David Compain ou l’itinéraire d’un sauveteur heureux

Rentré à la SNSM par hasard, David a gravi depuis 20 ans les marches qui l’ont mené de sauve­teur à forma­teur au sein du CFI (Centre de Forma­tion et d’In­ter­ven­tion) d’Ille-et-Vilaine. Spor­tif et homme d’ac­tion, il recon­naît mener la vie qu’il a toujours souhai­tée.

1,90 m, 100 kg, David Compain est un spor­tif. Et ça se voit. A 19 ans, sans ses problèmes d’oreille interne, il rêvait d’être pompier ou de rentrer dans la protec­tion civile. La vie en a décidé autre­ment. En 1994, il débute une forma­tion de sauve­teur. Mais par hasard, devrait-on préci­ser. Sa bonne étoile, le salon de l’Etu­diant de Rennes où il s’ar­rête sur le stand de la SNSM. Il ne la quit­tera plus. « A l’époque, je ne connais­sais rien du sauve­tage. J’en avais même jamais entendu parler avoue-t-il en toute fran­chise. Mais, exer­cer une acti­vité physique, aller à la rencontre des autres, me plai­sait ».

A son corps défen­dant, si David passe ses vacances au bord de mer du côté de la Presqu’île de Rhuys, ses études devaient en toute logique le conduire sur le plan­cher des vaches. Plus exac­te­ment sur celui des écuries dans la mesure où les bancs de l’école l’amènent à passer trois CAP en rapport direct avec l’équi­ta­tion. Seul problème, David n’a pas vrai­ment la fibre. Disons, pas la moti­va­tion suffi­sante d’au­tant qu’il recon­naît avoir la bougeotte et affi­cher un évident besoin de liberté. Pour preuve, pour finan­cer ses deux années de forma­tion au CFI d’Ille et Vilaine qui vont lui donner le diplôme du CFAPSE (Certi­fi­cat de Forma­tion aux Acti­vi­tés de Premiers Secours en Equipe), puis le CRR (Certi­fi­cat Restreint de Radio­té­lé­pho­niste) enfin le BNSSA (Brevet Natio­nal de Sécu­rité et de Sauve­tage), David pratique l’In­terim.

Qu’im­porte l’ac­ti­vité. Pour lui, l’im­por­tant est de gagner des sous en exerçant les métiers les plus divers. « J’ai tout fait, précise t-il en égre­nant un long cortège de métiers : assis­tant funé­raire, éduca­teur dans les foyers de jeunes délinquants, cuisi­nier, menui­sier, plon­geur, pizzaïolo ». En tout cas, la récom­pense suprême arrive en juin 1996. David est nommé au poste de sauve­teur de la station d’Ault. « Nous étions cinq garçons et filles. J’ai toujours gardé un bon souve­nir de cette première expé­rience ». Reste qu’à la fin de l’été, David décide de chan­ger d’ho­ri­zon. Par néces­sité. Il avait connu la mer, il découvre la montagne en exerçant jusqu’en avril 97, aux Arcs, l’ac­ti­vité de perch­man  avant de retrou­ver la SNSM et une acti­vité encore pour lui incon­nue. De quoi s’agit-il ? Une tour­née des stations du litto­ral de Trébeur­den à Dunkerque. Tous les deux jours, David avait pour mission de promou­voir les produits déri­vés. « Ca bougeait, ce côté nomade me plai­sait. J’étais content ».

Si ce n’est que pour faire bouillir la marmite, il retourne l’hi­ver à la montagne renouer avec son acti­vité de perch­man avant de reve­nir au CFI pour s’ins­crire à un stage de sauve­teur destiné à surveiller les côtes dange­reuses. Pour David, si les années se suivent, elles ne se ressemblent pas. Il est sauve­teur à Talmont-Saint-Hilaire, G.O. en Grèce au Club Med où il assure la surveillance de la piscine et de la plage, re-sauve­teur à Laca­nau avant de se retrou­ver forma­teur au sein de la SNSM en 2000. C’est de cette époque qu’il a hérité de son surnom : « La Chouille », la fête en argot même s’il avoue s’être un peu calmé.

De toute évidence, David est un sauve­teur qui rayonne de bonheur. « Je mène la vie que je veux même s’il m’ar­rive de connaître des fins de mois diffi­ciles ». Ses moments de loisirs, été comme hiver, il les passe du côté de Cancale, dans la vieille Rivière à pêcher le bar avec Romain, son copain de Tinté­niac. Il pratique aussi le paddle, des planches qu’il trans­porte dans sa four­gon­nette Peugeot. Quand nous nous sommes rencon­trés sur la base nautique de la plaine de Baud, David venait de rentrer de La Torche où il assu­rait à bord des jet-skis et des IRB, la sécu­rité des plan­chistes. Le week-end suivant, il repar­tait pour la base de Saint Malo-Dinard du CFI assu­rer la forma­tion conti­nue des anciens avec au programme paddle board, nata­tion, et pratique de l’IRB.

Vous l’au­rez compris, à 39 ans, la vie de David n’a rien d’un long fleuve tranquille sans comp­ter que durant les périodes creuses, il assure, temps permet­tant, le ravi­taille­ment en maté­riau et en vivres du Fort de la Conchée, devant Saint-Malo. Et puis ou plutôt, David a la chance de côtoyer au CFI de la base nautique un person­nage haut en couleur. Mieux encore une figure de la SNSM : Raymond Goury, son direc­teur qui à l’âge de 13 ans, rentrait aux Hospi­ta­liers Sauve­teurs Bretons. Autre temps, autre histoi­re…

 

Portrait rédigé par Bernard Rubin­stein, Sauve­tage Maga­zine n°131