Six heures de remorquage pour les Sauveteurs en mer de Ploumanac'h et Trébeurden

Malgré la météo bien­veillante, le remorquage d’un chalu­tier de 21 mètres en pannes moteur et hydrau­lique, n’a pas été une opéra­tion de tout repos. Une inter­ven­tion conjointe du canot tous temps « SNS 098 », plus petit de 6 mètres que le navire, et de la vedette « SNS 218 ».

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Canot tous temps (CTT) "SNS 098 Président Toutain" de la station de Ploumanac’h © SNSM

En fin de jour­née, le 31 mai 2021, le CROSS Corsen alerte les stations SNSM de Plou­ma­nac’h et Trébeur­den (Côtes d’Ar­mor), en raison de la marée basse retar­dant l’ap­pa­reillage de Plou­ma­nac’h, pour l’assis­tance d’un chalu­tier en panne dans le nord-est du plateau des Tria­goz.

« Nous sommes allés sur zone rapi­de­ment avec notre vedette, la SNS 218 Pors Trozoul, pour sécu­ri­ser le bateau et limi­ter sa dérive sur les roches, avant que le canot de Plou­ma­nac’h puisse le remorquer », raconte Rudy Coulon, président SNSM de Trébeur­den.

La marée basse retarde l’ap­pa­reillage du canot tous temps (CTT) SNS 098 Président Toutain, de la station de Plou­ma­nac’h, commandé par Philippe Le Treize. C’est pour cette raison que le CROSS Corsen a fait appel à la vedette de Trébeur­den, le temps de sécu­ri­ser le bateau. Personne ne sait combien de temps peut durer l’in­ter­ven­tion. Immo­bi­lisé à travers la houle, le chalu­tier, imma­tri­culé à Saint-Brieuc et parti de Roscoff, est tombé en pannes de moteur et hydrau­lique alors qu’il gagnait sa zone de pêche.

Un remorquage déli­cat et à petite vitesse

Le vent de force 2 vient du secteur est, la mer est belle. À l’ar­ri­vée du CTT SNS 098, la SNS 218 regagne Trébeur­den. Pendant ce temps, l’équi­page de Plou­ma­nac’h passe une aussière à l’im­po­sant chalu­tier et le remorquage vers Roscoff s’ef­fec­tue à petite vitesse, contre le courant, le rendant déli­cat. Soudain, à la suite du ragage sur le chau­marddu chalu­tier, la remorque se rompt ! Une fois celle-ci répa­rée, rallon­gée à deux cent vingt mètres et atta­chée, le convoi reprend sa route vers Roscoff sans problème, d’au­tant plus que le courant, désor­mais favo­rable, permet d’aug­men­ter la vitesse.

À 1 h 55, le chalu­tier est amarré à couple du CTT pour une manœuvre déli­cate. Dix minutes plus tard, le navire de pêche est à quai, grâce aux 900 chevaux du SNS 098 et à l’ha­bi­leté de son patron. L’équi­page du chalu­tier, recon­nais­sant, applau­dit les sauve­teurs. De retour à 4 h 30 devant Plou­ma­nac’h, deux des équi­piers débarquent, tandis que le CTT mouille avant de pouvoir rentrer au port. Après quatorze heures d’in­ter­ven­tion, les moteurs finissent par se taire.

Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

1– Le frot­te­ment de la remorque sur le chau­mard (pièce d’ac­cas­tillage servant à diri­ger l’amarre – ou la remorque –) endom­mage celui-ci.

 


Équi­pages enga­gés

SNS 098 Président Toutain (Plou­ma­nac’h)

Patron : Philippe Le Treize

Patron suppléant : Ronan Le Goni­dec

Radio : Laurent Guerin

Méca­ni­cien : Jacky Vacher

Équi­piers : Jean-Marc Guyot, David Simon


SNS 218 Pors Trozoul (Trébeur­den)

Patron : Chris­tophe Ooghe

Méca­ni­cien : Éric Nicol­leau

Équi­piers : Jean-Yves Cueff, Georges Ferry, Ludo­vic Fortin, Maël Spinec

 


La cale SNSM bien­tôt remise en service

Philippe Le Treize, le patron du SNS 098, nous explique que la ville de Perros-Guirec n’a plus la conces­sion de la cale de Plou­ma­nac’h depuis 2017. « La cale néces­site une remise en état, notam­ment des rails, et est inuti­li­sable depuis 2019. De ce fait, le CTT, au mouillage, ne peut sortir du port qu’au­tour de la pleine mer, ce qui complique les inter­ven­tions. Heureu­se­ment, une conven­tion a été signée entre l’État et la mairie de Perros-Guirec pour une nouvelle conces­sion, des travaux sont program­més, et nous avons bon espoir que la cale de Port­zar-Mor soit remise en service dans les prochains mois, afin que nous puis­sions inter­ve­nir 24h/24, comme nous le faisons depuis 1912. »

Article rédigé par Philippe Payen, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°157 (3e trimestre 2021)