Nicolas Renaud, ancien directeur de CROSS, aujourd'hui inspecteur de la SNSM

Après avoir passé neuf ans comme offi­cier au centre régio­nal de surveillance et de sauve­tage (CROSS) Médi­ter­ra­née, Nico­las Renaud a dirigé celui de Nouvelle-Calé­do­nie pendant quatre ans, puis le CROSS Étel durant cinq années. Il a ensuite rejoint la SNSM en tant qu’ins­pec­teur respon­sable de la zone Médi­ter­ra­née. Il possède donc une vision unique du fonc­tion­ne­ment et des rapports de ces deux acteurs majeurs du sauve­tage en mer.

Nicolas Renaud
Nicolas Renaud, aujourd'hui inspecteur général pour la Méditerranée, a travaillé plus de 20 ans dans des CROSS. © D.R.

Qu’est-ce qui fait la réus­site d’une mission de sauve­tage ?

Les CROSS doivent gérer des opéra­tions dans des délais très contraints, avec, parfois, des enjeux de vie ou de mort. Dans une salle des opéra­tions de CROSS, l’im­mé­dia­teté est perma­nente. C’est pourquoi la prépa­ra­tion est très impor­tante afin d’être le plus effi­cace possible le moment venu. Il faut que les procé­dures et les méthodes soient claires et précises. 

Qui plus est, les CROSS ne disposent pas de moyens de sauve­tage, donc ils travaillent avec de nombreux parte­naires, avec qui ils doivent nouer des rela­tions solides : pompiers, mili­taires, Sécu­rité civi­le… et la SNSM, bien sûr.

La SNSM est-elle un parte­naire privi­lé­gié des CROSS ?

Plus que privi­lé­gié ! Les CROSS ont des échanges quoti­diens avec les Sauve­teurs en Mer, qui effec­tuent plus de 50 % des opéra­tions dili­gen­tées. Lorsque je diri­geais le CROSS Étel, j’ai rendu visite à de très nombreuses stations, rencon­tré de nombreux béné­voles et tissé des rela­tions parti­cu­lières avec certains d’entre eux. Pour­tant, je ne voyais que la partie émer­gée de l’ice­berg.

Qu’avez-vous décou­vert en rejoi­gnant la SNSM ?

Je me suis rendu compte de tout ce qu’il fallait pour que les béné­voles puissent inter­ve­nir. Depuis la salle des opéra­tions, c’est simple : on appelle les sauve­teurs et ils appa­reillent. Mais, en décou­vrant le fonc­tion­ne­ment de l’as­so­cia­tion, j’ai vu à quel point l’or­ga­ni­sa­tion des stations, la construc­tion des navires ou la forma­tion des béné­voles demandent du temps et du travail. Je ne m’at­ten­dais pas à décou­vrir une telle machine derrière les équi­pages opéra­tion­nels.

Au sein de l’association, les interventions en mer, que je coordonnais depuis les CROSS, ne sont que la partie émergée de l’iceberg.

En plus de 20 ans passés dans le monde du sauve­tage en mer, comment les choses ont-elles évolué ?

À la SNSM, une chose n’a pas changé : l’en­ga­ge­ment excep­tion­nel des béné­voles. En revanche, leur profil et leur niveau de forma­tion se sont énor­mé­ment déve­lop­pés. Ils sont aujour­d’hui extrê­me­ment bien entraî­nés, ils sont des « profes­sion­nels » du sauve­tage. Les CROSS se sont aussi beau­coup trans­for­més : quand j’y suis entré, en 2000, on travaillait encore sur des cartes en papier. Aujour­d’hui, chaque opéra­teur a de nombreux écrans devant lui et de multiples logi­ciels à dispo­si­tion qui lui permettent de trai­ter de nombreux événe­ments et de surveiller la zone effi­ca­ce­ment.

Propos recueillis par Nico­las Sivan.