Le noeud d’écoute
Le nœud d’écoute est d’origine fort ancienne puisqu’il date de l’époque du Néolithique, où il était utilisé pour confectionner des filets de pêche. La structure de cet ajut est simple. Elle permet de relier deux cordages, parfois de différentes grosseurs. Le brin courant du plus petit cordage (dans le schéma avec la flèche) traverse la boucle (ganse) du plus gros, le contourne et vient se coincer sous le dormant, pour être bloqué. Sa structure est donc celle d’une demi-clé verrouillée autour d’une ganse. Malgré son nom, il est paradoxal d’observer que le nœud d’écoute n’est guère utilisé pour frapper une écoute sur une voile. En effet, dans sa version simple, il n’est pas très sécurisé, sous faible tension, et peut se dénouer tout seul !
Comment le sécuriser davantage avec une meilleure tenue ?
Variantes originales et robustes inspirées du nœud d’écoute
Le nœud de chaise
Bien connu des marins et des plaisanciers, ce nœud, à l’origine, était destiné à orienter les voiles. Son
usage est très ancien. Déjà employé du temps de la Haute-Égypte, il a été identifié dans le gréement de
la célèbre barque solaire de Khéops, découverte en 1954 dans une fosse au pied de la pyramide de Gizeh.
Il existe plusieurs méthodes pour la réalisation de ce nœud à boucle fixe. Oublions ici les techniques du
style « le serpent sort du puits, contourne l’arbre et retourne dans le puits. » Pensons à la logique : « dessous
sous dessous et dessus sur dessus » ; ce raisonnement est valable pour comprendre beaucoup de nouages.
Glossaire
Écoute (Sheet) : le cordage frappé dans l’angle inférieur d’une voile permet de l’orienter plus ou moins dans l’axe du navire.
Demi-clé (Half hitch) : ce n’est qu’une partie d’un nœud, indispensable pour sécuriser différents amarrages.
Brin courant (Working end) :
partie du cordage utilisée pour réaliser un nœud.
Brin dormant (Standing part) :
partie fixe du nœud, par opposition au brin courant.
Ganse (Bight) :
forme d’un cordage replié sur lui-même.
Nœud de chaise et son envers
Peu importe le sens des demi-clés, toujours dessous sous
dessous et dessus sur dessus… C’est ce qui apparaît dans ce
noeud de chaise et sa figure symétrique. La demi-clé, surlignée
en jaune, vient ceinturer une ganse (surlignée en rouge) ; c’est
donc la même structure de nouage que le noeud d’écoute.
Nœud de chaise des Inuits
Ce nœud a été observé au début des années 1900 par Franz Boas, un anthropologue d’origine germanique, qui a étudié les populations inuits sur la Terre de Baffin et dans la baie d’Hudson. Plus compacte que le nœud de chaise classique, cette variante est réputée plus robuste.
Le bon choix des nœuds et des cordages, une question d’expérience
Quel que soit l’emploi de ces deux nœuds cousins, leur résistance à la rupture dépend de nombreux facteurs. Tandis que leur fiabilité et leur robustesse s’apprécient avec la tension appliquée à les serrer (les souquer, en langage de marin), leur résistance reste difficile à quantifier. Pour tous les nouages pouvant conduire à des situations à risque, il est indispensable de bien connaître à la fois les caractéristiques propres des cordages utilisés (charge de rupture…) et de choisir les nœuds les plus appropriés pour un travail en sécurité. Enfin, sachons que les
cordages traditionnels et synthétiques ne font pas toujours bon ménage.
Texte et visuels fournis par Antoine Leroy, diffusé dans le magazine Sauvetage n°156 (2ème trimestre 2021)