Aline Marmin, nageuse sauveteuse et formatrice bénévole

Aline Marmin, nageuse sauve­teuse sur les plages, n’a pas résisté long­temps à l’en­vie de trans­mettre, elle aussi, son savoir. Deve­nue forma­trice SSA (surveillance et sauve­tage aqua­tique) et marine jet (sauve­tage en Jet-Ski) au centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion de Lille et au Pôle natio­nal de forma­tion de la SNSM, elle consacre plusieurs jours par mois à l’ap­pren­tis­sage de la théo­rie et des tech­niques de sauve­tage à desti­na­tion des actuels ou futurs sauve­teurs SNSM.

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Nageuse sauveteuse et formatrice bénévole, Aline encadre notamment les stages surveillance et sauvetage aquatique, marine jet et les formations de formateurs ©SNSM

Sur son quoti­dien, Aline Marmin se livre volon­tiers

Je suis ensei­gnante au collège SEGPA de Lille. L’éta­blis­se­ment assiste des collé­giens en grande diffi­culté scolaire ou sociale. Dans cette section adap­tée, j’en­cadre les ateliers de cuisine, d’en­tre­tien du linge et des locaux. Ces jeunes ont une quin­zaine d’an­nées et sont en diffi­culté. Ils ont besoin d’aide, en pleine recherche d’une orien­ta­tion profes­sion­nelle.

Assis­ter, aider.

Le week-end, c’est SNSM. Aline a entamé son parcours auprès de la SNSM en 2014, puis a suivi une forma­tion spécia­li­sée à Larmor-Plage en octobre 2016, pour deve­nir elle-même forma­trice au centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion de Lille.

Le centre est basé là-bas pour la théo­rie et l’en­traî­ne­ment. Lors de la forma­tion mer, nous nous rendons sur la plage de Grave­lines, proche de Calais.


Pour faci­li­ter l’ac­cès à la forma­tion, les stages de prin­temps et d’au­tomne, d’une durée totale d’une dizaine de jours, sont répar­tis sur les week-ends, étalés sur deux mois. Le programme est chargé. D’abord les risques liés aux éléments natu­rels et aux usagers. Suivent la struc­ture d’un poste de secours et le dérou­le­ment d’une surveillance.

« C’est théo­rique, mais c’est du concret », nuance Aline. « Par exemple : comment faire pour ne pas être distrait durant sa surveillance ? Et tous les éléments pour que les sauve­teurs sachent à quoi s’at­tendre quand vien­dra l’été. Il y en a qui connaissent bien et d’autres qui découvrent les courants, les vagues… Le secret, c’est d’al­ter­ner théo­rie et pratique, sinon, on ne retient plus rien ! »

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Pilo­ter un Jet-Ski en toute sécu­rité : l’un des objec­tifs du stage marine jet ©SNSM

Tout y passe : tech­nique de la planche de sauve­tage, le rescue tube (bouée jaune de sauve­tage) ou l’IRB (bateau pneu­ma­tique). Le but est de repro­duire le plus fidè­le­ment des cas concrets, en mettant les stagiaires en situa­tion de poste de secours, en surveillance
jusqu’à l’in­ter­ven­tion sur une victime.

On est au plus proche de la réalité. On recherche la façon la plus effi­cace pour récu­pé­rer, rame­ner, dépo­ser.

Le marine jet, le sauve­tage en Jet-Ski, c’est plus récent. Aline précise : « En octobre 2019, nous avons commencé à former les sauve­teurs au sauve­tage avec Jet-Ski. C’est très diffé­rent. D’ha­bi­tude, on inter­vient soit avec un Zodiac, soit avec une planche
ou un sled, une sorte de traî­neau flot­tant. Il s’agit d’une forma­tion complé­men­taire, qui permet d’in­ter­ve­nir plus rapi­de­ment en Jet-Ski, en remon­tant les vagues. C’est parti­cu­liè­re­ment utile contre la houle en Atlan­tique. »

Ambiance studieuse, mais convi­viale. À Grave­lines, les sand­wiches sont dégus­tés le midi sur la plage. Le soir, la base de voile locale devient un gîte. « La forma­tion de sauve­teur, c’est assez détendu ; on s’ef­force de créer une cohé­sion. On est là pour bien s’en­tendre, c’est impor­tant ! C’est pour cela que j’aime bien y passer autant de week-ends », admet Aline. Avant de glis­ser mali­cieu­se­ment : « Je ne suis pas mariée, je n’ai pas d’en­fant ; je peux y consa­crer le temps que je souhaite ! »


Aider, un leit­mo­tiv depuis l’en­fance

Depuis 2018, Aline encadre égale­ment les forma­tions de forma­teurs. Elle prend un véri­table plai­sir à animer ces sessions riches en profils variés et en partages d’ex­pé­rience. Natu­rel­le­ment, la ques­tion se pose. D’où viennent cette éner­gie et un tel enthou­siasme ? Pourquoi a-t-elle poussé un jour la porte de la SNSM ? Aline hésite un instant, puis livre son histoire. C’est dans les vents salés des plages du Nord que tout a commencé. Les week-ends dans le mobile home fami­lial, basé au camping de Berck-sur-Mer, un peu au-dessus de la Somme. Et surtout, les sorties plage entre amis. « J’y vais depuis mon enfance. Tous les étés, je regar­dais de loin le sauve­teur sur son Zodiac. Bien que je ne l’ai vu inter­ve­nir qu’une seule fois, j’ai natu­rel­le­ment eu envie de faire la même chose ! Ça m’a toujours attiré : être en contact avec les gens, ça m’ap­porte beau­coup. »

Tech­nique et péda­go­gie


Alors âgée d’une ving­taine d’an­nées, Aline rejoint la grande famille des Sauve­teurs en Mer. Mais son aven­ture ne s’ar­rête pas là.

Former, c’était une vraie envie, dès la première année. Je ne m’y atten­dais pas aussi tôt !

Aline a inté­gré l’équipe des forma­teurs deux ans plus tard.

Il y avait un besoin de forma­teurs, et j’étais deman­deuse.

L’été dernier, alors qu’Aline était en poste en Norman­die, un jeune sauve­teur de la plage voisine est venu à sa rencontre. La parole facile, il lui a conté dans le détail son dernier passage à l’ac­tion. L’ar­rêt cardiaque d’un homme en pleine baignade. L’in­ter­ven­tion pour aller cher­cher la victime et, surtout, les gestes pour prendre la venti­la­tion dans l’eau. Avant de conclure, recon­nais­sant : « J’ai suivi tout ce que vous m’aviez dit. » Aline l’avait formé l’an­née précé­dente.

C’est ce qui me plaît dans la forma­tion : aider, être au contact des gens, et trans­mettre à la fois les gestes et ma passion.

Et de conclure : « Pour moi, un forma­teur, c’est juste un sauve­teur qui connaît bien ses tech­niques et qui a de la péda­go­gie. »

Portrait de Ludo­vic Decré­quy, paru dans le Maga­zine Sauve­tage n°153 (3ème trimestre 2020).