Un catamaran secouru au large de Basse-Terre en Guadeloupe

Quand la recherche d’un mouillage tranquille pour la nuit se trans­forme en voie d’eau très inquié­tante.

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En raison d’une voie d’eau, le catamaran n’est à flot que sur un flotteur et demi, au lieu de deux. © Laurence Piot

Jeudi 18 juin 2020 à 16 h 45, un cata­ma­ran Lagoon 47, Nuage III, déclare une impor­tante voie d’eau dans son flot­teur bâbord. Trois personnes à bord, en tran­sit dans nos eaux, recherchent pour la nuit un mouillage tranquille aux abords de l’anse à la Barque.

Soudain, le sondeur indique un haut fond, le capi­taine ne peut l’évi­ter, le choc est brutal. Il arrive à déga­ger son navire au moteur pour aller mouiller à l’ancre un peu plus loin dans l’anse Mari­got. L’ins­pec­tion de la coque en plon­geant avec palmes, masque et tuba est alar­mante : une déchi­rure d’une quaran­taine de centi­mètres laisse entrer l’eau très rapi­de­ment. Une demande d’aide devient urgente.

Quand les quatre cheva­liers de la mer, armant la SNS 268 Karu­kera, arrivent, le constat est préoc­cu­pant. Le cata­ma­ran n’est à flot que sur un flot­teur et demi, au lieu de deux. La gîte sur bâbord est signi­fi­ca­tive. Un premier tour du cata­ma­ran permet de jauger la situa­tion. La SNS sera mise à couple sur le flot­teur bâbord, la moto­pompe pourra alors être mise en fonc­tion très rapi­de­ment.

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Un équi­pier installe la moto­pompe pour vider l’eau du cata­ma­ran © Laurence Piot

La rapi­dité d’exé­cu­tion et le profes­sion­na­lisme de l’équi­page de la SNSM rassurent le capi­taine, très angoissé par la montée de l’eau dans la coque — qui vient d’at­teindre un parc batte­rie et entraî­ner la perte de deux des quatre pompes d’as­sè­che­ment. La moto­pompe remplit plei­ne­ment son office : le niveau d’eau baisse à vue d’œil. « J’ai entre­pris une inspec­tion de coque en vue d’un colma­tage, en binôme avec le capi­taine du cata­ma­ran. Tandis que nous bouchions le trou avec les pauvres moyens du bord, une autre équipe a tenté de colma­ter la brèche par l’in­té­rieur », raconte Thierry Taie­baly, alias « Titi », le plon­geur de bord de la SNSM. La gîte due à l’en­trée d’eau n’est plus qu’un mauvais souve­nir, le cata­ma­ran a retrouvé fière allure.

Main­te­nant que le navire est à flot, l’équi­page de la SNS s’as­sure de pouvoir faire route en toute sécu­rité. Le cata­ma­ran est mis en sécu­rité à la mari­nade Rivière-Sens, près de Basse-Terre, en atten­dant son tran­sit vers Pointe-à-Pitre, le lende­main, pour répa­ra­tion.
Nuage III et son équi­page font route au moteur sous la surveillance de la SNS 268, leur indiquant la route et les casiers, nombreux aux abords de la marina.

L’aven­ture touche à sa fin. Une équi­pière passe sur le cata­ma­ran pour aider à la manœuvre. Bâbord à quai, le navire est enfin en toute sécu­rité. Un plon­geur prêtera son concours pour amélio­rer le colma­tage de fortune et la moto­pompe restera sur le navire pour parer à toute entrée d’eau intem­pes­tive.

Le lende­main, Nuage III sera escorté par la SNS 268 et un nouvel équi­page jusqu’au port de Basse-Terre, beau­coup plus proche, pour un tran­sit moins risqué. Depuis, Nuage III a été réparé, son voyage vers les Grena­dines a repris.

Nos sauve­teurs sont entraî­nés et équi­pés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

D’après un article rédigé par Cyrille Brouillaud et Arnault Deville de la station de Basse-Terre, paru dans le maga­zine Sauve­tage n°153 (3ème trimestre 2020)



Équi­page engagé SNS 268 Karu­kera

Patron : Arnault Deville

Plon­geur de bord :Thierry Taie­baly

Équi­piers : Laurence Piot et Philippe Thes­mier