Avis de tempête : ayez les bons réflexes en mer et à terre

Rail de dépres­sions, jet-stream, ces mots font parfois écho à une actua­lité drama­tique : les tempêtes. Comment limi­ter les dégâts en mer et à terre ?

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Canot tous temps dans la tempête © Nicolas Régnier

Des rafales records ont parcouru la France en 2023 : 155km/h sur l’ile d’Olé­ron, 207 km/h dans le Finis­tère. En mer ou sur terre, les dégra­da­tions sont souvent mémo­ra­bles… Coupure d’élec­tri­cité, arbres sur la chaus­sée, la situa­tion peut vite être dange­reuse mais une préven­tion effi­cace peut empê­cher les acci­dents.

Rensei­gnez-vous sur la météo et sachez renon­cer à une sortie en mer !

Une mauvaise météo peut s’avé­rer fatale pour un équi­page. Nausées, fatigue et affo­le­ment peuvent prendre le contrôle face à une mer agitée. Avant de partir, mieux vaut s’avoir où l’on s’aven­ture !

Le patron pêcheur ou le plai­san­cier qui veut faire une traver­sée un peu longue ne sont pas les seuls concer­nés par la météo. Tous ceux qui travaillent sur la mer ou y vont pour leur plai­sir doivent s’en inquié­ter et obser­ver le ciel, le vent et la mer, qu’ils soient à la plage, à la pêche à pied (pensez au risque de brouillard), en stand-up paddle, en kite­surf, en kayak de mer ou simples baigneurs. 

Ne lais­sez pas vos enfants jouer sans surveillance sur un mate­las gonflable au bord de la plage quand le vent de terre peut les pous­ser vers la mer ! Sur certaines plages surveillées, ce risque est indiqué par un drapeau noir et blanc en plus des tradi­tion­nels vert (baignade auto­ri­sée et surveillée), jaune (danger), ou rouge (baignade inter­dite). Une météo plus précise est affi­chée par les nageurs sauve­teurs. Les drapeaux n’en sont pas la traduc­tion auto­ma­tique, le chef de poste tient compte de son expé­rience du plan d’eau et de ses dangers.

Ne pas y aller quand le temps menace, c’est ne pas y aller … du tout, sur les côtes ou en pleine mer. Être capable de lais­ser le bateau sur place. C’est pourquoi il faut toujours prendre une marge de sécu­rité sur les derniers jours d’une croi­sière. C’est la prin­ci­pale utilité des anti­ci­pa­tions à sept jours ou plus : voir si le temps s’an­nonce plutôt maniable pour le retour. S’il y a un risque, il vaut mieux tenter ses premières routes de nuit – bien prépa­rées – pour être rentré par temps maniable. Pourquoi cette insis­tance ? Parce que, par mauvais temps, la terre et même le port deviennent les pires dangers. Rares sont les abris à très larges entrées proté­gés par de vastes avant-ports. Beau­coup d’en­trées de ports ou de mouillages deviennent très dange­reuses par mauvais temps. Même le demi-tour, une fois qu’on a constaté l’état de la mer, devient une manœuvre risquée.

Aujour­d’hui il est assez facile de prévoir les tempêtes, que ce soit par « le bulle­tin météo fourni par le CROSS (Centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage) ou encore Windy pour suivre les intem­pé­ries en temps réel  » explique Nico­las Thiollent, coor­­di­­na­­teur des soutiens locaux de forma­­tion de la SNSM. «  Il faut croi­ser les sources pour être au mieux préparé  » ajoute-t-il. Vous pouvez aussi consul­ter la météo en temps réel direc­te­ment sur Météo-France.

Connaître le temps est néces­saire et s’ajoute au fait de déchif­frer la mer ; suivre la hauteur des vagues, pour ne pas se retrou­ver dans un creux et mettre en danger l’équi­page. 

Face à une grosse tempête, on ne sort pas. Il vaut mieux ne pas prendre ni pour soi, ni pour les sauveteurs qui viendraient nous porter secours .
Nicolas Thiollent
Coor­di­na­teur des soutiens locaux de forma­tion de la SNSM

Que faire si vous êtes pris dans une tempête en pleine mer ?

Il est parfois impos­sible de rentrer à terre. Alors que faire si vous êtes déjà sur mer ?

Le premier conseil est de «  recher­cher une zone d’abris et préve­nir le CROSS, affirme Nico­las Thiollent, cela permet d’an­ti­ci­per et de réagir rapi­de­ment en cas de danger ».

