Les Sauveteurs en Mer de Palavas secourent un wakeboarder victime d'une fracture du fémur

Bien commen­cée, la partie de wake­board, orga­ni­sée pour un enter­re­ment de vie de garçon, a fini sur un acci­dent. Faute de care* ou accé­lé­ra­tion trop brutale, le fémur d’un wake­boar­der au départ a rompu. Un acci­dent rare qui aurait mal tourné sans l’in­ter­ven­tion quasi immé­diate des nageurs sauve­teurs et des cano­tiers de la SNSM de Pala­vas.

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Grâce à l’action des sauveteurs de la station et du poste de secours de Palavas, la victime a été ramenée à quai, puis emmenée à l’hôpital par les pompiers. ©SNSM

Pour enter­rer une vie de garçon, les copains du futur marié ont choisi la mer avec une partie de wake­boar­ding (voir ci-dessous). D’où cap sur Pala­vas et choix d’un hors-bord chez « À l’eau bateau », prin­ci­pal loueur de cette station de la Côte d’Amé­thyste. Au cata­logue, plus d’une dizaine de canots : de la coque de noix sans permis à des hors-bord de 6,50 m.

C’est sur l’un d’entre eux, le Natha­naée, qu’ils ont jeté leur dévolu. Et c’est parti pour une tranche de rigo­lade entre copains spor­tifs. En début de soirée – le soleil encore haut ce 27 juin – l’un d’eux est à l’eau, les pieds bien tenus dans les chaus­sons du wake­board, les mains fermes sur la poignée de la remorque (on dit palon­nier dans ce sport), les jambes repliées sous lui, prêt à bondir sur l’eau. Deux tenta­tives ont déjà échoué, cette troi­sième doit être la bonne. Le canot accé­lère. Il faut qu’il passe très vite de 0 à 25 km/h.

À la dernière tenta­tives, le fémur du wake­boar­der se brise

Mais c’est l’ac­ci­dent. La résis­tance de l’eau a été trop forte. Faute de care ou accé­lé­ra­tion trop brutale, un fémur du wake­boar­der s’est brisé. Le malheu­reux hurle de douleur. Deux de ses amis plongent vers lui pour le soute­nir. Sur le canot, les autres récu­pèrent la remorque et manœuvrent pour embarquer leur cama­rade. Ils ne sont qu’à 400 mètres du port et ses secours. Mais leur ami les en dissuade : ce rembarque­ment à la diable serait trop doulou­reux. Le loueur est donc appelé à la rescousse. Il relayera vers le Centre Régio­nal Opéra­tion­nel de Surveillance et de Sauve­tage (CROSS) Med qui engage la SNS 223 Patron Alfred Molle.

Quand je reçois l’ap­pel du CROSS, raconte Jean-François Romieu, patron de la SNS 223, je suis sur mon bateau perso, juste à l’en­trée du port de plai­sance (mille cent anneaux abri­tés derrière une digue de 520 mètres). Pour gagner du temps, je vais m’amar­rer près de la SNS 223 et de notre local. Au même moment arrivent deux Jets-Ski, montés par trois nageurs sauve­teurs de la SNSM des postes de la plage de Ville­neuve-lès-Mague­lone. Ils sont en fin de service mais se portent bien sûr immé­dia­te­ment vers le blessé en mer dont la situa­tion sani­taire nous est encore incon­nue. Bien­tôt cinq cano­tiers nous rejoignent. La SNS 223 peut appa­reiller.

À la station de Pala­vas depuis décembre dernier, cette V2NG (en clair : vedette de deuxième caté­go­rie nouvelle géné­ra­tion) équipe déjà une ving­taine de stations SNSM. Longueur 11,95 m pour 4,46 de large : assez de place pour 30 naufra­gés. Deux Cater­pillar puis­sants : 420 chevaux chacun. Et rapides : 25 nœuds avec 200 milles nautiques d’au­to­no­mie. Prix de ce concen­tré de tech­no­lo­gie : 590 000 €. Plus la main­te­nance, plus le fonc­tion­ne­ment, une belle facture appe­lant beau­coup de dons. Quoi qu’avare de ses mots, Jean-François, son patron, pour­rait en parler pendant des heures. Il l’aime comme il a aimé les deux canots qui l’ont précé­dée sur
lesquels il a aussi navi­gué. Et d’autres canots encore car, quatrième géné­ra­tion de patrons à la station de Pala­vas, il en connaît toute l’his­toire depuis sa créa­tion en 1867.

« Elle se confond avec celle de ma famille », dit-il avec un sourire modeste.

Le blessé est remonté à bord du bateau de la SNSM par deux sauve­teurs

Sur zone, pour­suit-il, on a descendu la civière. Benoît Payan, notre nageur de bord, s’est mis à l’eau. Aidé par deux des nageurs sauve­teurs, il a eu tôt fait d’y glis­ser le blessé qu’on a immé­dia­te­ment remonté à notre bord.

Dix minutes plus tard l’homme est à quai, bien­tôt embarqué dans une ambu­lance des pompiers. Par la voie rapide RD 586, elle le conduit à Lapey­ro­nie, le CHU de Mont­pel­lier, à 10 kilo­mètres.

Ce blessé, un tren­te­naire, ajoute Jean-François, avait du cran. Malgré la douleur, il a pris sur lui et nous a dit merci.

Coura­geux. Mais c’est avec un plâtre qu’il sera témoin au mariage de son copain.

* Care : angle sous la partie arrière de la planche arrière.

Nos sauve­teurs sont entraî­nés et équi­pés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Article de Patrick Moreau, paru dans le Maga­zine Sauve­tage n°153 (3ème trimestre 2020).



Équi­page engagé

SNS 223 Patron Alfred Molle

Patron : Jean-François Romieu

Cano­tiers : Frédé­ric Blachon, Thierry Chate­net, Denis Davi, Benoît Payan et Claude Peta­gna.

Nageurs sauve­teurs enga­gés (en dehors des horaires d’ou­ver­ture du poste de secours)

Mathieu Chade­las, Sandrine Boxber­ger et Célia Nocus.



ATTEN­TION, PRUDENCE !

Tel le kite-surf, le wake­board, sport en progres­sion rapide, a ses dangers. Inventé en Nouvelle-Zélande dans les années 1980, il combine à la fois le ski nautique (trac­tion méca­nique) et le snow­board (posi­tion de biais sur un flot­teur). Il se pratique aussi bien derrière un canot ou un Jet-Ski, qu’ac­cro­ché à un télé­ski au-dessus de l’eau (une centaine en France). La prudence est de mise, car l’ac­ti­vité peut présen­ter quelques dangers : la pratique sur un fond insuf­fi­sant, l’hy­po­ther­mie, l’étran­gle­ment par le palon­nier, l’hé­lice du bateau, les ruptures d’os ou de liga­ments…

Le port d’une combi­nai­son est recom­mandé. Plus un gilet de sauve­tage. Voire un casque.