Dix personnes sauvées, dont une mère et son bébé

Alors que leur vedette à moteur menace de sombrer, un équi­page de trois marins et leurs sept passa­gers sont secou­rus pour partie par le SNS 004 Bailli de Suffren III devant la plage de Pampe­lonne. La mise en sûreté de leur vedette de 27 m sera autre­ment plus compliquée.

Le compartiment moteur et certaines cabines du Notorious, vedette de 27 m, se remplissaient d’eau.
Le compartiment moteur et certaines cabines du "Notorious", vedette de 27 m, se remplissaient d’eau. © SNSM

Sale temps sur le golfe de Saint-Tropez, battu par un vent de nord/nord-est de force 6. Prudent, Frédé­ric Saveuse, président de la station SNSM, a choisi d’en anti­ci­per les consé­quences ce 28 juin 2022. Lui et ses cano­tiers sont en alerte, le canot tous temps SNS 004 Bailli de Suffren III est prêt à appa­reiller dans l’ins­tant. En début d’après-midi, le CROSS traite en rafales les demandes d’as­sis­tance. Ici, devant le port, un bateau dont les voiles se sont déchi­rées (un navire à passa­gers se dérou­tera). Là, aux Canou­biers, un voilier, qui n’aura fina­le­ment pas besoin d’aide. Plus loin, au cap Taillat, à quarante minutes de navi­ga­tion, aux limites de la zone d’in­ter­ven­tion de la station, un autre voilier est drossé sur les rochers. Les sauve­teurs se dirigent vers lui au moment où le CROSS les engage sur un autre Mayday : devant la plage de Pampe­lonne, le Noto­rious, une vedette à moteur de 27 m, menace de sombrer, avec dix personnes à son bord.

Des tonnes d’eau se déversent par bâbord dans son compar­ti­ment moteur et les cabines atte­nantes. Instable, le bateau s’en­fonce. Son naufrage est certain. Son capi­taine a déployé le radeau de survie, y a fait passer une mère et son bébé de huit mois, deux autres passa­gers et l’un de ses marins. Depuis la plage, les sauve­teurs ont rapi­de­ment récu­péré les cinq personnes – dont la mère et son enfant – pour les conduire à l’abri d’un  restau­rant. Lorsque le Bailli de Suffren III se présente, six personnes sont encore à bord. Cinq sont récu­pé­rées sur un second trajet de la survie, le capi­taine restant sur la vedette. « Il a très bien géré la situa­tion, souligne Chris­tophe Manent, patron du canot tous temps en charge de l’in­ter­ven­tion. Mais cet événe­ment montre que même les marins profes­sion­nels, qui connaissent bien leur bateau, peuvent avoir des diffi­cul­tés. »

8 000 litres de fuel dans les réser­voirs

Quelques manœuvres encore et le Bailli de Suffren III peut trans­fé­rer deux cano­tiers et deux pompes d’as­sè­che­ment sur le Noto­rious. Dans la partie de la coque bâbord, l’eau monte déjà à 1,50 mètre. Les moto­pompes étalent à peine la voie d’eau. Une troi­sième est livrée par le semi-rigide SNS 663 Mari­lise de la station. La vedette prête à sombrer est un danger pour la navi­ga­tion, doublé d’un risque pour l’en­vi­ron­ne­ment : plus de 8 000 litres de fuel se trouvent dans ses réser­voirs. Le SNS 004 la prend donc en remorque, direc­tion un chan­tier de Cogo­lin. Seules cette struc­ture et sa grue peuvent mettre le Noto­rious au sec pour répa­ra­tion.

SNSM Sauvetage vedette en mer
Les sauve­teurs viennent en aide aux naufra­gés réfu­giés dans un canot de survie. © SNSM

Encore faudrait-il que le chan­tier s’en­gage à s’oc­cu­per du bateau. Mais il hésite, car la prise en charge du Noto­rious – battant pavillon maltais – est condi­tion­née par une garan­tie de son assu­reur. Quand les secours de la SNSM ou des pompiers sont rapides, ceux du secteur privé sont souvent plus lents. « Plus durait ce blocage, plus nous en étions les otages », peste Frédé­ric Saveuse. Au télé­phone, il remue ciel et terre. Aler­tée par le CROSS Med, soute­nue par le maire de Cogo­lin, la préfec­ture mari­time de Toulon prend le relais. Alors que le convoi s’ap­proche, elle donne une injonc­tion au chan­tier récal­ci­trant de mettre le Noto­rious en sécu­rité, qui obtem­père.

Des motopompes ont été installées sur le Notorious pour tenter d’étaler la voie d’eau.
Des moto­pompes ont été instal­lées sur le Noto­rious pour tenter d’éta­ler la voie d’eau. © SNSM

Même à quai, la vedette conti­nue de s’en­fon­cer. Des barrages anti­pol­lu­tion sont instal­lés par précau­tion. Des pompiers inter­viennent, d’abord avec une quatrième moto­pompe, puis avec un camion pompe. Mais la voie d’eau est telle qu’un second camion pompe doit inter­ve­nir. Quand la vedette de 27 m retrouve ses lignes, l’ori­gine de la fuite est colma­tée. Il est minuit passé lorsque le Bailli de Suffren III et son équi­page rejoignent leur port de base, après presque huit heures de bataille pour ces sauve­teurs et dix passa­gers sauvés, dont un bébé, un bateau hors de danger et sécu­risé.

Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

 


Équi­pages enga­gés

 

Canot tous temps SNS 004 Bailli de Suffren III

Radio navi­ga­teur :  Frédé­ric Saveuse

Chef de pont : Martial Psaila

Nageurs de bord : Alain Allard et Jérôme Wehr­len

Cano­tiers : Gérald Céri­sola, René Bouche­rot, Stephane Von Croy

 

Semi-rigide SNS 663 Mari­lise

Patron suppléant : Chris­tian Fauret

Cano­tiers : Alexandre Rey, Josse­lin Rameau


Article rédigé par Patrick Moreau, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°161 (3ème trimestre 2022)