Un homme tombé de kayak sauvé de justesse par la SNSM dans le Morbihan

Tombé à l’eau lors d’une sortie de club orga­ni­sée en novembre 2021 dans le golfe du Morbi­han, un kaya­kiste est resté près d’une heure dans l’eau sans parve­nir à remon­ter dans son embar­ca­tion. Sa forma­tion, un bon équi­pe­ment et une excel­lente coor­di­na­tion des moyens de secours lui ont sauvé la vie, de justesse. Décou­vrez le témoi­gnage audio et le récit du rescapé.

Un homme faisant du kayak par beau temps
Le kayak de mer a de plus en plus d’adeptes, mais toutes les sorties ne se font pas, comme sur cette photo d’archive, par un beau temps d’été. © Pixabay

Un beau soleil d’hi­ver. Froid, comme la mer à 14°C, avec un vent glacial de nord-est de force 6 Beau­fort. Il en faut davan­tage ce 23 novembre 2021 pour décou­ra­ger huit membres du CKCV, le Canoë Kayak Club de Vannes, qui orga­nise régu­liè­re­ment le mardi matin une sortie dans le golfe du Morbi­han. La mer descend et, combiné avec le vent, le courant de marée de la Jument peut expé­dier vers le large quiconque s’ap­proche de la sortie du golfe. En trois ans de pratique régu­lière et d’exer­cices, Philippe Jehanno, 62 ans, kaya­kiste licen­cié au CKCV, a appris à compo­ser avec les éléments.

Décou­vrez son témoi­gnage en son et en images ci-dessous :

Ce matin-là, le groupe renonce à s’en­ga­ger dans le courant de la Jument (un des plus puis­sants d’Eu­rope) et fait une pause en eau calme avant de prendre le chemin du retour, vers 11 heures. Philippe Jehanno a encore la gorge nouée, début janvier, en racon­tant la suite. À l’ar­rière de la flotte, l’un des parti­ci­pants est en diffi­culté. Les kaya­kistes les plus proches vont l’ai­der. La flotte s’étire et deux groupes se créent. Philippe Jehanno se trouve isolé entre les deux et personne ne le voit chavi­rer. Il parvient à se déga­ger et à remettre son bateau à l’en­droit, mais pas à remon­ter à bord, manœuvre diffi­cile sans assis­tance, surtout dans ces condi­tions météo. Il se souvient des consignes : tenir le kayak par la pointe et ne pas le lâcher en atten­dant d’avoir de l’aide. Il tente bien de diri­ger son embar­ca­tion vers un rocher ou une bouée pour s’y agrip­per, mais le courant est le plus fort et il est litté­ra­le­ment expulsé du golfe !

« Au début, je me disais : « ils vont s’aper­ce­voir que je ne suis pas là et déclen­cher les secours. » J’at­ten­dais, puis c’est devenu diffi­cile. Je pensais à mes filles, j’étais content de les avoir vues, d’avoir fait des choses avant de… Je pensais que c’était la fin. À 62 ans, c’est dommage de mourir aujour­d’hui.  »

Je pensais que c’était la fin.

La vedette de sauvetage de la SNSM d’Arzon - Port-Navalo en train de récupérer le kayakiste en difficulté vue du ciel
L’équi­page de la station d’Ar­zon – Port-Navalo récu­père le kaya­kiste à bord de la vedette pour le mettre en sécu­rité. © SNSM

Impres­sion­nante coor­di­na­tion des acteurs du secours en mer pour venir en aide au kaya­kiste tombé à l’eau

Il ignore que le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) Étel a été alerté par un appel au 196, le numéro d’ur­gence des secours en mer, et a engagé le semi-rigide SNS 739 Patron Alain Lamou­reux de la station SNSM du Golfe du Morbi­han, ainsi que la vedette SNS 145 Féli­cien Glajean de la station d’Ar­zon – Port-Navalo. L’hé­li­co­ptère de la gendar­me­rie se joint aux recherches, ainsi que Dragon 56, celui de la Sécu­rité civile. À terre, deux patrouilles de gendarmes complètent le dispo­si­tif.

« Nous avons commencé à faire des lacets travers au courant pour tenter de le repé­rer en mettant tous nos cano­tiers autour de la passe­relle avec des jumelles, raconte le président de la station d’Ar­zon – Port-Navalo, Domi­nique Samuel. Nous avions aussi notre caméra ther­mique, d’une portée de 800 mètres. Très vite, l’hé­li­co­ptère de la gendar­me­rie nous a dit avoir repéré le naufragé. Il nous a guidés et nous l’avons rejoint en quelques minutes.  »

L’homme tombé de son kayak est téta­nisé de froid

Utili­sant sa trappe arrière, la vedette a pu récu­pé­rer le naufragé à 11 h 55. « En hypo­ther­mie, il ne bougeait plus, était complè­te­ment téta­nisé. Dans la passe­relle, chauf­fage à fond, nous l’avons désha­billé, couvert et sécu­risé, pour­suit Domi­nique Samuel. Nous n’avons pas arrêté de lui parler. Il était telle­ment téta­nisé que nous n’ar­ri­vions pas à lui plier les bras pour lui enle­ver sa combi­nai­son. C’était impres­sion­nant. Pour­tant, il était bien équipé, combi­nai­son, surcom­bi­nai­son, un coupe-vent, un casque, des gants et des chaus­sons. Il était grand temps qu’on le sorte de là.  »

Dans ces condi­tions, le SAMU de Coor­di­na­tion Médi­cale Mari­time a préco­nisé son trans­fert à l’hô­pi­tal de Vannes par l’hé­li­co­ptère Dragon 56 posé à côté du VSAV des pompiers d’Ar­zon, qui l’a pris en charge au port du Crouesty.


L’ana­lyse de Domi­nique Samuel : « Ne pas quit­ter son bateau l’a sauvé. »

« Nous sommes très satis­faits de la colla­bo­ra­tion entre le CROSS et les unités enga­gées, les héli­co­ptères, les pompiers, la gendar­me­rie… Un panel de moyens a œuvré ensemble pour sauver cet homme. Et cette colla­bo­ra­tion a été très effi­cace. Il était bien équipé, heureu­se­ment pour lui. On sent que c’est quelqu’un qui a la maîtrise de sa passion. Une chose extrê­me­ment posi­tive de sa part, il n’a pas quitté son bateau. C’est ce qui l’a sauvé. »

Comme trop souvent, les sauve­teurs regrettent que les pratiquants n’aient pas davan­tage le réflexe de choi­sir des équi­pe­ments aux couleurs plus visibles. Gilles Le Floc’h, président de la station du Golfe du Morbi­han, suggère d’avoir sur soi une petite VHF portable étanche pour aler­ter en cas de diffi­culté. Et, bien sûr, le brace­let étanche DIAL est toujours dispo­nible à la boutique de la SNSM pour sécu­ri­ser tous les pratiquants de sports nautiques proches de la côte.


Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Article rédigé par Domi­nique Malé­cot, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°159 (1er trimestre 2022)


Équi­pages enga­gés

Vedette de première classe SNS 145 Féli­cien Glajean

Patron titu­laire : Emma­nuel Jaco­bée

Patron suppléant : Domi­nique Samuel

Méca­ni­cien : Serge Le Port

Méca­ni­cien / SNB1 : David Robert

Équi­piers : Georges Bour­geois, Mathieu Le Barbier, Alain Saul­nier

Station SNSM du Golfe du Morbi­han Semi-rigide SNS 739 Patron Alain Lamou­reux

Patron suppléant : Laurent Malet

Équi­pier : Philippe Rommé

Nageur de bord : Serge Rous­sel

 

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