Une jeune femme sauvée de la noyade à Sarzeau

Famille, témoins, nageurs sauve­teurs de la SNSM, pompiers et SAMU ont réussi à coor­don­ner leurs inter­ven­tions, dans un bel élan de soli­da­rité, pour rame­ner à la vie une jeune noyée, dont le coeur avait cessé de battre.

Depuis les deux cent trente postes de secours SNSM, les sauveteurs ont assuré tout l'été la surveillance des plages.
Depuis les deux cent trente postes de secours SNSM, les sauveteurs ont assuré tout l'été la surveillance des plages. © Hélène Kérisit

C’est une fin de jour­née assez calme, en ce 6 août 2021, sur la grande plage de Penvins, au sud de la presqu’île de Rhuys, en Bretagne, qui sépare le golfe du Morbi­han de l’At­lan­tique. Quelques esti­vants profitent encore des zones de baignade, surveillées par l’un des quatre postes de secours armés chaque été par la SNSM sur les plages les plus fréquen­tées de Sarzeau. « Il y avait du soleil, mais la tempé­ra­ture n’était pas très élevée, avec pas mal de vent et des vagues. Nous avions donc hissé le pavillon jaune », se souvient Valen­tin Paris. Le jeune chef de poste, qui commence tout juste sa saison, est en surveillance au bord de l’eau quand son équi­pière, Bleuenn Germa­nese, l’ap­pelle.

Un témoin vient de lui signa­ler qu’une jeune femme est incons­ciente sur une autre plage, non surveillée, située à quelque 200 mètres et hors de vue du poste. Il est 17 h 35. « Nous étions alors deux au poste et avons immé­dia­te­ment mis en œuvre le proto­cole à appliquer dans ces circons­tances. Nous avons fermé la surveillance de la baignade en affa­lant notre flamme jaune. J’ai pris notre sac d’in­ter­ven­tion, qui contient tout le maté­riel de secours, et nous avons suivi le témoin, assez paniqué, jusque sur les lieux. Il s’agit d’une petite crique, où l’eau est assez calme et peu profonde, tota­le­ment hors de notre zone de surveillance », raconte Valen­tin Paris.

Arri­vés sur place, ils découvrent que la victime n’a pas « seule­ment » perdu connais­sance, mais qu’elle s’est noyée ! « Nous décou­vrons qu’elle était en situa­tion d’anoxie, le stade 4 de noyade, le plus élevé. Cela change tout ! » Le proto­cole d’in­ter­ven­tion auquel les deux jeunes sauve­teurs se sont prépa­rés pendant leur court trajet n’est plus appli­cable ; mais ils s’adaptent très vite, auto­ma­tique­ment, à cette situa­tion. Un autre témoin, une infir­mière, est déjà aux côtés de la baigneuse et cherche son pouls ou un signe de respi­ra­tion. Rien. Qui plus est, Valen­tin Paris constate que la victime est déjà sèche. Cela doit donc faire au moins cinq minutes qu’elle est sur le sable. 

Le temps presse ! Un autre témoin a déjà appelé les pompiers, avec lesquels il main­tient un contact télé­pho­nique. Il fait l’in­ter­mé­diaire entre eux et les sauve­teurs, qui s’af­fairent autour de la victime, ce qui permet aux soldats du feu d’éva­luer plus préci­sé­ment la gravité de la situa­tion et de rensei­gner le SAMU, qu’ils ont déjà alerté. De leur côté, Valen­tin Paris et Bleuenn Germa­nese ne perdent pas une seconde : « Nous lançons la procé­dure RCP, réani­ma­tion cardio-pulmo­naire, avec massage cardiaque et pose du DSA, le défi­bril­la­teur cardiaque semi-auto­ma­tique, pour­suit le sauve­teur. Premier choc. Pas de réac­tion. Le second est le bon. Nous réus­sis­sons à rani­mer la victime, mais celle-ci est toujours incons­ciente. Les pompiers arrivent à peine cinq minutes plus tard. » L’état de la victime néces­site près d’une demi-heure d’ob­ser­va­tion et de soins par le méde­cin du SAMU dans le véhi­cule des pompiers. La jeune femme de 32 ans est ensuite évacuée par héli­co­ptère, dans un état grave, en direc­tion de l’hô­pi­tal de Lorient. Remise sur pied au terme d’une quin­zaine de jours d’hos­pi­ta­li­sa­tion, elle n’au­rait appa­rem­ment aucune séquelle.

 

Valentin, à gauche, accompagné de Viktor et d’Emma, ont assuré la surveillance des plages de Sarzeau tout l’été.
Valen­tin, à gauche, accom­pa­gné de Viktor et d’Emma, ont assuré la surveillance des plages de Sarzeau tout l’été. © Le Télé­gramme

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Suivre le proto­cole et être « à fond »

« C’était ma première inter­ven­tion du genre, mais nous n’avons pas paniqué, commente Valen­tin Paris. Notre forma­tion est très carrée et nous appre­nons les gestes qu’il faut faire. Une fois qu’on a décelé que la personne est en arrêt cardio-respi­ra­toire, c’est toujours le même proto­cole, il faut le suivre et être à fond. »

Les deux jeunes sauve­teurs ont su appliquer la bonne procé­dure sans perdre de temps. Ce n’est qu’après avoir ranimé la victime qu’ils ont pu en savoir davan­tage sur les circons­tances de l’ac­ci­dent. « Nous avions peu d’in­for­ma­tions sur ce qu’il s’était passé et avons appris par la suite que c’était sa famille qui l’avait rame­née au bord, avec l’aide de témoins, sans savoir vrai­ment ce qu’elle avait eu », pour­suit Valen­tin.

Les deux sauve­teurs ont eu indi­rec­te­ment, bien plus tard, des nouvelles de la jeune femme. « C’est rassu­rant car on se pose toujours des ques­tions ; avons-nous vrai­ment bien réagi et bien effec­tué les bons gestes ? Main­te­nant, nous savons que nous avons bien fait notre travail », pour­suit le jeune sauve­teur.

Surtout, ils se sont parfai­te­ment insé­rés dans une chaîne de secours qui s’est éten­due des proches de la victime aux méde­cins qui l’ont soignée à l’hô­pi­tal, en passant par les témoins qui les ont préve­nus et ont aussi contacté les pompiers. « Si nous n’étions pas inter­ve­nus, peut-être que cette personne ne serait plus là aujour­d’hui. Il faut dix à quinze minutes aux pompiers pour arri­ver à cet endroit et, lors d’un arrêt cardio­res­pi­ra­toire, chaque minute compte », conclut Valen­tin.


Nageurs sauve­teurs mobi­li­sés

Chef de poste : Valen­tin Paris

Sauve­teuse quali­fiée : Bleuenn Germa­nese


Article rédigé par Domi­nique Malé­cot, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°157 (3e trimestre 2021)