Une sortie d’avant-saison qui tourne au drame

Un jeune homme et une jeune femme ont été éjec­tés d’un semi-rigide dans une mer encore froide. Lui a été sauvé de justesse, elle n’a pas eu cette chance. Ni l’un ni l’autre ne portait de vête­ment de flot­ta­bi­lité.

Le canot tous temps SNS 084
Le canot tous temps "SNS 084 Président Louis Bernard" est intervenu au large de la pointe de la Gournaise après que deux occupants d'un semi-rigide aient été éjectés par une forte vague © Rodrigue Laurent

Pas un nuage en ce début d’après-midi du 9 avril 2022 à l’île d’Yeu. Un vent modéré de force 3 souffle du nord-ouest, avec une houle rési­duelle héri­tée du mauvais temps des derniers jours. Trois tren­te­naires embarquent sur le Black Bird, un semi-rigide de 7,60 mètres. Un bon bateau pour navi­guer dans ces condi­tions. Sauf que la mer est encore froide, à 11 °C, et que seul le barreur porte un VFI – ou vête­ment de flot­tai­son indi­vi­duel.

Tout va bien jusqu’à ce que le Black Bird rencontre une vague plus forte que les autres en passant au-dessus de l’une des nombreuses roches immer­gées qui tapissent le fond à la pointe de la Gour­naise, au nord de l’île. Le choc est très violent. Le bateau tient bon et ne se retourne pas, mais les deux occu­pants qui ne portent pas de VFI sont éjec­tés. Resté aux commandes, le troi­sième, choqué, parvient à appe­ler les pompiers par télé­phone mobile.

Le Codis 85 (centre opéra­tion­nel dépar­te­men­tal d’in­cen­die et de secours de Vendée) n’a pas de sauve­teurs dispo­nibles et informe le CROSS Étel, qui diffuse aussi­tôt un message de détresse. Le navire à passa­gers Ogia l’in­ter­cepte et fait route vers le semi-rigide. Le CROSS Étel active alors l’hé­li­co­ptère de la Sécu­rité civile Dragon 17, avise le SAMU mari­time puis engage le canot tous temps SNS 084 Président Louis Bernard de la station de l’île d’Yeu.

Celui-ci appa­reille en quatre minutes, avec à bord un méde­cin et deux nageurs sauve­teurs SNSM, dont un pompier. Au même moment, l’Ogia repère l’homme tombé à l’eau, mais ne peut pas s’en appro­cher et reste sur zone en veillant aussi sur le semi-rigide. Le SNS 084 arrive, aborde le Black Bird et embarque son occu­pant, toujours en état de choc. Des sauve­teurs prennent sa place à bord pour aller cher­cher le naufragé, qu’ils trans­fèrent, conscient mais en hypo­ther­mie sévère, sur le SNS 084, avant de récu­pé­rer, trois minutes plus tard, la jeune femme, en arrêt cardio-respi­ra­toire. Ils la trans­fèrent sur le canot, qui regagne au plus vite le port tandis que les sauve­teurs tentent de la rani­mer.

Rejoints à quai par un deuxième méde­cin de l’île d’Yeu, ils pour­suivent leurs efforts pendant près d’une heure. Sans résul­tat. Pour sa part, le naufragé en hypo­ther­mie est trans­féré vers l’hô­pi­tal de La Roche-sur-Yon par l’hé­li­co­ptère du SMUR 85, tandis que, toujours en état de choc, le barreur du Black Bird est hospi­ta­lisé à l’île d’Yeu.


L’ana­lyse d’Éric Taraud, président de la station de l’île d’Yeu

« Le port d’un gilet de sauve­tage est indis­pen­sable en toutes circons­tances, même sur une annexe ! Seul le barreur du semi-rigide en portait. Si la femme avait été équi­pée, elle aurait pu garder la tête hors de l’eau, explique Éric Taraud, président de la station SNSM de l’île d’Yeu. La tempé­ra­ture de l’homme que nous avons repê­ché était tombée à 30 °C. » Le VFI lui aurait peut-être permis d’éco­no­mi­ser ses forces. On peut aussi penser qu’un appel direct au 196 aurait fait gagner quelques minutes. Surtout, « il faut bien connaître les lieux avant de s’y aven­tu­rer. C’est une zone très dange­reuse, avec beau­coup de roches proches de la surface. En moyenne, nous déplo­rons un noyé tous les deux ans dans ce secteur. Une raison de plus pour porter un VFI en toutes circons­tances. »

Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois ! 


Équi­page engagé

Canot tous temps SNS 084 Président Louis Bernard

Patron : Éric Taraud

Méca­ni­cien : Alexis Martin

Radio : Chris­tian Rafin

Nageur sauve­teur : Fabien Ricol­leau

Équi­piers : Teddy Bigaud, Didier Martin

Méde­cin : Pierre Viguier


Article rédigé par Domi­nique Malé­cot, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°160 (2ème trimestre 2022)