La SNSM et TotalEnergies testent un biocarburant moins polluant

Des essais d’un nouveau combus­tible ont été réali­sés sur la vedette Penn Sardin de la station SNSM de Douar­ne­nez. Il vise à réduire de 18 % les rejets de CO2 des moteurs marins qui équipent les navires de moins de 30 mètres de long.

Marcel Lagadec, mécanicien de la station de Douarnenez, participe aux tests sur la SNS 153
Marcel Lagadec, mécanicien de la station de Douarnenez, participe aux tests sur la "SNS 153" © Franck Jourdain

Des perfor­mances supé­rieures aux prévi­sions. C’était, à la fin de l’été 2023, le premier ensei­gne­ment de l’es­sai d’un carbu­rant mêlant 70 % de gazole pêche1 à 30 % de biofioul sur la vedette SNS 153 Penn Sardin, de la station SNSM de Douar­ne­nez (Finis­tère), d’une longueur de 14,80 mètres.

Baptisé GOPbio30, ce carbu­rant a été déve­loppé par Ysblue, branche de Tota­lE­ner­gies – mécène de la SNSM via Tota­lE­ner­gies Foun­da­tion. L’en­tre­prise s’est asso­ciée à la Coopé­ra­tion Mari­time – qui regroupe l’es­sen­tiel des coopé­ra­tives mari­times – et à la station SNSM de Douar­ne­nez. La mise au point de ce carbu­rant s’ins­crit dans le cadre d’un projet de recherches visant à réduire de 18 % les rejets de dioxyde de carbone (CO2) des moteurs des navires de moins de 30 mètres de long, alimen­tés au gazole pêche.

Avec ce carburant, le moteur fume moins et ne consomme pas plus, voire un peu moins qu’avec du gazole pêche. En fait, nous nous attendions à une consommation légèrement supérieure car ce carburant a un pouvoir calorifique - l’énergie dégagée sous forme de chaleur par la combustion - un peu moindre que le gazole, mais cela peut aussi venir du nettoyage du moteur auquel nous avons procédé pour cette opération.
Jean-Loup Thivet
Directeur général du distributeur breton de carburants marins Ysblue et bénévole à la SNSM

Un problème : les bacté­ries dans le réser­voir

L’as­so­cia­tion biocar­bu­rant-gazole n’est pas nouvelle. Cela se pratique, par exemple, dans le bâti­ment. Mais elle peut être plus déli­cate en milieu marin, car les biocar­bu­rants sont plus sensibles que le gazole à l’hu­mi­dité de l’air, qui favo­rise le déve­lop­pe­ment de bacté­ries. Ces dernières peuvent alté­rer le fonc­tion­ne­ment du moteur, ou même entraî­ner son arrêt. Le carbu­rant testé sur la SNS 153 Penn Sardin comporte donc un addi­tif destiné à augmen­ter la stabi­lité et l’ef­fi­ca­cité du mélange, ainsi que la propreté du moteur.

La SNS 153 réunit toutes les condi­tions pour mener ces essais sans risque. Ses deux moteurs Iveco de 500 chevaux sont âgés et doivent être rempla­cés prochai­ne­ment. La vedette dispose aussi de deux cuves à gazole. Après nettoyage complet, le moteur tribord a été alimenté au GOPbio30 pendant au moins six semaines, tandis que celui de bâbord tour­nait au gazole pêche. De quoi faire des compa­rai­sons : chaque moteur a été équipé par Tota­lE­ner­gies d’une dizaine de capteurs, qui trans­mettent des données en temps réel pour analyse. Au terme de cette première période d’es­sais, le proces­sus a été inversé. Le moteur bâbord est passé au GOPbio30 et celui de tribord au gazole pêche.

L’ex­pé­rience, inté­gra­le­ment finan­cée par Tota­lE­ner­gies, devait permettre de réali­ser au moins quatre-vingt-dix heures d’es­sais.

«  Nous avons deux moteurs. Ces essais ne risquaient donc pas de mettre en cause nos missions de sauve­tage. À l’is­sue de l’ex­pé­rience, les perfor­mances se sont avérées iden­tiques, souligne Hervé Plou­hi­nec, patron de la SNS 153. Nous sommes tous convain­cus par l’as­pect envi­ron­ne­men­tal. Si ce carbu­rant est adopté par la SNSM, ce sera très bien, et encore mieux si le monde de la pêche suit le mouve­ment.  »

Prochaine étape probable : des essais sur un chalu­tier de 17 mètres de long. Si Tota­lE­ner­gies déci­dait de commer­cia­li­ser ce carbu­rant, il lui reste­rait à le faire homo­lo­guer par les construc­teurs de moteurs ; un proces­sus qui peut durer deux à cinq ans.

1– Gazole de qualité supé­rieure, utilisé par tous les navires équi­pés de moto­ri­sa­tions diesel.

 Article rédigé par Domi­nique Malé­cot, diffusé dans le maga­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­tage n° 166 (4e trimestre 2023)