Batz-sur-Mer. Sa côte sauvage allant du Pouligen au Croisic. Sa batterie-musée du mur de l’Atlantique, un monstre de 5 étages avec un canon, français, de 24 tonnes. Sa plage de sable ouverte plein sud : La Govelle. Un spot apprécié des familles. Des surfeurs aussi. Mais d’un usage strictement organisé par l’arrêté municipal 16–0081 signée de la mairesse Adeline L’Homen. Des barres rocheuses acérées encadrent la plage. Des rouleaux souvent puissants peuvent y déferler. Des courants traîtres complètent ce dispositif piégeur. D’où un poste de sauveteurs de la SNSM, des zones de baignades clairement définies, d’autres pour les sports de glisse nautique et une interdiction de mouillage.
Au secours du voilier en détresse
Quand, dimanche 10 juillet, le chef de poste organise son équipe avant l’ouverture de 13 h, il s’étonne qu’un voilier de 7 mètres danse et chasse sur son ancre. C’est une infraction. Ses évolutions posent un risque aux baigneurs. Un paddle SNSM part investiguer. Le skipper avec un chien pour mousse est en panne : sa drisse de grand-voile a cassé. Son moteur refuse. Bientôt le voilier talonne une barre rocheuse à fleur d’eau. Une évacuation s’impose. Elle est rondement menée. Mais, voraces, les rochers mordent la coque, s’attaquent au gel-coat. A chaque ressac, ils rongent le voilier en détresse. Il est condamné. Sauf qu’en accord avec le skipper et après avoir tenté diverses manœuvres, les Nageurs Sauveteurs définissent une ultime stratégie. Le manque de fond interdisant toute autre possibilité, il faut amener le voilier à la plage. Mais comment ?
Vingt sauveteurs et des vacanciers volontaires tirent sur les cordes pour sauver le voilier échoué
Après avoir extrait du bateau ce qui peut en être sauvé, les Nageurs Sauveteurs frappent alors deux longues haussières sur le voilier malmené.
Le chef de poste organise son équipe avant l’ouverture de 13 h, il s’étonne qu’un voilier de 7 m danse et chasse sur son ancre.
Reste encore à trouver plus de bras que l’équipe des sauveteurs ne peut offrir. La baignade étant maintenant fermée, des estivants volontaires se proposent. Bientôt, vingt costauds s’attèlent à chaque haussière comme pour un concours de force basque à la corde. Au portevoix, le chef de poste coordonne et synchronise les efforts des deux équipes. Le voilier se couche, dégageant ses fonds. Les vagues le portent petit à petit. Lentement, tirant de gauche, tirant de droite, les haleurs lui font passer la barre rocheuse. La coque blanche souffre, son intégrité aussi. Enfin le sable.
Vingt costauds s’attèlent à chaque haussière comme pour un concours de force basque à la corde.
Le voilier s’y pose comme une baleine échouée. La volonté, les muscles de 40 hommes et l’astuce des Nageurs Sauveteurs ont sauvé le voilier. Plus tard, il pourra être enlevé depuis la terre. Pour l’heure, les sauveteurs rouvrent la baignade, reprennent sans tarder leur veille attentive. Fin heureuse d’un épisode insolite.
Article de Patrick Moreau, paru dans le magazine Sauvetage n° 137 (3e trimestre 2016).
Nageurs Sauveteurs engagés
Chef de secteur : Patrick Auger
Chef de poste : Sébastien Carbonnier
Sauveteurs qualifiés : Maxime Baudry, Benjamin Nouvian, François Duclos