Corentin, bientôt 19 ans, est un jeune homme surprenant.
Discret mais résolu. Énergique mais posé. Sportif mais réfléchi. Sa bouille de gamin à peine sorti de l’adolescence contraste avec sa détermination et la maturité de ses propos.
Corentin avoue bien un léger passage à vide au niveau scolaire, mais c’est du passé. Après un bac STI2D obtenu en 2015, il prépare cette année un bac pro en maintenance auto, plus proche de ses aspirations.
Un futur mécano pour les vedettes de la SNSM ? Pour l’instant, le but est plutôt de s’engager dans l’armée de terre et de rejoindre le génie.
L’été prochain, ce n’est toutefois pas en kaki que vous croiserez Corentin Zurletti, mais en orange, surveillant les baigneurs sur les plages avec les équipes de la SNSM.
« En 2014, ma mère a vu un article dans la presse locale pour le recrutement de Nageurs Sauveteurs, c’est elle qui m’a conseillé de me présenter », souligne le jeune homme.
L’épreuve de natation ne lui pose aucun problème puisqu’il est inscrit depuis l’âge de six ans aux Cachalots de Six-Fours. Water-polo, nage avec palmes, nage en compétition, le Varois est un habitué des bassins.
Une fois tous ses diplômes SNSM en poche, il rejoint en août 2015 sa première affectation à… Grandcamp-Maisy, dans le Calvados !Sauveteurs en Mer à Grandcamp-Maisy (Calvados)
Une découverte pour cet habitué des plages de la Méditerranée. Et une véritable expédition. Pour son premier trajet en train sans ses parents, il doit changer quatre fois de ligne avant d’atteindre sa destination.
Située à deux pas des plages du Débarquement, cette vaste étendue de sable est moins fréquentée que la Côte d’Azur, mais l’équipe des Nageurs Sauveteurs de la SNSM a tout de même de quoi s’occuper.
Ouverture de la vigie à 10 heures, on hisse le drapeau pour informer les baigneurs de l’état de la mer et c’est parti pour une journée de surveillance. L’équipe est partagée entre lame pédestre (ce qui revient à arpenter la plage, palmes sous le bras et VHF branchée) et observation depuis la vigie.
Et on tourne, pour ne pas se laisser gagner par la routine.
Bobologie, conseils aux baigneurs et distribution de bracelets pour les enfants avec coordonnées des parents, au cas où le bambin échappe à la surveillance de ses géniteurs, lancé à la poursuite d’un crabe qui se carapate.
Ce mois d’août 2015 est très calme.
« Nous n’avons eu qu’une grosse alerte à gérer, souligne Corentin, un malaise… sur la plage ».
Pas de mise à l’eau donc, mais une belle aventure humaine partagée avec ses cinq équipiers et le chef de poste.
Une expérience qui a donné le goût du sauvetage à Corentin qui rejoint, en octobre 2015, la station SNSM de Bandol pour devenir également canotier.
Une immersion dans l’agenda du sauveteur donne la mesure de la détermination dont il fait preuve. En tant que Nageur Sauveteur, il doit poursuivre deux entraînements hebdomadaires au CFI de Toulon pour se maintenir au niveau. Il effectue également un entraînement par semaine avec la SNS 265 de Bandol. Tous les samedis, il travaille comme surveillant de bassin dans un complexe aquatique géré par l’UCPA.
Il s’est inscrit comme formateur bénévole aux gestes de premiers secours dans le cadre des initiations lancées par la préfecture du Var, en collaboration notamment avec la SNSM. Il révise son bac et prépare aussi l’examen pour intégrer l’école de sous-officier de Saint-Maixent, en avril.
Il lui reste le dimanche pour souffler un peu et profiter de sa famille. Une seule chose manque à Corentin. Un peu de sommeil…
Article de Marjorie Biran, paru dans le Magazine Sauvetage n° 135 (1er trimestre 2016).