Une belle vie de sauvetage

De 1982 à 2008, Pierre-Ange Le Guen, à bord de son canot person­nel l’Ami­tié, a sauvé 11 personnes entre la Pointe de Gavres et Penthièvre, en passant par la Barre d’Etel. Cet ancien char­pen­tier de marine né à Etel en 1930 a égale­ment été cano­tier de la station d’Etel de 1975 à 1990.

Pour son courage durant ces années de sauve­tage, il a reçu une lettre de féli­ci­ta­tion du président de la SNSM, et c’est lui qui a été choisi pour remettre le Prix du Citoyen de la Mer 2009 à Messieurs Mikael Thomas et Albin Giffard, 2 jeunes pratiquants de body-board, qui ont sauvé la vie d’un pêcheur. Ce prix a été remis au cours du premier Forum Mer en Sécu­rité, à la Villette, le 3 Mars 2009.

Voici les sauve­tages que Pierre-Ange a effec­tués :

Mai 1982 (2 personnes) : entre l’île de Teviec et Roelan, un déri­veur chavire. L’homme agrippé à la coque renver­sée signale à Pierre-Ange que sa femme n’a pas pu s’ac­cro­cher au bateau. Pierre-Ange remonte au vent et trouve la femme agrip­pée au safran. Il la hisse à son bord, puis récu­père son mari et les ramène au port d’Etel.

Août 1987 (1 personne) : Pierre-Ange est en pêche sur la barre d’Etel. Un véli­plan­chiste passe la barre et se fait empor­ter par le courant. L’homme n’ar­rive plus à remon­ter sur sa planche, à cause du fort clapot, et commence à s’épui­ser. Il crie au secours. Pierre-Ange le récu­père derrière les brisants et le ramène au port.

Août 1987 (1 personne) : une planche sort avec le courant. Pierre-Ange réus­sit à le rejoindre juste avant les défer­lantes et lui lance un bout. L’homme lâche prise sur un coup de roulis. Pierre-Ange lui crie de lâcher sa planche (qui l’en­traîne), fait demi-tour et le récu­père de justesse. Il le hisse à bord et réalise pourquoi il ne compre­nait pas ce qu’il lui criait. Cet anglais ne parlait pas le français…

Juillet 1989 (1 personne) :  Pierre-Ange revient de rele­ver son filet tôt le matin, et Josiane Pené (seul séma­phore de France tenu par une femme) signale un homme à la mer sur la barre d’Etal, à la suite du naufrage de son bateau. Un des 2 passa­gers a réussi à nager jusqu’à la côte et a alerté le séma­phore. Pierre-Ange arrive sur zone et lance sa bouée couronne. L’homme, très costaud, et alourdi par son ciré et ses bottes, ne peut être hissé à bord de l’Ami­tié. Pierre-Ange demande une échelle à une vedette qui passe et réus­sit à faire monter le naufragé à bord.

Août 1989 (1 personne) : Pierre-Ange est en pêche devant les rouleaux de la barre, au jusant. Un véli­plan­chiste l’ap­pelle au secours, car il n’ar­rive plus à remon­ter sur sa planche. Pierre-Ange fait le tour de la barre par l’ouest, embarque le touriste et sa planche à bord de l’Amitié et les ramène au port.

Août 1990 (1 personne) : Pierre-Ange rentre au port avec un autre bateau de St Cado. Il aperçoit un homme accro­ché à la coque de son bateau, chaviré sur la barre. L’homme est hissé à bord du bateau de St Cado et Pierre-Ange remorque son canot. Le naufragé était un profes­seur du Lycée d’Etel.

Août 1997 (2 personnes) : Pierre-Ange est en pêche derrière la barre. Un pneu­ma­tique aborde la barre et chavire, les 2 passa­gers sont proje­tés à l’eau. Pierre-Ange les rejoint et les hisse à bord, puis les confie à un autre pneu­ma­tique, plus rapide que l’Amitié, pour les rame­ner au port. Il remorque ensuite leur pneu­ma­tique.

22 décembre 1998 (1 personne) : plusieurs bateaux sont en pêche sur la barre à marée montante. A la pleine mer, ils décident de rentrer mais Pierre-Ange s’inquiète pour Gérard Guille­vic qui est resté en arrière. A un moment, ce dernier s’ap­proche trop près des rouleaux. « j’ai vu la défer­lante soule­ver le bateau, le mat rentrer dans l’eau… puis plus rien. J’ai fait demi-tour tout de suite, le bateau avait coulé comme une pierre, mais heureu­se­ment Gérard s’était accro­ché à un banc qui flot­tait et le courant l’en­traî­nait vers la rivière. » Pierre-Ange l’a rejoint et l’a hissé à bord de l’Amitié pour le rame­ner au port.

Janvier 2008 (1 personne) : plusieurs bateaux sont en pêche derrière la barre. Il y a de gros rouleaux sur la barre. Un ami de Pierre-Ange crie « Théo a chaviré ! ». Pierre-Ange embraye aussi­tôt et voit le bateau de Théo Jouanno chaviré, et la tête du naufragé à 3 ou 4 m de son bateau. Pierre-Ange lui passe la bouée couronne, juste à temps, car il commençait à couler. Deux autres amis pêcheurs viennent à l’aide de Pierre-Ange et embarquent Théo (trop lourd) pour le rame­ner au port et le faire trans­por­ter à l’hô­pi­tal, car il est en hypo­ther­mie.