En parta­geant votre posi­tion, vous gagnez quelques minutes vitales pour un sauve­tage. Par la suite, il faut sécu­ri­ser l’équi­page. « L’im­por­tant c’est de se longer, de porter un gilet et de se mettre en sécu­rité en fermant les portes si le bateau est insub­mer­sible » préco­nise-t-il. Pour limi­ter les dégâts amar­rer vos objets person­nels, un auto­cui­seur ou une caisse à outils qui volent à travers une cabine peuvent faire très mal. 

Gardez à dispo­si­tion le maté­riel de sécu­rité : fusée de détresse, pompes d’as­sé­che­ment, radio, GPS, bouée.

La panique peut rapi­de­ment monter, il est essen­tiel de savoir évaluer la situa­tion, « Il faut connaître ses limites et celles de son équi­page » insiste Nico­las Thiollent. En amont, pour mieux réagir, « Il faut comprendre comment se posi­tion­ner face à la mer, quitte à prendre des cours de météo, conti­nue-t-il, le baro­mètre permet de se posi­tion­ner par rapport au front et d’af­fron­ter au mieux la tempête  ». 

Quelles précau­tions prendre face à une tempête sur la terre ferme ?

Les béné­voles de la SNSM inter­viennent souvent pour aider à remorquer des embar­ca­tions à la dérive dans les ports au lende­main des tempêtes. Les bateaux peuvent être marqués par les rafales de vents, se trou­ver à l’ho­ri­zon­tal sur l’eau ou carré­ment coulés. Pour éviter ces dégâts maté­riels, il faut « anti­ci­per l’amar­rage de son embar­ca­tion, sur le corps mort, explique Nico­las Thiollent, doubler les amarres, mettre des pare-battages ». Une fois votre embar­ca­tion sécu­ri­sée, c’est à vous de vous proté­ger ! 

  • Prévoyez un kit d’ur­gence 72 h. Beau­coup de foyers se sont retrou­vés sans élec­tri­cité à la suite des tempêtes de 2023. Or, mieux vaut préve­nir que guérir. Pour ça, prépa­rez le néces­saire dans un endroit facile d’ac­cès. Vous trou­ve­rez toutes les infor­ma­tions sur le kit 72 h sur la page du site du gouver­ne­ment Géorisques.
  • Lorsque l’alerte est déclen­chée, essayez de ranger tout ce qui pour­rait être emporté dehors. Fermez par la suite vos portes et volets pour être en sécu­rité à l’in­té­rieur de votre domi­cile.
  • Pendant la tempête, limi­tez vos dépla­ce­ments et coupez le courant en amont pour éviter les surac­ci­dents (surten­sions élec­triques, courts-circuits, fuite de gaz). Préve­nez le 18 ou le 112 en cas de danger.
  • Après la tempête, si vos biens ont été abimés, vous avez 5 jours pour le décla­rer auprès de votre assu­reur.

Kayaks : attention au-delà d'un vent force 3 !

Nous vous propo­sons deux extraits du petit guide kayak, préparé par la direc­tion des affaires mari­times du minis­tère du déve­lop­pe­ment durable, en parte­na­riat avec l’École natio­nale de voile et de loisirs nautiques, et les repré­sen­tants des asso­cia­tions de pratiquants :

  • Limi­tez vos sorties à des forces de vents égales ou infé­rieures à force 3. Consul­tez systé­ma­tique­ment les prévi­sions météo locales avant d’ef­fec­tuer votre sortie. Le vent et les condi­tions de navi­ga­tion peuvent évoluer rapi­de­ment ! Soyez parti­cu­liè­re­ment prudent quand il y a du vent de terre (du vent venant de la terre).
  • La vitesse moyenne d’un kayak « sit on top » ne dépasse pas 3 nœuds par temps calme et mer plate, soit la vitesse d’un bon marcheur. Mais dès que le vent atteint la force 3 Beau­fort (15 km/h), le néophyte ne dépasse pas la vitesse de 2 nœuds face au vent. Il lui faudra alors plus d’une heure pour rallier un abri se situant à 2 milles nautiques (un peu moins de 4 km). Sachez aussi qu’un kaya­kiste néophyte consomme deux fois plus d’éner­gie qu’un kaya­kiste expé­ri­men­té et que cette diffé­rence est ampli­fiée dès que le vent forcit.