Gilles, secouru à côté de son bateau en feu le jour de ses 58 ans

Le 26 septembre 2020, Gilles a été secouru à côté de son bateau en feu par les sauve­teurs en mer de Pleu­bian. C’était le jour de son anni­ver­saire. Il raconte cette expé­rience qui l’a profon­dé­ment marqué.

Gilles, sauvé par la SNSM à côté de son bateau en feu à Bréhat
Gilles, sauvé par la SNSM à côté de son bateau en feu à Bréhat

Le 26 septembre 2020, Gilles tran­site de Perros-Guirec vers Paim­pol pour y lais­ser son bateau pour l’ar­rière-saison. Vers 15 h 30, après une heure et demie de navi­ga­tion, il sent une forte odeur d’es­sence. Quelque chose qui ne lui est jamais arrivé. Immé­dia­te­ment, il envoie un SMS à sa femme qui lui répond de se mettre en sécu­rité. Il aperçoit le phare des Héaux de Bréhat, sait qu’il s’y trouve une cale et un coffre et décide donc de s’y mettre à l’abri.

Alerté par une très forte odeur d’es­sence sur son bateau, Gilles décide de se mettre à l’abri

Ma prio­rité c’est d’amar­rer le bateau pour ne pas me retrou­ver en panne.

Gilles parvient à atteindre la dalle de la digue, heureu­se­ment visible puisque marée descen­dante et amarre le bateau à la bouée. À ce moment-là, il ne pense qu’à une panne. Il part exami­ner son bateau : il rentre par l’ar­rière, ouvre la cale, le coffre où se trouve le réser­voir, et c’est à ce moment qu’une explo­sion se produit, à deux reprises.

Le premier souffle m’a fait me retour­ner, le second m’a jeté dehors. Je me suis retrouvé sur le quai.

À ce moment-là, c’est la panique. Gilles réalise l’am­pleur de la catas­trophe : « cet engin, il est à côté de moi, il a au moins 300 litres d’es­sence et il brûle. Si jamais le réser­voir saute, le bateau va me sauter dessus ». À peine deux minutes après avoir été éjecté sur la digue, Gilles libère son bateau. Il n’a plus peur que d’une chose : que son bateau lui explose à la figure.

Il rappelle sa femme qui contacte le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) et l’in­forme rapi­de­ment que la SNSM Pleu­bian va venir le secou­rir. 

Sauve­tage rapide

À 15 h 40, le séma­phore de Bréhat rapporte avoir un visuel sur des flammes ainsi que de la fumée noire au niveau du secteur des Héaux de Bréhat. À 15 h 41, la femme de Gilles contacte le CROSS pour leur signa­ler l’in­cen­die. Le CROSS appelle alors Gilles qui informe être à terre en sécu­rité au niveau du phare.

Les sauve­teurs se retrouvent à la station de Pleu­bian quinze minutes après avoir reçu l’alerte par la prési­dente. Sur le chemin, ils ont tous vu l’in­cen­die du bateau au pied du phare de Bréhat. Ils s’équipent rapi­de­ment et embarquent à bord du zodiac SNS 22108 – COMMAN­DANT LE BOUCHER. Ils ne peuvent pas aller vite. La météo est mauvaise, la mer agitée, avec des creux d’1m50. Le vent est de force 5. 

Les béné­voles de la station retrouvent la victime en état de choc sur zone à 16 h 20, avec une bles­sure à la main. Le dos de sa polaire est brûlé. À peine ils accostent que Gilles saute dans leur bateau. « Les Sauve­teurs en Mer sont inter­ve­nus très rapi­de­ment. Vu les condi­tions de la mer, vu leur prove­nan­ce… Même si j’étais en sécu­rité sur la dalle devant mon phare, c’était très rassu­rant de voir arri­ver le bateau de secours de la SNSM et de le voir sauter dans les vagues. Quand je les ai vu arri­ver, avec des gens casqués, j’étais soulagé ».

