À la recherche du "Ravenel" en curieuse compagnie

Ce chalu­tier de 35 m reste introu­vable soixante ans après son naufrage. Les sauve­teurs ont parti­cipé aux recherches cet été, accom­pa­gnés d’un drôle d’en­gin : le drone DriX.

La SNS 160 près des côtes
En s’installant sur la "SNS 160 Jaro II", les chercheurs recevaient les informations du drone DriX en direct © Pascal Carrère

Une curieuse machine navi­guait aux côtés de la vedette SNS 160 Jaro II, de la station de Saint-Pierre-et-Mique­lon l’été dernier. Cet engin rouge, aux allures de sous-marin effilé, est un DriX, le nouveau drone de la société française iXblue. Sept mètres de long, six camé­ras, un laser capable de scan­ner à 360° et plusieurs sondes, c’est un outil de haute tech­no­lo­gie. Sa mission ? Loca­li­ser l’épave du Rave­nel, navire disparu il y a soixante ans dans les eaux froides de l’At­lan­tique Nord.

Le 21 janvier 1962, ce chalu­tier de 35 m part pour une semaine de pêche. Cette sortie anodine tourne au drame : le navire et ses quinze marins ne revinrent jamais au port. Le poids de la glace causée par une tempé­ra­ture enre­gis­trée à - 11 °C pour­rait avoir fait couler à pic le navire. Impos­sible de véri­fier cette hypo­thèse sans épave. Le bateau n’a pas envoyé de signal de détresse, ce qui rend ardue la loca­li­sa­tion des débris.

Plus effi­cace qu’un plon­geur

À l’été 2021, Annick Girar­din, alors ministre de la Mer, impulse des recherches pour trois ans. Une victoire pour les familles des victimes, qui les récla­maient depuis de longues années. Fille d’un marin pêcheur ayant navi­gué sur le navire, la ministre voit le drone comme une oppor­tu­nité de retrou­ver l’épave. « Il détecte les anoma­lies des fonds marins », précise Enrique Perez, président de la station de Saint-Pierre et-Mique­lon. Navi­guant à 14 nœuds, il est plus effi­cace que n’im­porte quel plon­geur.

La SNS 160 Jaro II a accueilli les experts de la direc­tion des terri­toires, de l’ali­men­ta­tion et de la mer (DTAM) tout l’été 2022 lors des recherches. « Nous avons été solli­ci­tés à cinq ou six reprises pour sécu­ri­ser le drone », raconte Enrique Perez. Plusieurs anoma­lies ont été repé­rées et analy­sées dans les 600 km² de fonds marins explo­rés, mais Le Rave­nel reste introu­vable.

Article rédigé par Rémy Videau, diffusé dans le maga­­­­zine Sauve­­­­tage n°162 (4ème trimestre 2022)