seront affec­tés sur les plages du litto­ral atlan­tique ou médi­ter­ra­néen.

Ça ne se refuse pas. J’ai passé des tests, et comme je n’étais pas excellent nageur, je me suis inscrit dans un club de nata­tion pour me perfec­tion­ner.

Dans le même temps, Grégory prépare son entrée à l’uni­ver­sité, en filière STAPS (sciences et tech­niques des acti­vi­tés physiques et
spor­tives), pour deve­nir prof d’édu­ca­tion physique et spor­tive (EPS). Le jeune homme prend rapi­de­ment du galon. En 1999, il devient sauve­teur quali­fié. Pour sa première année au sein de la SNSM, il est d’abord envoyé en surveillance au bord d’un lac de la région de Limoges, puis à l’île de Ré. « Tout de suite, ça m’a plu : le travail en équipe, la natu­re… » La deuxième année, il est envoyé à Pala­vas-les-Flots. La troi­sième, alors qu’il devient chef de poste, on lui propose Le Grau-du-Roi. "Un endroit que je connais depuis tout petit, ça ne se refuse pas."

En charge de six postes de secours en plage pendant deux mois

Désor­mais, chaque été, il a la respon­sa­bi­lité des dix-huit kilo­mètres de plage au Grau-du-Roi, six postes de surveillance avec pour chacun entre trois et cinq sauve­teurs, ce qui repré­sente vingt-sept personnes par jour en poste. Une orga­ni­sa­tion en lien avec Philippe Grau, président de la station SNSM de Port- Camargue et en étroite colla­bo­ra­tion avec la muni­ci­pa­lité du Grau-du-Roi.

Diri­ger une équipe réclame le sens de l’or­ga­ni­sa­tion, ce que possède mani­fes­te­ment le prof d’EPS, lequel doit faire face chaque année à un renou­vel­le­ment pour moitié, voire aux deux tiers de son effec­tif. "En défi­ni­tive, ça ne pose pas de problème, car toutes (un tiers de filles) et tous ont la volonté de servir sous les couleurs de la SNSM. Et sont formés pour ça." Quand arrive la période esti­vale, la région du Grau-du-Roi et de Port-Camargue voit débarquer des milliers de vacan­ciers atti­rés par le sable et le soleil médi­ter­ra­néens. "Sur la plage, les serviettes sont à touche-touche ! Raison de plus pour ouvrir l’œil." En d’autres termes, il faut savoir gérer la plage pour assu­rer la sécu­rité des uns et des autres. La sécu­rité, le maître mot de tous les sauve­teurs.

La SNSM distri­bue gratui­te­ment des brace­lets de plage aux enfants

« Notre vigi­lance concerne en prio­rité les enfants. Vu le grand nombre de personnes sur la plage, les plus petits ont vite fait de perdre de vue leurs parents. Il arrive très souvent que l’on soit amené à inter­ve­nir pour, dans un premier temps, les rassu­rer, puis retrou­ver papa et maman. L’an dernier, en juillet-août, nous sommes inter­ve­nus pour une centaine d’en­fants perdus. Fort heureu­se­ment tout s’est bien terminé. »

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Aux commandes d’un semi-rigide avec quelques-uns des sauve­teurs en inter­ven­tion (équi­pe­ment non contrac­tuel).

À cet égard, Grégory recom­mande pour les plus jeunes la pose d’un brace­let avec adresse et numéro de télé­phone, ce qui permet d’iden­ti­fier rapi­de­ment les enfants égarés. Ces brace­lets sont dispo­nibles gratui­te­ment dans les postes de secours de la SNSM.

Autre conseil pour les enfants : pour bien se préser­ver du soleil, il est recom­mandé de porter une casquette, des lunettes et un tee-shirt. En Médi­ter­ra­née, le soleil est parti­cu­liè­re­ment actif, il convient d’évi­ter les brûlures.

Grégory et son équipe distil­lent moult conseils lors de rencontres avec les vacan­ciers qui passent au poste de secours pour deman­der la tempé­ra­ture de l’eau. En premier lieu, le respect  du drapeau (ou flamme), qui indique l’état de la mer : verte, baignade auto­ri­sée ; jaune orange, baignade dange­reuse ; rouge, baignade inter­dite ; violette et rouge, baignade inter­dite pour cause de pollu­tion.

Comme sur la plupart des plages, le travail des sauve­teurs consiste à faire respec­ter, par les nageurs, la bande des 300 mètres, maté­ria­li­sée par une bouée.

Il y a toujours des petits malins qui présument de leurs forces et qu’il faut aller cher­cher. Et parfois, le plus déli­cat, c’est de faire coha­bi­ter voile, jet-ski et diffé­rents engins de plage, qui évoluent dans une même zone. Il faut faire preuve de péda­go­gie pour amener chacun à respec­ter l’autre.

Dans le secteur de surveillance sous la respon­sa­bi­lité de Grégory se trouve la plage de Port-Camargue Sud, un spot très prisé des amateurs de kite­surf. "L’été, ils sont très nombreux et ça entraîne parfois quelques tensions entre pratiquants. On enre­gistre un peu de casse maté­rielle, mais, fort heureu­se­ment, pas de blessé jusqu’alors."

À quarante ans, Grégory Gracieux s’ap­prête à enta­mer une nouvelle saison sur la plage de son enfance. Avec le même enthou­siasme et une forme physique opti­mum, entre­te­nue pendant tout l’hi­ver au sein du CFI de Limoges, dont il est devenu l’un des cadres forma­teurs.

Article de Fran­cis Salaün, paru dans le Maga­zine Sauve­tage n°148 (2ème trimestre 2019).