Les sauveteurs de Dunkerque secourent seize migrants au large des côtes

Le 4 octobre 2020, en fin d’après-midi, l’équi­page de la station de Dunkerque est appelé pour porter assis­tance à une embar­ca­tion en diffi­culté. Récit d’un sauve­tage périlleux, dans des condi­tions de mer diffi­ciles.

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« Dans l’attente des secours, le navire-citerne avait fait abri au vent pour protéger le bateau et éviter qu’il ne coule. » © SNSM Dunkerque

C’est le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) Gris-Nez qui déclenche l’alerte ce premier dimanche d’oc­tobre. L’après-midi touche à sa fin et le jour décline douce­ment. À 17 h 57 précises, les dix membres de l’équi­page du canot de sauve­tage Jean Bart II sont tous prêts à appa­reiller. À 28 milles des côtes (envi­ron 45 kilo­mètres), à la fron­tière des eaux anglaises et belges, un petit pneu­ma­tique de 5 mètres est en panne, perdu au milieu de nulle part. À son bord, seize migrants s’y entassent comme ils peuvent. Parti depuis presque 24 heures de Blériot-Plage, à l’ouest de Calais, l’équi­page cher­chait à rallier les côtes anglaises.

Emma­nuel Pelle­tier, le patron de la vedette, relate :

Sur place, j’ai demandé au navire Bro Nyborg, chimiquier de 144 mètres, de rester posi­tionné de manière à nous faire de l’abri le temps de récu­pé­rer les occu­pants de l’em­bar­ca­tion sur le canot

Des creux de 3 mètres

Il faut agir vite, d’au­tant que les condi­tions météo­ro­lo­giques compliquent la tâche des sauve­teurs. Le vent se lève
et les vagues viennent former des creux de 3 mètres. Le nageur de bord Vincent Loonis saute immé­dia­te­ment à l’eau pour amar­rer l’avant de l’em­bar­ca­tion avec un filin. À l’aide d’une drisse, le reste de l’équipe ramène le nez du bateau sur la plate­forme arrière du canot. Deux nageurs, main­te­nus par une longe de sécu­rité, s’y tiennent et assurent le trans­fert des personnes depuis le pneu­ma­tique vers la vedette SNSM.

« Un retour éprou­vant »

Malgré les condi­tions diffi­ciles, voire dange­reuses, les seize naufra­gés sont sains et saufs.
La fatigue est lisible sur les visages des migrants, qui présentent de légères hypo­ther­mies. Enve­lop­pés dans leurs
couver­tures de survie, ils se regroupent à la fois dans la cabine et, faute de place, sur le pont. Leur embar­ca­tion de fortune est remorquée par le canot de sauve­tage.

Il est alors 19 h 37 et il faut rentrer jusqu’à Dunkerque. « Ce fut un retour long et éprou­vant. On ne pouvait pas mettre toute la puis­sance des moteurs car nous étions dans une mer très forte de face. Nous étions à vitesse réduite, de l’ordre de 6 à 7 nœuds », rapporte Emma­nuel Pelle­tier.

Quatre heures plus tard, dans la nuit totale, le canot de sauve­tage de la SNSM accoste enfin au port de Dunkerque. Les migrants sont alors pris en charge par les auto­ri­tés de police, tout comme leur l’em­bar­ca­tion. Le courage et le sens du collec­tif de l’équi­page du Jean Bart II auront permis d’as­su­rer la sécu­rité des seize naufra­gés.

Une inter­ven­tion périlleuse et extrê­me­ment physique dont ils se souvien­dront.

Nos sauve­teurs sont entraî­nés et formés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Article rédigé par Julia Tour­neur dans le maga­zine Sauve­tage n°154 (4ème trimestre 2020)


L’en­ga­ge­ment de la SNSM : le sauve­tage des vies humaines

Dans le Pas-de-Calais, mais aussi en Guade­loupe et à Mayotte, les Sauve­teurs en Mer sont solli­ci­tés pour des missions de sauve­tage de migrants. Les équi­pages mettent tout en œuvre, y compris parfois au péril de leur vie, pour venir en aide aux personnes en diffi­culté en mer. Le sauve­tage de la vie humaine est la mission prin­ci­pale de la SNSM, sans consi­dé­ra­tion d’iden­tité ou de statut des personnes secou­rues.


Équi­page engagé

SNS 087 Jean Bart II

Patron : Emma­nuel Pelle­tier

Patron suppléant : Jean-Luc Muller

Méde­cin : Charles Hudelo

Nageurs de bord : Sébas­tien Carbon­nier, Céline Delan­noy, Jean-Marc Gosset et Vincent Loonis

Équi­piers : Laurent Desca­toire, Yannick Duriez et David Godin