C’est le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Gris-Nez qui déclenche l’alerte ce premier dimanche d’octobre. L’après-midi touche à sa fin et le jour décline doucement. À 17 h 57 précises, les dix membres de l’équipage du canot de sauvetage Jean Bart II sont tous prêts à appareiller. À 28 milles des côtes (environ 45 kilomètres), à la frontière des eaux anglaises et belges, un petit pneumatique de 5 mètres est en panne, perdu au milieu de nulle part. À son bord, seize migrants s’y entassent comme ils peuvent. Parti depuis presque 24 heures de Blériot-Plage, à l’ouest de Calais, l’équipage cherchait à rallier les côtes anglaises.
Emmanuel Pelletier, le patron de la vedette, relate :
Sur place, j’ai demandé au navire Bro Nyborg, chimiquier de 144 mètres, de rester positionné de manière à nous faire de l’abri le temps de récupérer les occupants de l’embarcation sur le canot
Des creux de 3 mètres
Il faut agir vite, d’autant que les conditions météorologiques compliquent la tâche des sauveteurs. Le vent se lève
et les vagues viennent former des creux de 3 mètres. Le nageur de bord Vincent Loonis saute immédiatement à l’eau pour amarrer l’avant de l’embarcation avec un filin. À l’aide d’une drisse, le reste de l’équipe ramène le nez du bateau sur la plateforme arrière du canot. Deux nageurs, maintenus par une longe de sécurité, s’y tiennent et assurent le transfert des personnes depuis le pneumatique vers la vedette SNSM.
« Un retour éprouvant »
Malgré les conditions difficiles, voire dangereuses, les seize naufragés sont sains et saufs.
La fatigue est lisible sur les visages des migrants, qui présentent de légères hypothermies. Enveloppés dans leurs
couvertures de survie, ils se regroupent à la fois dans la cabine et, faute de place, sur le pont. Leur embarcation de fortune est remorquée par le canot de sauvetage.
Il est alors 19 h 37 et il faut rentrer jusqu’à Dunkerque. « Ce fut un retour long et éprouvant. On ne pouvait pas mettre toute la puissance des moteurs car nous étions dans une mer très forte de face. Nous étions à vitesse réduite, de l’ordre de 6 à 7 nœuds », rapporte Emmanuel Pelletier.
Quatre heures plus tard, dans la nuit totale, le canot de sauvetage de la SNSM accoste enfin au port de Dunkerque. Les migrants sont alors pris en charge par les autorités de police, tout comme leur l’embarcation. Le courage et le sens du collectif de l’équipage du Jean Bart II auront permis d’assurer la sécurité des seize naufragés.
Une intervention périlleuse et extrêmement physique dont ils se souviendront.
Nos sauveteurs sont entraînés et formés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Article rédigé par Julia Tourneur dans le magazine Sauvetage n°154 (4ème trimestre 2020)
L’engagement de la SNSM : le sauvetage des vies humaines
Dans le Pas-de-Calais, mais aussi en Guadeloupe et à Mayotte, les Sauveteurs en Mer sont sollicités pour des missions de sauvetage de migrants. Les équipages mettent tout en œuvre, y compris parfois au péril de leur vie, pour venir en aide aux personnes en difficulté en mer. Le sauvetage de la vie humaine est la mission principale de la SNSM, sans considération d’identité ou de statut des personnes secourues.
Équipage engagé
SNS 087 Jean Bart II
Patron : Emmanuel Pelletier
Patron suppléant : Jean-Luc Muller
Médecin : Charles Hudelo
Nageurs de bord : Sébastien Carbonnier, Céline Delannoy, Jean-Marc Gosset et Vincent Loonis
Équipiers : Laurent Descatoire, Yannick Duriez et David Godin