Sébastien Duluc, président de Lège-Cap-Ferret, une nouvelle casquette pour un sauveteur à l’engagement sans faille

Sapeur-pompier, nageur de bord, président de la station SNSM de Lège-Cap-Ferret et père de famille, Sébas­tien Duluc jongle entre ses diffé­rentes casquettes avec dyna­misme et séré­nité. Portrait d’un homme animé par la volonté d’ai­der autrui.

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Sébastien Duluc est à la fois président de la station SNSM de Lège-Cap-Ferret depuis août 2021 et sauveteur embarqué en tant que nageur de bord © SNSM

Sébas­tien Duluc a été nommé président de la station SNSM de Lège-Cap-Ferret en plein été, en août 2021. Sans coup de chaud. Il l’avoue volon­tiers, c’est un calme. Au départ de son prédé­ces­seur, son nom a été suggéré par plusieurs membres de la station. Puis il a été dési­gné par ses équi­piers pour prendre la tête de cette struc­ture qui compte quarante-trois personnes, dont cinq à terre. Son premier mandat de six mois a été renou­velé jusqu’en août 2022. Dès lors, Sébas­tien Duluc se partage entre trois rôles, père de famille, sapeur-pompier et béné­vole à la SNSM en tant que nageur de bord et président de station. Bien que ses jours de repos soient large­ment consa­crés à la SNSM, il assure gérer son quoti­dien sans diffi­culté.

Papa de trois enfants – des jumeaux de 12 ans et une fille de 10 ans –, marié à une aide-soignante, Sébas­tien, 47 ans, est pompier profes­sion­nel depuis ses 21 ans et sapeur-pompier spécia­lisé nageur depuis une dizaine d’an­nées. Il dit avoir toujours été attiré par le monde des gens de la mer alors que rien ne le prédis­po­sait pour­tant à embarquer sur l’eau. Son père était conduc­teur de train et sa mère travaillait dans une agence bancaire. Il est entré à la SNSM via le père d’un ami parce que « aider les gens, ça m’a toujours animé ». 

Deux fois par semaine, il s’en­traîne à la nage, dans les lignes d’eau de la piscine locale pendant les mois d’hi­ver, à raison de quatre-vingt-dix minutes par séance, et en milieu natu­rel, dans le bassin d’Ar­ca­chon ou l’océan, aux beaux jours, au moins une heure. « C’est un taiseux », confie Angel Cate­diano, son compa­gnon d’en­traî­ne­ment, égale­ment sauve­teur embarqué à la station SNSM. L’homme a aussi « la tête sur les épaules » et l’aplomb indis­pen­sable à ses fonc­tions.

La zone d’in­ter­ven­tion de la station que Sébas­tien Duluc super­vise exige en effet une bonne maîtrise de ses nerfs. Le président de la station SNSM l’ob­serve régu­liè­re­ment. Notam­ment lors de ses trajets vers la côte depuis son domi­cile, qui sont parfois ralen­tis par l’af­flux d’es­ti­vants dans ce petit coin de Gironde. Sébas­tien Duluc vit à une ving­taine de kilo­mètres de la station, de son carré de sauve­teurs et de ses deux embar­ca­tions, dont un canot tous temps, le GEMA - Les Mutuelles d’As­su­rances, qui peut embarquer douze personnes, et un semi-rigide pouvant trans­por­ter deux à trois personnes. Le premier est amarré au petit port de la Vigne, et le second est à la cale de Grand Piquey, un des villages de la commune. « C’est d’ailleurs ce dernier qui sort le plus régu­liè­re­ment », précise-t-il. 

En terrain connu

Les fonc­tions d’adju­dant-chef que Sébas­tien Duluc exerce au sein de la caserne du centre de secours de Lesparre-Médoc, au nord-ouest de Bordeaux, lui ont appris « la gestion d’une garde et l’im­por­tance de l’au­to­rité sans en user inuti­le­ment  », de son propre aveu. Celui qui confie bien résis­ter au stress grâce à une équipe qui tient la route sait pouvoir comp­ter, entre autres, sur Hélène Arson­neaud, tréso­rière, François de Berce­gol, vice-président, et Domi­nique Molles, patron titu­laire. « C’est une équipe dyna­mique, avec l’élan et l’en­train néces­saires pour construire les équi­pages et monter ou enca­drer les diffé­rentes mani­fes­ta­tions auxquelles parti­cipe la station SNSM dans la région », observe Sébas­tien Duluc. Or, le Cap-Ferret est une presqu’île très animée. L’été du moins, quand le monde se presse pour pratiquer des sports nautiques sur tous types d’em­bar­ca­tions. « Les esti­vants ignorent ou sous-estiment parfois les risques spéci­fiques de notre bassin », note Sébas­tien Duluc, un terri­toire qu’il connaît fort bien depuis l’en­fance. Notam­ment ceux liés aux deux passes du bassin d’Ar­ca­chon : quatre fois par jour, en fonc­tion de la marée, elles s’ouvrent et se referment comme des chenaux de vidange au large du Cap-Ferret et de la dune du Pilat, pouvant être très puis­santes et donc très dange­reuses. La navi­ga­tion entre les bancs de sable, dont celui d’Ar­guin, est déli­cate. À tel point que le GEMA effec­tue régu­liè­re­ment des traces de route au sein des passes pour éviter les bancs de sable en cas de mauvaise visi­bi­lité.

De gauche à droite : Éric Chadeyron d’Arès,  Gildas Sittarame d’Arcachon et Sébastien Duluc  de Lège-Cap-Ferret.
De gauche à droite : Éric Chadey­ron d’Arès, Gildas Sitta­rame d’Ar­ca­chon et Sébas­tien Duluc de Lège-Cap-Ferret © SNSM

Dans le bassin, les acci­dents sont malheu­reu­se­ment nombreux entre les embar­ca­tions des touristes et les navires des marins pêcheurs qui doivent s’y croi­ser. Dès lors, les Sauve­teurs en Mer des trois stations de la SNSM situées autour du bassin d’Ar­ca­chon – les deux autres stations sont basées au port ostréi­cole d’An­der­nos, à côté d’Arès, et à Arca­chon, sur le quai Goslar – sont très souvent appe­lés au secours. Leur mission est aussi d’in­for­mer le public et d’en­ca­drer diffé­rentes mani­fes­ta­tions.

L’équipe de bénévoles de la station SNSM de Lège-Cap-Ferret
L’équipe de béné­voles de la station SNSM de Lège-Cap-Ferret © SNSM

Article rédigé par Juliette Garnier-Sciard, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°160 (2ème trimestre 2022)