La sécurité civile, une mission d’accompagnement et de secours au cœur de la SNSM

Depuis un demi-siècle, les Sauve­teurs en Mer réalisent des opéra­tions de secours en mer et sur le litto­ral, ainsi que des missions de sécu­rité civile, sur terre et en mer. Zoom sur ces dispo­si­tifs moins connus du grand public.

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La SNSM assure la surveillance de manifestations sportives – comme ici au Tour de France –, mission désormais complétée par le soutien des populations victimes d’accidents, de sinistres ou de catastrophes. © Megan Pichon

Déjà très présente dans les actions de sécu­rité civile, la SNSM vient d’ob­te­nir du minis­tère de l’In­té­rieur l’agré­ment dit de type B qui permet d’orga­ni­ser des actions de soutien et d’ac­com­pa­gne­ment des popu­la­tions victimes d’ac­ci­dents, de sinistres ou de catas­trophes. Guillaume Turpin, inspec­teur adjoint aux nageurs sauve­teurs, connaît bien le dossier : « On n’avait pas forcé­ment la volonté de s’en­ga­ger sur ce type de missions ; mais, depuis le début de la pandé­mie, nos équipes ont été extrê­me­ment solli­ci­tées sur le terrain, à la demande des services de l’État et des collec­ti­vi­tés. Main­te­nant que nous avons l’agré­ment, nous allons pouvoir nous mobi­li­ser de façon plus simple, grâce aux conven­tions que nous signe­rons avec les préfec­tures. »

Un complé­ment aux agré­ments A et D

Depuis une quin­zaine d’an­nées, les béné­voles de la SNSM sont très présents dans des actions de sécu­ri­sa­tion de mani­fes­ta­tions spor­tives et cultu­relles. L’agré­ment D est le cœur des missions de sécu­rité civile de la SNSM. Chaque année, les centres de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) prennent part à de nombreux dispo­si­tifs prévi­sion­nels de secours (DPS), entre mille trois cents et mille quatre cents envi­ron.

Enfin, l’agré­ment de type A permet à la SNSM de conduire des opéra­tions de secours ou de sauve­tage aqua­tiques. « Si nos opéra­tions de sauve­tage en mer sont légen­daires, nous sommes amenés à inter­ve­nir à terre, en soutien des pompiers, lors des grosses catas­trophes qui entraînent le déclen­che­ment du dispo­si­tif ORSEC – plan d’ur­gence d’or­ga­ni­sa­tion de secours. Heureu­se­ment, ce n’est pas tous les jours ! », explique Guillaume Turpin. « J’ai souve­nir de crues dans la région d’Or­léans en 2016. Nous sommes inter­ve­nus pour évacuer, à l’aide de nos pneu­ma­tiques, une maison de retraite d’une centaine de personnes. »

Une forte mobi­li­sa­tion pendant la pandé­mie

Avec la crise sani­taire liée à la Covid-19, les neuf mille béné­voles de la SNSM ont été et sont toujours mobi­li­sés pour porter assis­tance aux personnes en diffi­culté. Cela va de l’or­ga­ni­sa­tion d’opéra­tions de trans­fert de patients entre CHU aux trans­ports sani­taires des îles vers les hôpi­taux du litto­ral, d’ache­mi­ne­ment et de distri­bu­tion de masques partout en France, de visites à domi­cile… Et la liste est loin d’être exhaus­tive.

En février, le Gouver­ne­ment a mis en œuvre des cellules terri­to­riales d’ap­pui à l’iso­le­ment (CTAI), au sein desquelles la SNSM a trouvé toute sa place.

À la demande de la préfec­ture locale, le CFI de l’Indre, dirigé par Cédric César, a répondu présent et mis en place une cellule spéci­fique, qui travaille sept jours sur sept.

Soute­nir les personnes isolées

Les personnes isolées sont des personnes symp­to­ma­tiques, diag­nos­tiquées ou testées posi­tives (Covid+), qui sont en isole­ment jusqu’à la guéri­son, c’est-à-dire deux jours après la fin des symp­tômes. Rentrent aussi dans la caté­go­rie les cas contact. Les personnes ayant partagé le même lieu de vie que le cas confirmé ou probable, ayant eu un contact direct avec lui, en face-à-face, à moins d’1 mètre, quelle que soit la durée, ou ayant partagé un espace confiné pendant au moins quinze minutes. Elles doivent s’iso­ler durant quatorze jours après la dernière expo­si­tion avec le cas confirmé, avec un allè­ge­ment à sept jours en cas d’ab­sence de symp­tômes et de test néga­tif. Voilà pour la déno­mi­na­tion offi­cielle. À cela, il faut ajou­ter les personnes âgées n’ayant pas accès aux infor­ma­tions sur Inter­net et/ou vivant dans un milieu rural éloi­gné des services sociaux.

