« On lui a sauvé la vie » : un triathlète fait un arrêt cardiaque, les sauveteurs interviennent

Un spor­tif de 27 ans a été victime d’un arrêt cardiaque pendant un triath­lon dans les Landes, le 22 octobre 2023. L’in­ter­ven­tion rapide des nageurs sauve­teurs de la SNSM a permis de le sauver. 

Sportifs en combinaison courant dans l'eau lors d'une épreuve de Triathlon
Le triathlète a fait un arrêt cardiaque lors de la transition entre l’épreuve de nage et celle de cyclisme © Jules Claudel

Quelque 1 500 athlètes, trois triath­lons pour adultes, une course de charité, une épreuve pour enfants… Pour sa première édition, le Chal­lenge Vieux Boucau a vu les choses en grand. L’évé­ne­ment, orga­nisé les 21 et 22 octobre 2023, accueille des parti­ci­pants de renom, comme Dorian Coninx, cham­pion du monde de triath­lon courte distance. Pour les compé­ti­teurs, la course est aussi l’oc­ca­sion de décou­vrir les Landes et ses magni­fiques paysages. 

Le centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) Côte Basque – Landes est chargé d’or­ga­ni­ser le dispo­si­tif prévi­sion­nel de secours (DPS). Face à l’am­pleur de l’évé­ne­ment, des béné­voles sont venus en renfort de Château­roux, La Rochelle et Angers pour les épau­ler. Les secou­ristes sont répar­tis en équipes sur l’en­semble du parcours. Ils peuvent commu­niquer par radio avec le poste de secours, d’où Magda­lena Salla­berry, direc­trice du CFI, coor­donne le dispo­si­tif.

Un homme est tombé de son vélo

Les sauve­teurs doivent être vigi­lants et prêts à inter­ve­nir à tout moment. Nahia et sa binôme sont postées à terre, à l’en­droit où les nageurs sortent de l’eau pour enfour­cher leur vélo. Soudain, elles apprennent qu’un parti­ci­pant est tombé de vélo 70 mètres plus loin.

« Il était allongé dans l’herbe, il avait la tête enfoncée entre ses bras et respirait très fort. »
Nahia
Nageuse Sauveteuse à la SNSM

La sauve­teuse prévient aussi­tôt le poste de secours par radio, pendant que sa collègue commence à s’oc­cu­per du triath­lète. Sa chute n’a pas été violente, mais son état s’ag­grave. « Il avait le regard vitreux et est tombé incons­cient, raconte la sauve­teuse. J’ai lâché la radio et suis allée immé­dia­te­ment prêter main-forte. » L’homme a les yeux fermés et ne répond plus aux secou­ristes. Il est inca­pable de parler ou même de leur serrer la main. 

Les sauve­teuses contrôlent alors sa respi­ra­tion, qui s’af­fai­blit dange­reu­se­ment. « Son ventre ne se soule­vait plus, je ne sentais plus d’air sur ma joue, détaille Nahia. J’ai bien attendu dix secondes car j’avais peur de me trom­per, mais il ne respi­rait plus.  » Le triath­lète est en train de faire un arrêt cardiaque, proba­ble­ment dû à une hypo­ther­mie lors de la tran­si­tion entre les épreuves de nata­tion et cycliste. Les béné­voles en informent le poste de secours par radio et commencent la réani­ma­tion sans tarder.

Douze minutes d’ar­rêt cardiaque

Nahia entame le massage cardiaque. Dans le même temps, une bouteille d’oxy­gène et un défi­bril­la­teur sont prépa­rés par ses équi­piers. « J’ai effec­tué les deux premiers cycles de massage [une alter­nance de trente compres­sions thora­ciques et deux insuf­fla­tions d’oxy­gène, ndlr], relate la Basque. Un sauve­teur qui venait d’ar­ri­ver faisait le bouche-à-bouche car la bouteille n’était pas prête.  »

Des spec­ta­teurs se regroupent autour de la victime. « L’at­mo­sphère était très oppres­sante en raison de la gravité de la situa­tion, se souvient la sauve­teuse. Je ne réali­sais pas trop car j’étais concen­trée. J’ai tout fait méca­nique­ment.  » Pour que le massage cardiaque soit le plus effi­cace possible, les sauve­teurs se relaient envi­ron toutes les deux minutes.

Pendant ces cycles, les béné­voles écoutent le défi­bril­la­teur, qui suit l’état de la victime grâce aux élec­trodes posées sur son torse. À trois reprises, il délivre un choc élec­trique au compé­ti­teur. Le dernier est le bon. Le jeune triath­lète respire de nouveau, au grand soula­ge­ment de tous les sauve­teurs et obser­va­teurs présents. L’ar­rêt cardiaque aura duré douze longues minutes. 

« J’étais sonnée, je ne parlais pas beau­coup »

Nahia et son équipe surveillent désor­mais l’état du spor­tif en atten­dant les pompiers. Quelques minutes plus tard, il est trans­porté en héli­co­ptère vers l’hô­pi­tal de Bayonne. «  On nous a dit qu’on lui avait sauvé la vie, confie Nahia avec rete­nue. On est assez fiers de nous, même si on a eu du mal à réali­ser.  » Grâce à la prise en charge rapide et à la bonne exécu­tion du massage, le concur­rent de 27 ans n’aura pas de séquelles.   

Ce moment intense passé, les sauve­teurs reprennent leur poste de surveillance pour le reste du triath­lon. Ils commencent alors à réali­ser. « J’étais sonnée dans l’après-midi, c’était le contre­coup, recon­naît Nahia. Je ne parlais pas beau­coup et je restais dans mon coin. » Quelques heures seront néces­saires pour que tout le monde reprenne ses esprits et se rende compte de l’im­por­tance de leur geste : selon l’hô­pi­tal euro­péen Georges-Pompi­dou, 40 000 personnes succombent à un arrêt cardiaque chaque année en France. 

« Les DPS peuvent sauver des vies »

Matthieu Coudreuse, méde­cin urgen­tiste, réfé­rent de la SNSM dans les Landes et les Pyré­nées-Atlan­tiques

« Les cas de mort subite chez le jeune spor­tif sont rares. Mais ils arrivent. Un effort extrê­me­ment intense peut provoquer un infarc­tus ou accen­tuer une lésion préexis­tante. Dans ce genre de situa­tion, le plus impor­tant est que le cœur reçoive un choc élec­trique le plus vite possible et que le cerveau reste irri­gué pour éviter les lésions céré­brales. C’est ce qu’il s’est produit ici, grâce à la prise en charge rapide par les sauve­teurs, qui se sont relayés au massage cardiaque. Les dispo­si­tifs prévi­sion­nels de secours (DPS), avec des jalons tout le long d’une épreuve spor­tive, peuvent sauver des vies. Nous en avons eu la preuve avec ce triath­lète. » 
 

Nos sauve­­teurs sont formés tous au long de l’an­née pour effec­tuer ce type de secours.  Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Propos recueillis par Rémy Videau, publié dans le maga­­­­­­­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­­­­­­­tage n°167 (1e trimestre 2024)