Marcel Devavry : le goût des autres

A 80 ans, Marcel Deva­vry voue un atta­che­ment sans borne à la SNSM. Pour elle, il  conti­nue de se dévouer au quoti­dien sans jamais comp­ter son temps. Et ça dure depuis des décen­nies.

Dans la petite ville de Plou­gon­ve­lin, à 18 kilo­mètres de Brest, tout le monde le connaît. Plus qu’un retraité, Marcel est une figure qui depuis des décen­nies rend service aux autres. C’était vrai à l’époque où il habi­tait Dunkerque. Ça l’est toujours aujour­d’hui depuis son arri­vée en 1998 à  Plou­gon­ve­lin où, chargé de mission à la SNSM, il est respon­sable de l’an­tenne régio­nale.

Omni­pré­sent, il est toujours prêt à répondre aux solli­ci­ta­tions, qu’elles émanent des asso­cia­tions de son village ou de la SNSM. Il anime par exemple le stand des Sauve­teurs en Mer dans les grandes surfaces, grâce à ses 28 panneaux péda­go­giques. Il les a réali­sés avec son fils Laurent, instruc­teur natio­nal à la SNSM par passion, capi­taine dans la Marine marchande par voca­tion. Les numé­ros du maga­zine Sauve­tage, c’est égale­ment lui qui les distri­bue. Au salon nautique de Paris où il œuvre sur le stand de la SNSM, il détient une sorte de record d’as­si­duité et peut reven­diquer 23 années de présence inin­ter­rom­pues. En tire-t-il une certaine fierté ? « Je ne connais pas le sens de ce mot avoue-t-il, mais de la satis­fac­tion sans doute ».


Quand Marcel ne confie pas son temps à la SNSM, il le donne à l’équipe de foot­ball, au Centre Cultu­rel ou bien encore à la Commu­nauté de communes du pays d’Iroise (CCPI) où il contri­bue chaque année à l’ac­cueil de 3 000 marcheurs. Ce n’est pas du sang qui coule dans les veines de Marcel, mais du béné­vo­lat.

Marcel a soigneu­se­ment classé par ordre chro­no­lo­gique les grandes étapes de sa vie dans de grands albums. « Là vous voyez dit-il, ces photos me rappellent de bien belles années, 65 à 68. Durant l’été j’oc­cu­pais le poste de chef à la station de sauve­tage de Locqui­rec en ma qualité de gendarme mari­time ». La Marine, c’est en 1952 qu’il s’y engage. Il n’a que 18 ans mais souhaite par son geste sortir de son milieu fami­lial : « Trou­ver une forme de liberté. Tour­ner le dos à une enfance diffi­cile. J’étais un sacré bagar­reur » recon­naît-il. Ce qui ne gâte rien, Marcel est spor­tif, bon dans toutes les disci­plines. Ce qui suffit à justi­fier qu’à 80 ans, il a toujours su garder la forme même si sa démarche s’est quelque peu ralen­tie. Quelques années plus tard, devenu gendarme mari­time, il voyage au gré de ses affec­ta­tions : Toulon, Brest, Ajac­cio, avant de se porter volon­taire pour occu­per les fonc­tions de chef de poste durant l’été. En 1975, revenu à la vie civile, il rentre au Chan­tier de France de Dunkerque en qualité de contrô­leur. Il y resta six ans jusqu’à sa ferme­ture avant de créer avec Monique son épouse une boutique de frites ambu­lante. Ce qui ne l’em­pêche pas de consa­crer sa vie aux autres. Il est cano­tier sur le canot de sauve­tage de Dunkerque. Il en garde des souve­nirs forts.

Le premier dimanche d’août 1983, j’ai reçu un coup de télé­phone, de Saint-Cyprien. Au bout du fil, une de mes anciennes stagiaires du Centre de Forma­tion de Dunkerque.  Tu sais Marcel, m’a-t-elle dit, grâce à toi, à ton  ensei­gne­ment, j’ai pu rani­mer un enfant.

Il encadre égale­ment l’école de foot­ball. Et s’oc­cupe du Seamen’s Club, asso­cia­tion venant en aide aux marins. Entre autres choses.

Philo­sophe, il confie « qu’ai­der les autres, c’était dans sa nature. Qu’il a toujours pensé qu’il y avait plus malheu­reux que lui »

 

D’après un article de Bernard Rubin­stein paru dans le Maga­zine Sauve­tage n°129  (3ème trimestre 2014).