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Léa et Thibault, sauve­teurs au CFI de l’Indre, tiennent la perma­nence à la CTAI. © SNSM

Subve­nir aux besoin et dialo­guer

Thibaut Pothe­vin est le direc­teur adjoint du CFI, en charge des acti­vi­tés opéra­tion­nelles. « À la demande de la préfec­ture, nous avons mis en place, depuis fin janvier, une cellule de coor­di­na­tion dans les locaux du CFI. Elle est opéra­tion­nelle sept jours sur sept, de 9 heures à 11 heures et de 16 heures à19 heures. Deux personnes tiennent la perma­nence. Elle mobi­lise au total une quin­zaine de béné­voles. »

C’est la Caisse Primaire d’As­su­rance Mala­die (CPAM) qui met en rela­tion la cellule de la SNSM avec les personnes concer­nées. « Notre rôle est de les appe­ler pour connaître leurs besoins, précise Thibaut. Ceux-ci sont variés : cela va de la livrai­son de courses ou de repas à l’aide à domi­cile et aux démarches admi­nis­tra­tives. » Des demandes qui, bien sûr, ne sont pas assu­rées par la SNSM. « C’est là que notre inter­ven­tion prend tout son sens. Nous mettons la personne en rela­tion avec les services concer­nés, qui apportent immé­dia­te­ment les solu­tions. » Lors du premier contact, la personne est dubi­ta­tive, inter­loquée, puis se montre inté­res­sée. « D’abord surprise, la personne contac­tée est très heureuse que l’on prenne de ses nouvelles et que cela soit fait par la SNSM. Souvent, le dialogue s’ins­talle. On oublie la crise sani­taire et on parle de l’ac­tion des sauve­teurs. Un jeu de ques­tions/réponses s’ins­talle et c’est très enri­chis­sant pour les deux parties », raconte Thibaut.

Le CFI de l’Indre, très impliqué dans la vie de la région

Dans le cadre des dispo­si­tifs prévi­sion­nels de secours (DPS), le CFI de l’Indre opère dans tout le dépar­te­ment et ceux avoi­si­nants, comme le Cher. « Nous couvrons et sécu­ri­sons une multi­tude de mani­fes­ta­tions spor­tives et cultu­relles : des triath­lons, les matchs de foot de la Berri­chonne de Château­roux ou bien le festi­val de musique clas­sique de Nohant. Main­te­nant, nous sommes très connus dans l’Indre et les popu­la­tions ont bien inté­gré que la SNSM, ce n’est pas que le sauve­tage en mer. Le secou­risme est le cœur de notre métier, que nous exerçons avec passion », ajoute fière­ment Thibaut. Léa Duval et Thibault Poilly, sauve­teurs au CFI de l’Indre, tiennent la perma­nence à la CTAI.

Pas de répit pour les Sauve­teurs en Mer ! Qu’im­porte la météo, le virus de la Covid-19 ou les fêtes de fin d’an­née, ils sont prêts à inter­ve­nir, à tout moment.

31 décembre. Tandis que la majo­rité des Français s’ap­prête à festoyer et célé­brer le passage à la nouvelle année, les nageurs sauve­teurs du centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion d’Ille-et-Vilaine ont un tout autre program­me… Une rave party était annon­cée. Mais comme ces rassem­ble­ments ont très mauvaise presse, les orga­ni­sa­teurs choi­sissent le dernier moment pour indiquer le lieu aux parti­ci­pants. La préfec­ture d’Ille-et-Vilaine avait cerné plusieurs endroits et, le 31 décembre, le mystère s’est éclairci, c’était à Lieu­ron. En alerte depuis la veille, les béné­voles sont mobi­li­sés dès midi, le 1er janvier. La cause ? Être dispo­nibles pour inter­ve­nir sur la rave party, en complé­ment de la Protec­tion Civile, et parer à toutes diffi­cul­tés sani­taires.

Frédé­ric Guené, direc­teur adjoint en charge de la forma­tion au CFI 35, égale­ment membre de l’équipe natio­nale des respon­sables opéra­tion­nels de sécu­rité civile de la SNSM, raconte : « Lorsque la préfec­ture nous a contac­tés, nous avons répondu présent. Nous sommes restés deux jours et deux nuits. Cela a mobi­lisé, en se relayant, quatorze béné­voles. Nous assu­rions la navette entre le lieu de la fête et le poste médi­cal avancé, à 2,5 kilo­mètres de là, à la salle des fêtes. Cela s’est bien passé car nous n’avons eu que deux inter­ven­tions, sans gravité extrême. » Un week-end média­tique, mais qui n’a pas trou­blé la parfaite orga­ni­sa­tion du CFI.

Trois cents inter­ven­tions annuelles de sécu­rité civile

« Nous couvrons, en période normale, envi­ron trois cents mani­fes­ta­tions par an, explique Frédé­ric, et, parmi celles-ci, nous avons le Hell­fest – le célèbre festi­val de hard-rock – mais aussi les matchs de foot­ball du stade Rennais en Ligue 1, qui mobi­lisent envi­ron quatre-vingts béné­voles. ».

Le CFI 35, c’est deux bases : l’une à Rennes, l’autre à Saint-Malo. Cent quarante nageurs sauve­teurs sécu­risent les plages l’été et quatre-vingts forma­teurs sont sur le pont pour les initia­tions aux premiers secours. En tout, quatre cent cinquante béné­voles bretons sont au service des popu­la­tions et des esti­vants. Une action confor­tée par le nouvel agré­ment de soutien aux popu­la­tions. « Main­te­nant, nous avons un cadre juri­dique qui nous permet d’in­ter­ve­nir en cadrant bien les choses  », conclut Frédé­ric.

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Les Sauve­teurs en Mer tiennent les postes de secours durant le Hell­fest, comme lors de nombreuses mani­fes­ta­tions spor­tives et cultu­relles © Marianne Cossin

Article rédigé par Jacky Lebu­ho­tel dans le maga­zine Sauve­tage n°156 (2ème trimestre 2021)