Magdalena Sallaberry, directrice du centre de formation et d’intervention Côte basque - Landes

Géné­reuse de son temps donné à cent pour cent, Magda­lena Salla­berry est, depuis 2020, la direc­trice du centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) Côte basque – Landes. La parti­cu­la­rité de ce CFI est qu’il forme de nombreux nageurs sauve­teurs qui exercent bien souvent leurs quali­fi­ca­tions dans des postes landais ou basques tenus par d’autres orga­ni­sa­tions de secours aux baigneurs.

Magdalena Sallaberry fait partie des trois femmes directrices de centre de formation et d’intervention à la SNSM.
Magdalena Sallaberry fait partie des trois femmes directrices de centre de formation et d’intervention à la SNSM. © Alexis Haton

« C’est mon grand-père qui m’a appris à nager à Socoa, dans la baie de Saint-Jean-de-Luz, se rappelle Magda­lena Salla­berry. Je n’étais pas bien grande. » Depuis, elle n’a cessé de nager. Pour son plai­sir d’abord. Pour la sécu­rité des autres ensuite. En 2006, elle s’ins­crit un peu par hasard au centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) Côte basque – Landes, l’un des trente-trois CFI déployés par la SNSM sur l’en­semble du terri­toire, jusqu’à Nancy ou Mont­bé­liard. Venue pour y prépa­rer le permis côtier, Magda­lena attrape le « virus SNSM ». La voilà bien­tôt nageuse sauve­teuse, l’une des pion­nières dans ce milieu alors très mascu­lin, puis forma­trice aux « sorties en mer ». La forma­tion s’in­ti­tule désor­mais « surveillance et sauve­tage aqua­tique sur le litto­ral » (voir plus loin), et consti­tue un temps fort de la forma­tion des nageurs sauve­teurs (NS).

En 2015, elle devient direc­trice adjointe et, cinq ans plus tard, elle est nommée direc­trice. «  Ici, pour­suit Magda­lena, 33 ans, depuis notre base sur la rive gauche de l’es­tuaire de l’Adour, qui abrite le port de commerce de Bayonne, nous formons quelque dix-huit nageurs sauve­teurs. Dont la part fémi­nine ne cesse de gran­dir : 39 % cette année !  » Mais Magda­lena tient à raison garder : « Nous sommes un petit CFI en matière d’im­pact local. Si les gens d’ici connaissent bien la SNSM pour ses stations de sauve­teurs embarqués, la noto­riété de notre CFI reste limi­tée. » Pour­tant, il compte près de soixante béné­voles, dont une ving­taine de forma­teurs et 20 % de femmes, qui donnent géné­reu­se­ment de leur temps à l’or­ga­ni­sa­tion des stages de mer desti­nés prin­ci­pa­le­ment aux stagiaires de CFI métro­po­li­tains, pour juger l’ap­ti­tude des nageurs.

Pour se former à la réalité, ils ont besoin des plages du sud ouest et de se confron­ter aux pièges qu’elles tendent aux baigneurs : lames de bord, trains de vagues, rouleaux puis­sants, courants de baïnes… Ces stages s’éche­lonnent d’oc­tobre à décembre, puis de mars à mai. « Rien dans le creux de l’hi­ver, s’amuse Magda­lena. Ça caille trop ! »

Trou­ver vite de nouveaux locaux

Petit – toutes propor­tions gardées –, le CFI, situé à Anglet et à la limite avec Bayonne, reste pugnace et lutte contre bien des contraintes. « Il nous faut trou­ver vite de nouveaux locaux, signale sa direc­trice. Propriété du port de commerce de Bayonne, les nôtres, qui abritent aussi les sauve­teurs embarqués, sont désor­mais clas­sés insa­lubres. La mairie nous a proposé des salles de réunion, mais nous devons encore trou­ver où ranger notre maté­riel. Avec le délé­gué dépar­te­men­tal, nous cher­chons une autre solu­tion. » Autre diffi­culté : les tradi­tions locales de la surveillance des plages.

