Le moteur du voilier de François Bordes prend feu

François Bordes a réussi à sauver son bateau, le Pilhouë V, victime d’un feu à bord à quai en 2016. Récit.

Voilier à quai
Un feu s'est déclaré sur le « Pilhouë V » alors qu'il se trouvait à quai. © François Bordes

François Bordes est, en 2016, proprié­taire de Pilhouë V, un beau Sun Fizz Jean­neau de 11,75 mètres. Un bateau très bien aménagé et entre­tenu, sur lequel il a beau­coup navi­gué et permis à d’autres de navi­guer, notam­ment dans le cadre d’un club de croi­sière, le Groupe Croi­sière Inter­clubs (GCI).

Le 15 novembre, il arrive seul à Saint-Malo « juste pour remettre le bateau à sa place », après un départ de la Route du Rhum. Ce navi­ga­teur très expé­ri­menté, qui a déjà traversé l’At­lan­tique à la voile, fait tour­ner le moteur diesel au ralenti pour le chauf­fer pendant qu’il va et vient entre sa voiture et le bateau. S’il était resté à bord, aurait-il été alerté par le bruit du démar­reur qui, peut-être – pense-t-il aujour­d’hui –, conti­nuait à fonc­tion­ner alors que le moteur tour­nait ?

Le démar­reur d’un diesel est – avec le guin­deau élec­trique, treuil qui relève l’ancre – le moteur qui appelle le plus de puis­sance élec­trique dans de gros fils, suscep­tibles de surchauf­fer s’ils sont mis sous tension trop long­temps.

Soudain, François voit de la fumée s’échap­per par les grilles d’aé­ra­tion du moteur. Que faire ?  « Je me suis souvenu des préceptes que j’en­seigne dans les brie­fings sécu­rité du club », explique-t-il. Le feu a besoin d’un ou de plusieurs combus­tibles, d’une éner­gie d’ac­ti­va­tion (flamme, étin­celle, chaleur) et d’un combu­rant, l’oxy­gène. C’est le clas­sique « triangle du feu ». « Il faut couper l’oxy­gène », se dit alors le navi­ga­teur. Il ne tente pas d’ou­vrir le capot moteur à l’in­té­rieur du bateau, mais bouche les grilles d’aé­ra­tion exté­rieures avec ses bagages.

Il coupe ensuite le moteur, l’ar­ri­vée de carbu­rant et le circuit élec­trique, puis appelle les pompiers. Ceux-ci, portant des masques à gaz, ouvrent très précau­tion­neu­se­ment le capot et répandent de la mousse sur les points chauds. Mais c’est bien François qui a sauvé le bateau. Le feu était étouffé. La tempé­ra­ture est quand même montée à 400 °C ! Le moteur est bon à chan­ger et Pilhouë V a été à deux doigts de couler : le feu a fait fondre les tuyaux en caou­tchouc qui puisent l’eau de mer sous la ligne de flot­tai­son pour le refroi­dis­se­ment moteur.

Le compartiment moteur du Pilhouë V a été ravagé par un incendie
Le compar­ti­ment moteur du Pilhouë V a été ravagé par un incen­die © François Bordes

Article rédigé par Jean-Claude Hazera, diffusé dans le maga­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­tage n°164 (2ème trimestre 2023)