Alexandre Huart, "le goût des autres"

Étudiant en Master d’en­sei­gne­ment d’édu­ca­tion physique et spor­tive, ce calai­sien pur jus a gravi toutes les marches pour deve­nir Nageur Sauve­teur, jusqu’à occu­per, durant l’été 2016, les fonc­tions de chef de poste sur la plage de Wime­reux.

 

Une grande moti­va­tion

Motivé comme personne, ce passionné de kite­surf avoue un besoin vital d’ac­ti­vité physique et une envie sans limite de trans­mettre son expé­rience aux autres.

Elles ne le quittent jamais. Même dans sa voiture, Alexandre Huart ne se dépar­tit jamais des dizaines de plaquettes éditées par la SNSM, expliquant la voie royale pour deve­nir chef de poste. Lui n’en n’a pas eu besoin. C’est arrivé natu­rel­le­ment. Étape après étape. Diplôme après diplôme, jusqu’à assu­rer les fonc­tions de chef de poste l’été dernier sur la page de Wime­reux.

Il suffit de l’écou­ter évoquer son parcours pour comprendre qu’à 26 ans, ce spor­tif, grand pratiquant de kite, fait preuve d’une vita­lité viscé­rale qui l’a conduite à inté­grer – malgré ses études – les pompiers volon­taires de Calais. « Je déborde d’éner­gie avoue-t-il. J’ai besoin d’ac­ti­vité physique pour trou­ver mon équi­libre ».

Diffi­cile de ne pas le croire d’au­tant qu’à l’heure de nous quit­ter il a bien voulu nous confier le programme du week-end à venir. Week-end presque ordi­naire pour un garçon qui force l’ad­mi­ra­tion et le respect. Jugez plutôt.

  • Vendredi soir : esca­lade en salle,
  • Samedi matin : cours d’en­trai­ne­ment à la piscine de Calais pour prépa­rer des stagiaires au passage du BNSSA,
  • Samedi après-midi : sur la plage, cours de forma­tion aux tech­niques du sauve­tage,
  • Dimanche : de 20 heures à 8 heures du matin : service de garde chez les pompiers calai­siens,
  • Lundi : suivi des cours de première année à l’uni­ver­sité du litto­ral de la Côte d’Opale, pour deve­nir profes­seur d’édu­ca­tion physique.

 

Ses débuts à la SNSM

La SNSM, c’est à l’âge de 19 ans qu’il y rentre, en inté­grant le Centre de Forma­tion et d’In­ter­ven­tion (CFI) Côte d’Opale (à Calais), l’un des 32 CFI de France, le plus au nord de tout le litto­ral. De son exis­tence, des forma­tions qui y sont dispen­sées, c’est un « pote » du kite qui l’in­forme. La forma­tion exige une parti­ci­pa­tion finan­cière.

Mais qu’im­porte. Alexandre est motivé et enchaîne les diplômes avec succès : PSE1 (Premiers Secours en Équipe de Niveau 1), PSE2 (Premiers secours en Équipe de Niveau 2), Permis côtier, Certi­fi­cat Restreint de Radio­té­lé­pho­niste, BNSSA (Brevet Natio­nal de Sécu­rité et de sauve­tage Aqua­tique), chef de poste. Et si aujour­d’hui, Alexandre recon­naît « qu’il en a parfois bavé, qu’il n’avait pas vrai­ment de dispo­si­tion pour la nata­tion, qu’il a parfois pensé jeter l’éponge », il ne regrette rien.

Sa première saison, en 2010, il est Nageur Sauve­teur à Wissant, réputé pour son spot de kite. Ce sera une bonne façon de rembour­ser sa contri­bu­tion aux frais de forma­tion. Mais surtout prétexte à décou­vrir la vie de groupe aux côtés des six sauve­teurs. « Nous formions une petite famille » se souvient-il. Tout comme il se souvient, le deuxième jour de son arri­vée, de sa première montée d’adré­na­line. L’as­sis­tance à une personne qui ne savait pas nager et qui avait décidé d’en finir avec la vie. La seconde pous­sée : le sauve­tage d’un kite surfeur qui avait failli s’écra­ser contre la digue. L’an­née suivante, il réci­dive, toujours à Wissant, prétexte à une rencontre qui va marquer sa vie. C’est Rudolph, l’adjoint au chef de poste. « Avec lui, j’ai morflé confie-t-il mais j’ai appris à me surpas­ser. C’était mon Jedi, j’étais son Padwan », réfé­rence à Star Wars oblige. Ensemble, ils ramè­ne­ront deux belges bloqués par la marée sur les vestiges du Mur de l’At­lan­tique. Au terme de quatre saisons passées à Wissant, Alexandre change d’ho­ri­zon. Il passe un mois aux Sables d’Olonne où, simple sauve­teur, il apprend à travailler aux côtés des CRS char­gés de surveiller la plage.

Enfin, l’été 2016 et désor­mais chef de poste, Alexandre est nommé à Wime­reux où la muni­ci­pa­lité met à dispo­si­tion du poste un IRB (Infla­table rescue Boat, petit pneu­ma­tique de sauve­tage côtier) loué par la SNSM et équipé d’un moteur de 25 cv, ainsi qu’un véhi­cule 4×4. Face à lui et à ses huit cama­rades sauve­teurs, une plage tech­nique, d’au­tant qu’à marée haute la mer couvre tout le sable. Où sera t-il l’an­née prochaine ? Alexandre ne peut répondre mais se verrait bien chan­ger d’air et décou­vrir la Médi­ter­ra­née. En atten­dant, il donne au quoti­dien libre cours à ses passions. Le kite, bien évidem­ment, et celle qu’il voue à sa compagne, Manon, rencon­trée au CFI Côte d’Opale, Nageuse Sauve­teuse et pompier volon­taire comme lui. Ensemble, ils se verraient bien partir en Austra­lie. Mais pour l’heure, Alexandre foca­lise son éner­gie pour passer avec succès en deuxième année de master d’en­sei­gne­ment. L’an passé, il échouait pour quatre petits points. On croise les doigts pour lui !

 

Portrait rédigé par Bernard Rubin­stein, paru dans le Maga­zine Sauve­tage n° 138 (3e trimestre 2016).

 

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