C’est une fin de journée assez calme, en ce 6 août 2021, sur la grande plage de Penvins, au sud de la presqu’île de Rhuys, en Bretagne, qui sépare le golfe du Morbihan de l’Atlantique. Quelques estivants profitent encore des zones de baignade, surveillées par l’un des quatre postes de secours armés chaque été par la SNSM sur les plages les plus fréquentées de Sarzeau. « Il y avait du soleil, mais la température n’était pas très élevée, avec pas mal de vent et des vagues. Nous avions donc hissé le pavillon jaune », se souvient Valentin Paris. Le jeune chef de poste, qui commence tout juste sa saison, est en surveillance au bord de l’eau quand son équipière, Bleuenn Germanese, l’appelle.
Un témoin vient de lui signaler qu’une jeune femme est inconsciente sur une autre plage, non surveillée, située à quelque 200 mètres et hors de vue du poste. Il est 17 h 35. « Nous étions alors deux au poste et avons immédiatement mis en œuvre le protocole à appliquer dans ces circonstances. Nous avons fermé la surveillance de la baignade en affalant notre flamme jaune. J’ai pris notre sac d’intervention, qui contient tout le matériel de secours, et nous avons suivi le témoin, assez paniqué, jusque sur les lieux. Il s’agit d’une petite crique, où l’eau est assez calme et peu profonde, totalement hors de notre zone de surveillance », raconte Valentin Paris.
Arrivés sur place, ils découvrent que la victime n’a pas « seulement » perdu connaissance, mais qu’elle s’est noyée ! « Nous découvrons qu’elle était en situation d’anoxie, le stade 4 de noyade, le plus élevé. Cela change tout ! » Le protocole d’intervention auquel les deux jeunes sauveteurs se sont préparés pendant leur court trajet n’est plus applicable ; mais ils s’adaptent très vite, automatiquement, à cette situation. Un autre témoin, une infirmière, est déjà aux côtés de la baigneuse et cherche son pouls ou un signe de respiration. Rien. Qui plus est, Valentin Paris constate que la victime est déjà sèche. Cela doit donc faire au moins cinq minutes qu’elle est sur le sable.
Le temps presse ! Un autre témoin a déjà appelé les pompiers, avec lesquels il maintient un contact téléphonique. Il fait l’intermédiaire entre eux et les sauveteurs, qui s’affairent autour de la victime, ce qui permet aux soldats du feu d’évaluer plus précisément la gravité de la situation et de renseigner le SAMU, qu’ils ont déjà alerté. De leur côté, Valentin Paris et Bleuenn Germanese ne perdent pas une seconde : « Nous lançons la procédure RCP, réanimation cardio-pulmonaire, avec massage cardiaque et pose du DSA, le défibrillateur cardiaque semi-automatique, poursuit le sauveteur. Premier choc. Pas de réaction. Le second est le bon. Nous réussissons à ranimer la victime, mais celle-ci est toujours inconsciente. Les pompiers arrivent à peine cinq minutes plus tard. » L’état de la victime nécessite près d’une demi-heure d’observation et de soins par le médecin du SAMU dans le véhicule des pompiers. La jeune femme de 32 ans est ensuite évacuée par hélicoptère, dans un état grave, en direction de l’hôpital de Lorient. Remise sur pied au terme d’une quinzaine de jours d’hospitalisation, elle n’aurait apparemment aucune séquelle.
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Suivre le protocole et être « à fond »
« C’était ma première intervention du genre, mais nous n’avons pas paniqué, commente Valentin Paris. Notre formation est très carrée et nous apprenons les gestes qu’il faut faire. Une fois qu’on a décelé que la personne est en arrêt cardio-respiratoire, c’est toujours le même protocole, il faut le suivre et être à fond. »
Les deux jeunes sauveteurs ont su appliquer la bonne procédure sans perdre de temps. Ce n’est qu’après avoir ranimé la victime qu’ils ont pu en savoir davantage sur les circonstances de l’accident. « Nous avions peu d’informations sur ce qu’il s’était passé et avons appris par la suite que c’était sa famille qui l’avait ramenée au bord, avec l’aide de témoins, sans savoir vraiment ce qu’elle avait eu », poursuit Valentin.
Les deux sauveteurs ont eu indirectement, bien plus tard, des nouvelles de la jeune femme. « C’est rassurant car on se pose toujours des questions ; avons-nous vraiment bien réagi et bien effectué les bons gestes ? Maintenant, nous savons que nous avons bien fait notre travail », poursuit le jeune sauveteur.
Surtout, ils se sont parfaitement insérés dans une chaîne de secours qui s’est étendue des proches de la victime aux médecins qui l’ont soignée à l’hôpital, en passant par les témoins qui les ont prévenus et ont aussi contacté les pompiers. « Si nous n’étions pas intervenus, peut-être que cette personne ne serait plus là aujourd’hui. Il faut dix à quinze minutes aux pompiers pour arriver à cet endroit et, lors d’un arrêt cardiorespiratoire, chaque minute compte », conclut Valentin.
Nageurs sauveteurs mobilisés
Chef de poste : Valentin Paris
Sauveteuse qualifiée : Bleuenn Germanese
Article rédigé par Dominique Malécot, diffusé dans le magazine Sauvetage n°157 (3e trimestre 2021)