Vers 2 heures du matin, le Sea Lion, un navire à moteur de plus de 9 mètres, lance un appel de détresse par téléphone, croyant être échoué à Saint-Martin. Les SNS 129 de Saint-Martin et 269 de Saint-Barthélemy sillonnent la zone, en vain, durant deux heures. À 4 h 27, le CROSS déclenche l’hélicoptère de la gendarmerie Charlie Whisky pour une reconnaissance sur la Guadeloupe.
Deux heures plus tard, à 6 h 46, au lever du soleil, l’équipage de la vedette SNS 263 Fotis G. Poulides de Pointe-à-Pitre – dont je fais partie – arrive sur zone, guidé par l’hélicoptère. Nous attendons l’arrivée des gendarmes de la brigade nautique de Pointe-à-Pitre avant de nous porter au contact du Sea Lion, comme l’imposent les procédures, quand il s’agit de migrants qui ne sont pas en danger immédiat. Nous constatons tous la situation critique du Sea Lion, échoué sur la barrière de corail, à proximité de l’îlet Caret. Grâce à une reconnaissance par le large, un gendarme et un nageur de bord de la vedette établissent un premier bilan : malgré la foule compacte sur le pont du bateau, aucun blessé n’est à déplorer.
L’état de la mer ne permet pas de secourir les naufragés par ce côté de la barrière. Notre vedette emprunte donc une passe de traverse, par l’intérieur du lagon, pour se rendre avec précaution jusqu’au lieu du sinistre, dans une zone mal hydrographiée et parsemée de patates de corail. Nous parvenons néanmoins à nous approcher à une centaine de mètres.
À 7 h, un Zodiac de la gendarmerie maritime nous rejoint et peut mouiller à cinquante mètres du navire. Une ligne de vie est établie entre le pneumatique et l’embarcation. Les nageurs entreprennent de faire passer chaque naufragé jusqu’au Zodiac. Ils sont ensuite emmenés par un autre semi-rigide, qui les répartit vers les navires de l’État (Affaires maritimes, pompiers, douanes, gendarmerie), ayant rejoint la zone.
La SNS 268 Karukera de Basse-Terre arrive en renfort mais ne sera finalement pas sollicitée car sa mâture fixe (contrairement à la nôtre) ne lui permet pas de passer sous les deux ponts de la rivière salée pour rejoindre Pointe-à-Pitre, où se trouve le point de débarquement prévu pour les naufragés.
Cinq femmes, dont une enceinte, et un bébé sont transférés en priorité sur notre unité. Nous les réconfortons et leur fournissons boissons et biscuits, avant qu’elles ne soient prises en charge par le semi-rigide des douanes, qui rallie le point de débarquement – le grand port maritime de la Guadeloupe – avant nous.
Cette opération d’envergure, pour une prise en charge sanitaire et sécurisée, a mobilisé huit embarcations dont quatre SNSM pendant plus de cinq heures : Pointe-à-Pitre, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, soutenus par Basse Terre prévu en renfort.
Nos sauveteurs sont équipés et entraînés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Article rédigé par Caroline Guézille, diffusé dans le magazine Sauvetage n°156 (2ème trimestre 2021)
Équipages engagés
SNS 263 Fotis G. Poulides – Pointe-à-Pitre
Patron : Fabrice Lemesnager
Nageur de bord : Christophe Grasset
Équipiers : Josué Gervalas, Caroline Guezille
SNS 129 Notre-Dame-de-la- Garoupe – Saint-Martin
Patron : Tim Roosens
Sous-patron : Nicolas Marull
Équipiers : Nicolas Obry, Nike Palaj
SNS 269 Capitaine Danet – Saint-Barthélémy
Patron : Jérôme Pellerin
Nageurs de bord : Jean-Noël Ledee, Julien Lestin, Steeve Ruillet
Mécanicien : Eric Saint-Pierre
Secouriste : Carole Genton