Deux sauveteurs de la SNSM en intervention de sauvetage sur un zodiac
Les sauve­teurs de la SNSM de Pleu­bian à bord du zodiac « SNS 22108 – COMMAN­DANT LE BOUCHER » à la recherche de Gilles

Gilles reçoit les premiers soins dans le Zodiac. Un des secou­ristes lui nettoie sa main écor­chée et lui fait un panse­ment. Il rigole car les sauve­teurs l’ap­pellent la « victime ».

« Sauver ou mourir, ça pour­rait être la devise de la SNSM, c’est comme ça que je les vois. Même si ma situa­tion était loin d’être déses­pé­rée, elle était trau­ma­ti­sante. Mais tant qu’à vivre un naufrage, un comme ça, ça va. Je ne connais­sais pas cette huma­nité de la mer… Je n’avais jamais eu de souci, jamais tombé en panne, jamais été remorqué. ».

Gilles a 58 ans ce jour-là. Les Sauve­teurs plai­santent en lui disant qu’il a allumé une belle bougie.

À 17 h 11, Gilles est de retour sur terre ferme, ramené à Port Beni par les Sauve­teurs. Le SAMU le prend en charge.

Les sauve­teurs retournent alors sur la zone du phare pour évaluer la pollu­tion causée par l’in­cen­die du bateau à moteur de près de 7 mètres de Gilles. Une nappe d’es­sence de 100 m2 est consta­tée sur zone. Ils reportent l’in­for­ma­tion vers le commis­saire en charge de la lutte contre la pollu­tion.

L’im­por­tance des règles de sécu­rité

Gilles a toujours navi­gué prudem­ment, en respec­tant les règles de sécu­rité. Depuis qu’il a son bateau, acheté en 2016, sa femme et lui naviguent presque tous les mois dans la région de Paim­pol / Perros-Guir­rec pour pêcher et se bala­der. Elle aurait d’ailleurs dû être avec lui ce jour-là. Mais pour une fois, il fait le voyage tout seul.

On a eu beau­coup de chance car j’étais seul. En géné­ral, elle s’al­longe à l’avant. Vu ce qu’il s’est passé, elle n’au­rait pas pu sortir…

D’ha­bi­tude, Gilles passe au large des Héaux de Bréhat. Ce jour-là, il est passé le long de la côte parce que la mer était mauvaise. « Là je suis passé le long de la côte parce que la mer n’était pas bonne, pire que ce que j’ima­gi­nais. Je pense avoir faci­lité la vie de vos sauve­teurs en me mettant à l’abri ».

Incendie du bateau de Gilles au pied du phare de Bréhat vu de la côte
Incen­die du bateau de Gilles au pied du phare de Bréhat vu de la côte

Gilles a aussi eu de la chance car c’était l’au­tomne. Si ça avait été l’été, il aurait été en maillot et aurait été brûlé. « Quand j’y repense, je pense fonciè­re­ment qu’ap­pliquer la règle c’est la meilleure solu­tion. Ce n’est pas pour rien qu’il existe des routines. Le monde de la mer, c’est un autre monde. On a une passion commune, les bateaux, la mer, on aime être dessus et on veut y rester le plus long­temps possible et vous nous y aidez. Comme pour la disper­sion de cendres, vous êtes là dès qu’on a besoin de vous. C’est une aven­ture humaine. Il s’est passé quelque chose et ça s’est bien terminé. Tant mieux. »

Gilles s’est aussi étonné que les béné­voles se soient inquié­tés de son état psycho­lo­gique et physique après l’in­ter­ven­tion. « Ils ont tous pris de mes nouvelles, c’est ines­ti­mable, ça va au-delà de leurs missions. Ils n’hé­sitent pas à inter­ve­nir, c’est leur enga­ge­ment, mais ils vont au-delà. »

Nos sauve­teurs sont entraî­nés et équi­pés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !



Équi­page engagé SNS 22108 – COMMAN­DANT LE BOUCHER

Patron : Philippe Camu­zard

Sous patron : Bertrand Arzul

Nageurs de bord : Yohan Le Meur, Eric Le Moignet