La station de l’Herbaudière déjà fière de son futur navire

La construc­tion de la nouvelle flotte suit son cours. Lors d’une visite de chan­tier, rencontre avec le président de la station de l’Her­bau­dière, qui attend avec empres­se­ment la livrai­son du bateau de la station, le premier NSH1, le « tête de série » de la nouvelle flotte SNSM.

Futur NSH1 de la station de l’Herbaudière
Fin d’as­sem­blage pour le NSH1 « tête de série » après collage de la timo­ne­rie et du roof avant. © Michel Ulrich – SNSM

Ils étaient onze à avoir fait le dépla­ce­ment de Noir­mou­tier à Arca­chon cette fois-ci. Onze fiers d’ap­par­te­nir à la station de l’Her­bau­dière qui utili­sera le premier navire de sauve­tage hautu­rier, le NSH1, de la nouvelle flotte des Sauve­teurs en Mer, le bateau « tête de série ». Au chan­tier COUACH, il n’y avait pas que des membres de l’équi­page ce 16 juin 2021. La tréso­rière, Paola Couillon, était là aussi, ainsi qu’une secré­taire qui voyait pour la première fois, en vrai, l’objet de 17,44 mètres de long, le plus grand de la nouvelle flotte ; lequel commence à ressem­bler sérieu­se­ment à un bateau puisque le pont et la timo­ne­rie ont été assem­blés sur la coque. Certains gros éléments comme les moteurs et les réser­voirs ont été instal­lés à l’in­té­rieur avant qu’on ferme la boîte. Pendant leur « tour du proprié­taire », les visi­teurs ont pu péné­trer à l’in­té­rieur et se faire une idée des volumes. « Dans la cale moteurs, les méca­ni­ciens pour­ront atteindre les prin­ci­paux éléments sans faire des acro­ba­ties », se réjouit Noël Meunier, le président, lui-même pêcheur, qui a la chance d’être à la tête d’une station SNSM qui peut encore comp­ter sur trois méca­ni­ciens marine dans l’équipe. Même si tous les aména­ge­ments ne sont pas encore là, il suppute déjà que l’équi­page pourra ranger plus de maté­riel dans le poste avant. Pour la sécu­rité, il faut en lais­ser traî­ner le moins possible dans la timo­ne­rie.

Un travail colla­bo­ra­tif et de nombreux échanges

« Pendant que la construc­tion avançait, il y a eu encore beau­coup, beau­coup de discus­sions sur le détail des aména­ge­ments entre le chan­tier et l’équipe de programme de la SNSM, avec les repré­sen­tants de la station de l’Her­bau­dière, mais aussi d’autres stations qui sont venues donner le point de vue des utili­sa­teurs sur leur futur outil », racontent le président ainsi que Jean-Jacques Tous­saint, le chef de projet chez COUACH et Gérard Rivoal, le direc­teur de programme, qui veille sur la nouvelle flotte depuis le début à la SNSM. Jean-Jacques Tous­saint a compté cinq réunions en huit mois sur l’amé­na­ge­ment de la timo­ne­rie et l’élec­tro­nique de bord, autour d’une maquette gran­deur nature en bois, pour que tout soit bien clair. Certaines stations, comme l’Her­bau­dière, ne voulaient pas être encom­brées d’un troi­sième poste de conduite du bateau destiné à un OSC (ce coor­di­na­teur du sauve­tage sur zone, embarqué sur un des moyens, se consacre à la bonne coor­di­na­tion entre les diffé­rentes embar­ca­tions quand elles sont nombreuses). Qu’à cela ne tienne ; il sera faci­le­ment démon­table. Chaque station a ses habi­tudes et ses idées sur le bon empla­ce­ment de l’élec­tro­nique de bord et la sophis­ti­ca­tion des commandes. On est arrivé à une solu­tion opti­male avec un écran tactile qui regroupe beau­coup d’in­for­ma­tions et de commandes, doublé de commandes clas­siques, pour les feux par exemple.

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Les béné­voles de la station de L’Her­bau­dière, avec au centre, leur président, attendent avec impa­tience la livrai­son de leur nouveau bateau. © Michel Ulrich – SNSM

Le président de station est, comme ses troupes, impa­tient de voir le bateau à l’eau, courant de l’été en prin­cipe. Même quand on fait confiance à l’ar­chi­tecte et au chan­tier c’est là qu’on voit si le bateau est vrai­ment « dans ses lignes », comme on dit. Les délais par rapport au plan­ning initial sont évidem­ment dus en partie à la COVID et à ses effets indi­rects sur l’in­dus­trie : des délais d’ap­pro­vi­sion­ne­ment qui passent de deux semaines à trois mois. Le produc­teur des « bour­lingues », les gros boudins en caou­tchouc qui protè­ge­ront les navires, a même été victime indi­recte du quasi-arrêt du trans­port aérien. Il utilise des rési­dus du kéro­zène, le carbu­rant des avions ! 

Début de l’au­tomne ce seront les essais opéra­tion­nels. Le président espère que cette pers­pec­tive va redon­ner de l’élan à l’équipe. Parce qu’à la station de L’Her­bau­dière, comme dans les autres, cette période COVID a été dure. Ils ont tout fait pour main­te­nir des réunions et des entraî­ne­ments. Mais respec­ter trop long­temps les distances fait forcé­ment perdre un peu en cohé­sion et en esprit d’équipe, dans une station de sauve­tage comme dans une entre­prise. Leurs fierté et espoir : que ce nouveau bateau qui arrive les ressoude. « Il promet », assure Noël Meunier, qui l’es­père plus rapide et se faufi­lant mieux là où il y a peu d’eau que l’ac­tuel canot tous temps.

Gustave Gendron rempla­cera le Georges Clémen­ceau II

Le SNS 069 Georges Clémen­ceau II, plus que tren­te­naire, n’a pas démé­rité pour autant. Il a été « loyal », dit le marin, et son équi­page lui « doit le respect ». On sent déjà monter le serre­ment de cœur des sauve­teurs quand ils voient partir leur vieux bateau. Ils aime­raient bien savoir ce qu’il va deve­nir. Bateau « de réserve », espèrent-t-il ? La SNSM en a besoin lorsque d’autres bateaux sont en arrêt programmé (grandes révi­sions) ou pas (panne, acci­dent). Après ? Le président se prend à rêver d’un musée.

Avant le Georges Clémen­ceau II, la station avait eu un premier canot de sauve­tage portant le même nom. Le nouveau navire de sauve­tage du XXIe siècle aux lignes modernes dessi­nées par l’ar­chi­tecte Frédé­ric Neuman et habillé d’une nouvelle « livrée » orange, blanc et gris métal conçue par Philippe Starck pour la SNSM portera-t-il encore le nom du « père la victoire », retiré de la vie poli­tique pour retrou­ver sa chère Vendée il y a plus d’un siècle ? Non. Il s’ap­pel­lera Gustave Gendron. Gustave a été long­temps le patron titu­laire de la station jusqu’à ce que la limite d’âge l’oblige à passer la main. Noël Meunier et l’ac­tuel patron, Jean-Pierre Couton, ont commencé avec lui. Ils ont été heureux d’an­non­cer cette déci­sion à leur maître en sauve­tage qui l’a accep­tée. Déci­dé­ment, la SNSM est une grande famille.

Article rédigé par Jean-Claude Hazera