L’engagement bénévole à la SNSM, un parcours d’exception

Témoi­gnage d’An­toine Leroy, Délé­gué pour la vie asso­cia­tive, sur l’en­ga­ge­ment des béné­voles à la SNSM.

Antoine Leroy
Antoine Leroy Délégué pour la vie associative à la SNSM © D.R.

Les précieux dona­teurs qui soutiennent les Sauve­teurs en Mer ont-ils conscience qu’il s’agit d’un béné­vo­lat d’ex­cep­tion, avec de grandes parti­cu­la­ri­tés ?

Dans le milieu asso­cia­tif, il est courant de distin­guer le temps du béné­vo­lat de celui consa­cré à sa famille, à ses études ou à ses acti­vi­tés profes­sion­nelles. Ce temps altruiste et finan­ciè­re­ment désin­té­ressé doit se plani­fier selon un équi­libre réflé­chi. Un choix s’im­pose ! Parfois, cela se révèle déli­cat pour le Sauve­teur en Mer, appelé à inter­ve­nir à tout moment, au même titre que les pompiers, les gendarmes et les poli­ciers. Cepen­dant, ces derniers béné­fi­cient d’un statut. Dans le monde du béné­vo­lat, cela n’existe pas. Au demeu­rant, il serait d’ailleurs bien complexe à créer, en raison de l’énorme variété des enga­ge­ments béné­voles asso­cia­tifs.

L’enga­ge­ment béné­vole à la SNSM se traduit par la signa­ture d’une charte d’en­ga­ge­ment réci­proque entre l’as­so­cia­tion et le béné­vole. Ce docu­ment souligne les valeurs fonda­men­tales auxquelles sous­crivent les Sauve­teurs en Mer. Il précise d’abord en quoi l’as­so­cia­tion s’en­gage envers le béné­vole, puis ce à quoi s’en­gage celui-ci à l’égard de l’as­so­cia­tion. Cet ordre de prio­rité a été voulu par les concep­teurs de cette charte pour signi­fier clai­re­ment que, face à cet enga­ge­ment désin­té­ressé, défini par la loi de 1901 sur le béné­vo­lat, l’as­so­cia­tion a tout d’abord des devoirs envers ses béné­voles, dont celui de les prépa­rer à la mission qui leur est propo­sée par une forma­tion initiale, des forma­tions plus spécia­li­sées, enfin, et surtout, par l’or­ga­ni­sa­tion d’en­traî­ne­ments collec­tifs et régu­liers qu’ils doivent suivre.

Même s’il n’existe pas de contrat de travail, la charte d’en­ga­ge­ment béné­vole à la SNSM consti­tue un enga­ge­ment moral très fort, asso­cié à des respon­sa­bi­li­tés et une hiérar­chie à respec­ter. Sur un navire de sauve­tage, le patron est plei­ne­ment respon­sable. Les respon­sa­bi­li­tés sont donc emboî­tées et parfai­te­ment établies. C’est tout l’es­prit d’équi­page.

Un enga­ge­ment béné­vole dans une asso­cia­tion est-il durable ?

À la SNSM, il existe un âge limite pour être sauve­teur opéra­tion­nel ; au-delà, d’autres fonc­tions de respon­sa­bi­lité sont envi­sa­geables. La durée d’en­ga­ge­ment à la SNSM s’étale actuel­le­ment autour d’une moyenne de cinq à six ans. Ces enga­ge­ments sont à durée limi­tée, ajus­table d’abord par une « période d’es­sai », puis par l’exer­cice d’une mission dont la durée est défi­nie, recon­duc­tible au besoin. 

Comme dans toute grande asso­cia­tion, il importe de songer au renou­vel­le­ment régu­lier des cadres respon­sables béné­voles, toute la dyna­mique asso­cia­tive en dépen­dant. Comment leur donner l’en­vie de s’en­ga­ger eux aussi, sans les effrayer, afin d’ac­cep­ter de hautes respon­sa­bi­li­tés, voire accé­der un jour à la gouver­nance de l’as­so­cia­tion ?

Tel est l’enjeu auquel beau­coup d’as­so­cia­tions françaises sont aujour­d’hui confron­tées, comme vous pouvez le lire dans notre dossier sur l’ave­nir du béné­vo­lat à la SNSM. L’idée d’un enga­ge­ment à durée limi­tée, sur une mission attrac­tive et recon­duc­tible, sans oublier de savoir leur appor­ter de la recon­nais­sance et de les hono­rer de manière appro­priée, consti­tuent déjà des éléments de réponse.

Texte d’An­toine Leroy, Délé­gué pour la vie asso­cia­tive de la SNSM, publié dans le maga­­­­­­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­­­­­­tage n°167 (1e trimestre 2024)