Vous militez depuis quinze ans pour que le secteur maritime, responsable de 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, prenne en compte les enjeux environnementaux. Avez-vous été entendu ?
J’étais, à l’époque – et je le suis toujours –, indéniablement convaincu qu’il fallait bouger les choses et porter une grande attention aux sujets environnementaux. Je n’ai pas eu à mener ce combat en France, car presque tous les armateurs étaient sur la même longueur d’onde. Nous étions conscients que ce serait un aspect essentiel pour nos entreprises. Malheureusement, cela n’a pas été le cas partout dans le monde. D’autres ont considéré qu’il n’était pas nécessaire de se faire mal trop tôt. Résultat, aujourd’hui, nous allons être obligés de nous faire très mal. Les problèmes que nous n’avons pas réglés nous reviennent en boomerang. Des décisions réglementaires extrêmement dures, mais justifiées, vont arriver, comme celles qui ont été prises par l’Organisation maritime internationale en juillet [Ndlr : les pays membres de cette agence des Nations unies ont adopté un objectif d’émissions de gaz à effet de serre nettes nulles « d’ici ou aux alentours de 2050 »]. Cela va sans doute changer les données globales du maritime.
Pensez-vous que cette régulation portera ses fruits ? Est-elle suffisante ?
Oui, si les réglementations sont mondiales. Des mesures locales seraient inutiles et injustes. En revanche, j’espère que toute taxe envisagée bénéficiera au secteur maritime afin qu’il s’améliore, notamment pour réformer la flotte mondiale, qui ne correspond pas du tout aux normes qui seront celles de demain. Il va impérativement falloir imaginer de nouveaux bateaux, de nouveaux carburants, de nouvelles applications, et cela va coûter très cher. Je regrette que cela arrive si tardivement.