Sauvetage miraculeux à Bandol

Robert travaille beau­coup. Six jours sur sept, sans comp­ter ses heures. Alors quand il décide de profi­ter de son seul jour de congé pour emme­ner sa femme, sa fille de dix-huit ans et le chien pique-niquer en mer sur un bateau récem­ment acquis, rien n’au­rait pu le faire renon­cer. Pas même la météo. Malheu­reu­se­ment, cette agréable navi­ga­tion fami­liale va mal se termi­ner…

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Lundi 29 juin 2020 à 17 h 10, le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) Médi­ter­ra­née La Garde est contacté par un plai­san­cier en panne de moteur à bord d’une vedette de 5,20 m au nord de l’île des Embiez. Le vent souffle à 25 nœuds. La mer est agitée. À 17 h 30, le CROSS n’ar­ri­vant plus à joindre le requé­rant, lance un « mayday relay » et engage la station SNSM de Bandol pour recherche et sauve­tage.

La vedette SNS 164 Saint-Elme II se rend au point indiqué et tente de repé­rer l’em­bar­ca­tion en diffi­culté. Rien ! Pas l’ombre d’une coque chahu­tée par les flots. L’équi­page de la SNS 164 ne peut pas savoir que la posi­tion donnée par le plai­san­cier est basée sur de mauvais repères visuels. Les sauve­teurs ne savent pas non plus que le bateau a chaviré et que ses trois occu­pants, sans gilets de sauve­tage, sont cram­pon­nés à l’em­bar­ca­tion tandis que le chien est coincé sous la coque. Le sort des naufra­gés paraît mal engagé.

Et pour­tant ! Depuis sa villa, un témoin aperçoit ce qu’il pense être une coque retour­née, en baie de Sanary. Il n’est pas certain mais, dans le doute, il télé­phone aux pompiers. À 18 h 10, le CROSS Med dispose enfin d’une posi­tion. La vedette fait route, le patron Jean-Luc Cercio appelle son semi-rigide en renfort et 15 minutes plus tard, les sauve­teurs de Bandol repèrent les naufra­gés agrip­pés au bateau chaviré.

Entre temps, Robert a plongé sous la coque et réussi à déga­ger son chien qui a survécu grâce à une poche d’air. Choqués et en légère hypo­ther­mie, le couple et sa fille sont recueillis, réchauf­fés, rassu­rés. Un bilan est fait avec un méde­cin du SAMU. À 18 h 50, Robert et sa famille sont débarqués et conduits à la station, conscients d’avoir échappé de peu à la noyade. Par chance, le nageur de bord de la SNSM a égale­ment réussi à retrou­ver, sous la coque, la sacoche de Robert avec les clés de la voiture et de la maison.

Le travail n’est pas terminé puisqu’il faut récu­pé­rer la coque à demi-immer­gée, qui repré­sente un danger pour la navi­ga­tion. À 19 h 20, les deux moyens nautiques appa­reillent à nouveau. Après avoir percuté une survie amar­rée à la coque pour assu­rer sa flot­ta­bi­lité, une remorque est passée et le convoi fait route vers Bandol. À 21 heures, la vedette Saint-Elme II entre dans le port et le petit naufragé est sorti de l’eau. À 21 h 20, opéra­tion close pour ce sauve­tage de plus de 4 heures.

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Les ensei­gne­ments de Jean-Luc Cercio, patron de la SNS 164

  • Toujours prendre la météo et savoir renon­cer à une sortie en mer. Le 29 juin, du mistral était annoncé.
  • Porter un gilet de sauve­tage : lorsque l’em­bar­ca­tion a chaviré sous une défer­lante, les gilets sont deve­nus inac­ces­sibles pour les naufra­gés.
  • Rester accro­ché à la coque tant qu’elle flotte.
  • Connaître le 196, numéro de télé­phone d’ur­gence en mer pour appe­ler direc­te­ment le CROSS Médi­ter­ra­née.
  • Acqué­rir un dispo­si­tif d’alerte et de loca­li­sa­tion tel que DIAL, proposé par la SNSM et dispo­nible sur notre boutique en ligne.

Nos sauve­teurs sont entraî­nés et équi­pés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

 


Équi­pages enga­gés

SNS 164 Saint-Elme II

Patron : Jean-Luc Cercio

Sous-patrons : Karl Arde­neus et Bruno Mouchet  

Équi­piers : Jona­than Butti­gieg, Denis Rossi

Méca­ni­cien : Robert Rouras

 

SNS 665

Équi­piers : David Brunot et Jean-Philippe Toujas

 

D’après un article rédigé par Marjo­rie Biran, paru dans le maga­zine Sauve­tage n°153