Dix heures de remorquage pour secourir un chalutier au large de la baie d’Audierne

En janvier 2023, le SNS 083 Prince d’Eckmühl est venu en aide à un chalu­tier en détresse à plus de 20 milles marins des côtes. Le retour, dans une mer formée, a été ardu.

Le SNS 083 sortant du port
Le "SNS 083 Prince d’Eckmühl" et ses 380 chevaux ont mis deux heures pour rejoindre le chalutier en détresse, situé à 20 nautiques de la côte © Jean-Yves Nicol

On sait les parages de la pointe Bretagne et de l’île de Sein parti­cu­liè­re­ment « déli­cats », compte tenu des courants, des fonds marins, des vagues et des vents, qui y créent fréquem­ment des condi­tions de navi­ga­tion diffi­ciles. Notam­ment en hiver, où le froid aggrave les situa­tions.

Mardi 17 janvier. Il est 20 h 37 lorsque le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage CROSS Corsen enre­gistre un appel VHF envoyé par le chalu­tier français La Houle. Il se situe à 20 nautiques (envi­ron 36 kilo­mètres) au large de la baie d’Au­dierne, dans le sud de la chaus­sée de Sein. Son hélice est enga­gée et le navire, privé de propul­sion, est immo­bi­lisé.

À bord de celui-ci, long de 22,86 mètres et jaugeant 180 tonnes, l’équi­page de cinq personnes rentre de quinze jours de pêche. Tout allait bien, jusqu’à ce que le voyage soit inter­rompu par un bout ou un câble pris dans l’hé­lice. Depuis la vieille, la météo n’est pas très bonne. Le vent de nord/nord-est de force 6 est bien soutenu. L’écume blanche écrête les lames, qui explosent sur la coque et les super­struc­tures du navire de pêche. Capeyant travers aux vagues, il roule bord sur bord.

Équi­page opéra­tion­nel en quinze minutes

L’alerte donnée, tout va très vite. À 20 h 45, les béné­voles de la station de Saint-Guénolé - Penmarc’h (Finis­tère) sont préve­nus. Un quart d’heure plus tard, le SNS 083 Prince d’Eckmühl appa­reille depuis le port bigou­den.

Après deux heures de navi­ga­tion, les sauve­teurs arrivent à proxi­mité du chalu­tier. Malgré les creux impor­tants, une aussière est envoyée pour rendre possible le remorquage du navire en détresse. L’opé­ra­tion débute vers 23 h 20 et le convoi fait route vers le port du Guil­vi­nec, dans des vagues de 4 à 6 mètres. Le trajet retour se déroule à seule­ment 3 nœuds, car il faut gérer le poids consé­quent et la forte prise au vent du navire remorqué.

Il est 9 h 29 lorsque le SNS 083 entre dans le port du Guil­vi­nec, où le chalu­tier La Houle et son équi­page s’amarrent en sécu­rité. Le sauve­tage a duré dix heures ! Le choix du Guil­vi­nec a été fait en accord avec le patron du chalu­tier, « mais aussi parce que la passe d’en­trée de Saint-Guénolé est dange­reuse par ce temps  », précise Frédé­ric Mati­vat, le président de la station.

Une demi-heure plus tard, après avoir contourné la pointe de Penmarc’h, le SNS 083 rega­gnait sa base, des sauve­teurs four­bus à son bord.

Équipage engagé

Canot tous temps
SNS 083 Prince d’Eckmühl

Patron : Chris­tian Caou­dal

Patron adjoint : Gilles Char­lot

Méca­ni­cien : André Le Floc’h

Nageurs de bord : Frédé­ric Mati­vat, Sylvain Souron

Équi­piers : Éric Bariou, Chris­tian Boen­nec, Roger Henri Le Floc’h

Nos sauve­­­­teurs sont entraî­­­­nés et équi­­­­pés pour effec­­­­tuer ce type de sauve­­­­tage grâce à votre soutien, vous nous aidez à être présents la prochaine fois.

Article rédigé par Philippe Payen, diffusé dans le maga­­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­­tage n°164 (2ème trimestre 2023)