Elles ne laissent guère de place aux postes SNSM. Depuis les premiers bains de mer, attes­tés dès 1784, les plages, d’Hen­daye à Biscar­rosse, disposent de maîtres-nageurs atti­trés. Au Pays basque, chaque muni­ci­pa­lité a son asso­cia­tion de nageurs sauve­teurs.

Elles ont souvent des noms suran­nés, qui fleurent bon le XIXe siècle. Ainsi, à Anglet, ce sont les Guides de bain angloys. Dans le dépar­te­ment des Landes, les muni­ci­pa­li­tés côtières ont choisi de fédé­rer tous leurs postes de surveillance des plages. « Dans l’un comme dans l’autre de ces dépar­te­ments, explique Magda­lena, les nageurs sauve­teurs suivent souvent les forma­tions de la SNSM, qui en supporte donc large­ment le coût 1, mais œuvrent sous d’autres couleurs. C’est un peu frus­trant de ne pouvoir les déployer dans nos postes, sous nos couleurs. Mais c’est ainsi. » Paysa­giste de forma­tion, elle a pour projet de chan­ger vie : elle prépare actuel­le­ment le concours de la police muni­ci­pale. Une femme d’ordre.

Article rédigé par Patrick Moreau, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°157 (3e trimestre 2021)

1 – La forma­tion d’un NS revient à 6 000 €, dont 5 000 suppor­tés par la SNSM et 1 000 par le futur NS, qui voit dans cette forma­tion un atout pour se struc­tu­rer, un job d’été et une ligne précieuse sur un CV.

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Convi­via­lité et soli­da­rité, des compo­santes clés de l’ADN SNSM. © Léo Joachim

Ses chiffres clés

  • 14/02/1988 : nais­sance de Magda­lena Salla­berry à Saint-Jean-de-Luz.
  • Douze ans : nombre d’an­nées durant lesquelles elle a effec­tué la surveillance des plages.
  • 2005 : elle passe le permis bateau, ainsi que le BNSSA, puis intègre la SNSM l’an­née suivante.

La place des femmes à la SNSM

D’oc­tobre 2020 à janvier 2021, la SNSM a parti­cipé à une enquête menée par l’In­ter­na­tio­nal Mari­time Rescue Fede­ra­tion, sur la place des femmes dans les orga­ni­sa­tions de sauve­tage. Près de mille cinq cents réponses ont été récol­tées, dont cent cinquante des Sauve­teurs en Mer (cent vingts sauve­teuses et trente en poste à terre).

Exami­nons les chiffres SNSM :

  • Pour 22 % des répon­dantes, leur plus gros chal­lenge est de se faire accep­ter et respec­ter en tant que femme auprès des sauve­teurs et des usagers, dans un milieu mascu­lin, et de se sentir à la fois capable et légi­time face à des situa­tions parfois complexes.
  • Trois points posi­tifs ressortent de l’ex­pé­rience SNSM : 29% des sondées prônent l’es­prit d’équipe et les rela­tions humaines ; 15% l’ap­pren­tis­sage de nouvelles choses, le dépas­se­ment de soi et la respon­sa­bi­li­sa­tion ; et 13% l’aide aux personnes en diffi­culté.
  • En matière de discri­mi­na­tion, 44% n’en ont pas ressenti, 37% ne se sont pas pronon­cées et 19% en ont déjà été victimes (néces­sité de prou­ver sa crédi­bi­lité et ses compé­tences dans un univers mascu­lin).
  • Moins de 8% des inter­ro­gées ont ressenti une résis­tance de la part de leurs proches à leur annonce de deve­nir sauve­teuse et les ont majo­ri­tai­re­ment igno­rées.
  • Les sauve­teuses SNSM, à 27%, encou­ragent les femmes à se lancer dans l’aven­ture : « Foncez ! Il ne faut pas se soucier de l’avis des autres mais croire en ses capa­ci­tés. L’im­por­tant est la moti­va­tion. Ce n’est pas réservé aux hommes. »

Comment deve­nir sauve­teuse ?