9 000 sauveteurs, une même flamme

Témoi­gnage de Yann Deban, soutien local de forma­tion à la SNSM.

Yann Deban, soutien local de formation à la SNSM © D. R.

Nous sommes au lende­main de la fin du confi­ne­ment, la mer est très calme. Profi­tant de notre liberté recou­vrée, nous nous retrou­vons sur la vedette de la station, au milieu du bassin d’Ar­ca­chon. Soleil couchant, aucun bruit. Chacun profite de cet instant. Autant d’équi­piers que de parcours de vie, une richesse incroyable : un marin, un avia­teur, un maçon, et moi, ancien mili­taire. Diffé­rents mais unis par le béné­vo­lat : l’équi­page d‘un moyen SNSM. La radio grésille, le CROSS nous appelle pour une inter­ven­tion. Il faut mettre fin à ce moment simple et commun de la vie en station.

Une même passion anime les 9 000 Sauve­teurs en Mer, une foi qui nous habite sans que nous mettions de mots dessus. J’ai eu la chance d’être béné­vole dans trois stations, sur des canots et des mers diffé­rents. Partout j’ai retrouvé cette même flamme, sans qu’elle soit jamais évoquée.

Depuis une dizaine d’années, l’investissement de l’association dans la formation, le développement d’équipements et la mise à niveau du matériel est sans précédent.

Pour­tant, le parcours d’un équi­pier est basé sur le partage. Le compa­gnon­nage – la trans­mis­sion de béné­vole à béné­vole – est à double sens : chacun peut apprendre de l’autre. Issu de l’ar­mée, où les anciens épaulent les plus jeunes, j’ai retrouvé la même logique chez les Sauve­teurs en Mer : me former en station grâce à mes pairs pour, à mon tour, trans­mettre.

Au cours de mes années au sein de la SNSM, j’ai vu les profils des nouveaux béné­voles chan­ger. L’as­so­cia­tion a accueilli de plus en plus de jeunes issus de milieux complè­te­ment diffé­rents. Cette diver­sité est parti­cu­liè­re­ment béné­fique pour se remettre en ques­tion collec­ti­ve­ment et analy­ser nos méthodes opéra­tion­nelles. Mais, à l’in­verse, elle demande de pouvoir unifier les savoirs afin de les trans­mettre au mieux. Un compa­gnon­nage enca­dré par des normes, en somme.

Pour permettre cette trans­for­ma­tion en profon­deur, de nombreuses forma­tions ont été mises en place afin d’en­sei­gner les bases des rôles à bord d’un moyen de sauve­tage. Un défi loin d’être terminé, mais qui a porté ses fruits : les diffé­rentes quali­fi­ca­tions qui ont été déve­lop­pées par l’as­so­cia­tion sont doré­na­vant recon­nues par les autres services de secours. Elles ont d’ailleurs été inté­grées dans certains de leurs cursus, preuve de la qualité profes­sion­nelle de méthodes mises au point par des béné­voles.

Depuis une dizaine d ’années, l’in­ves­tis­se­ment de l’as­so­cia­tion dans la forma­tion, le déve­lop­pe­ment d’équi­pe­ments et la mise à niveau du maté­riel est sans précé­dent. Le projet Nouvelle Flotte, par exemple, a donné lieu à la créa­tion de nouveaux canots de sauve­tage avec une base commune capable de prendre en compte les spéci­fi­ci­tés de chaque mer et chaque station.

Le soutien de tous est néces­saire pour conti­nuer dans cette voie et mener à bien nos missions. J’ai le souve­nir d’une béné­vole respon­sable de la collecte au sein de la station. Pour rassem­bler les fonds indis­pen­sables à notre fonc­tion­ne­ment, elle a œuvré avec la même fougue, la même passion, le même don de soi que les sauve­teurs embarqués. C’est aussi grâce à des personnes comme elle et, évidem­ment, aux dona­teurs, que nous pouvons pour­suivre notre enga­ge­ment béné­vole.

Voilà, l’équi­page est au complet : du canot à la collecte et aux dona­teurs, en passant par l’en­semble des béné­voles d’une station, chacun avec sa foi secrète et person­nelle, pour permettre de mener à bien la mission de la SNSM : sauver des vies humaines.

Yann Deban, Soutien local de forma­tion

Article publié dans le maga­­­­­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­­­­­tage n°166 (4e trimestre 2023)